un froissement d’aile
sans avertissement
l’oiseau se heurte aux carreaux de la fenêtre
son bec ses griffes
martèlement
chaque mur vert offre un voyage
le grain velouté du papier peint
la fraîcheur
les rouges de la toile où s’allonge le cerf
un paysage
une ouverture
un leurre parfait dans sa joie
alors que tu me regardes dormir
***
des sentiers tracés par nos pas
d’autres refuges peut-être
ton rire me suffit
ton rire et l’univers qu’il donne au jour
des prairies à traverser
pour revenir à la chambre verte
au papier peint gravé de nos noms
au doré au vert moussu de la glaise
tu chantes
et dans mon rêve tu parles aux grands cerfs
tu souris en levant la main
***
je veux t’atteindre
le soleil de l’est t’arrime au matin
mais ma jambe contre la tienne n’ose pas
pas encore
vague et ressac
les draps impuissants et frêles
le temps que la marée nous ramène au réveil
l’eau vire au pourpre
hors de mes bras tu deviens chasseur
tu deviens ce corbeau occupé par le ciel
chargé des vents du large
et je reste pieds nus bras levés
plongeant dans l’étang de la chambre
France Mongeau, La chambre verte / Estancia de verde, Écrits des Forges et Mantis Editores, 2006, p. 72, 114, 126.