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Créer un personnage réel à partir d’un être inanimé ou d’une abstraction.
J’ai longtemps cru que les bateaux voguaient par deux
mais il en est qui dorment seuls
dans le fond des estuaires
Ce n’est ni le froid ni la rouille qui les tourmentent
tu n’as pas eu le temps de me dire
la forêt des anciens et nos coutumes
perdue entre la route rouge
et l’autoroute blanche
celle de béton plutôt que de lichen
C'est la fin de l'été
et les familles ne partent peut-être plus
mais on t'invite quand même à la fête
comme à toutes les années
le vent se lève au matin
le fleuve reflète le soleil
Je ne me souviens pas toujours
D’où je viens
Dans mon sommeil,
Mes rêves me rappellent
qui je suis
jamais mes origines
ne me quitteront.
crépuscule aussi lent
qu’une peine d’amour
rivière lape ses vagues
contre quai
s’arrête pour un long sommeil
gris et long
soleil s’enfonce
je lis que certaines mésanges
naissent bleues avec une définition de l’amour glissante
qu’elles savent décapsuler les bouteilles de bière
et qu’elles vivent dans les forêts
Aujourd'hui, la mer toute proche
éclabousse la fenêtre.
J’écris « aujourd’hui » à la date du jour,
dans mon agenda, pour bien marquer l’instant.
Je crois perdre la mémoire.
La nuit je parle trois langues et demie
le français l’anglais le portuguais
et le biscuit chinois
(je mange aussi le papier dans le biscuit pour que le message passe)
la nuit porte conseil
le lac empeste
s’impose contre les paupières
dissout les gueules encore vives
je n’ouvre pas les yeux
on me parle de corps morts je pense aux arbres
ces estropiés
Toi qui chante Ô Canada
Sur un territoire endeuillé
Toi qui n’entends pas les plaintes
Les cris de rage, les pleurs cachés
Qui ne sens que le vent coupant
Sur cette terre stérile
Ma mère m’a portée dans un ventre
jeune et ferme que je ne
reconnais pas
j’oublie aussi vite
que j’assimile
on dit tu n’écoutes pas
tout fond comme un buvard
quand on pousse la porte
quand on sort enfin de l’ombre
collée à la peau
on trouve sous nos pas
ce qu’il faut de clarté pour avancer
l’espace est immense
Grande main qui pèse sur nous
grande main qui nous aplatit contre terre
grande main qui nous brise les ailes
grande main de plomb chaud
tu es mon amour
ma clameur mon bramement
tu es mon amour ma ceinture fléchée d’univers
ma danse carrée des quatre coins d’horizon
le rouet des écheveaux de mon espoir
tu es ma réconciliation batailleuse
tout s’incarne difficilement en moi alors que je voudrais surtout écrire de beaux mots, en rose saumoné, et m’en faire des costumes dans lesquels je disparaîtrais enfin, reproduction de cette petite fille noyée sous les manteaux de fourrure des…
Tu t’appuies contre la porte devant moi,
Grand, non rasé, bras ballants,
Un sac de voyage trop ample à tes pieds.
Je fixe la planche à repasser, incapable
Antichambre 4
un froissement d’aile
sans avertissement
l’oiseau se heurte aux carreaux de la fenêtre
son bec ses griffes
martèlement
La faim me réclame, la faim incommensurable,
la faim excitée par le flottement continu
des étoiles. Elle vient, ma faim, empourprer
mes veines afin de dessiner le bonheur
après la tristesse. Mais le bonheur comme
dans la chambre
porte entrebâillée
un courant d’air
nous rassemblons
nos cailloux
nos vêtements
nos incarnations
— dans nos poches
des miettes de pain
j’éteins les sources d’images, j’éteins les chutes, j’éteins les arbres, j’éteins les crayons sur la table, j’éteins l’eau dans l’évier et la lumière par la fenêtre / j’allume la chaleur autour des corps, j’allume les petits poumons invisibles…
Des pansements à terre / du sang sur les parois / des douleurs aphones dans la chaleur des crèmes réparatrices et des huiles de massage / cicatrices veuves de bandage / le projecteur noir de la mort s’ouvre sur une fesse pliée et tendue / un rond…
Prends la route qui mène vers l’appartement où tu es née – à ton arrivée tu remarques la porte rouge ouverte tu montes les escaliers reconnais les pièces où tu as grandi la chambre de tes commencements tes mains allègres emballent ta…
Des lignes de craie blanche
Sur le trottoir tracées
Dessinent clairement
Le corps de la danseuse tuée
Au delà des nuages
En dépit des ordres contraires
De la mort sévère
la cruauté de la vase la rivière
jusqu’aux genoux ça passait
à courant rapide
ça passait la main sur la bouche comme ça
à même la source un peu plus limace
à chaque respiration un peu plus floppée
Ce matin, je me lève avant toi comme tous les matins pour ma tasse de silence. Les barrières tombent toutes. Je voyage — cinq outardes fendent les eaux.
Je viens comme une mante religieuse
dévorer le sur-mâle le héros le surhomme
et aspirer ta hache de guerre ô omme
j’ai la démarche effrontée des pécheresses
mes vastes hanches sont les berceaux
Les fleurs ne s’attendent à rien. Je les arrose quand même tous les matins. Le geste suffit.
Un jour viendra où je n’aurai besoin de rien.
L’ensemble de mon avoir pourra tenir dans une seule phrase.
je voudrais voir la mer
un jour d’été je rêve
de roches sur la terre
d’outardes sur le gazon
c’est beau en bicyclette croiser
des écureuils blancs
c’est beau
la pluie tombe
l’avenir voit rouge
nous repartons vers nos terres
pas à pas
tachés du sang de nos ancêtres
les pas perdus s’évadent du feu sacré
c’est là que les jeunes reforment le cercle
il se passe trop de choses tranquilles
dans ma tasse
pour que je puisse toutes les remarquer
le lait dans mon thé présente son numéro d’hypnose
Mon sexe est une blessure liquide
une armée de solitudes se dresse en moi
je suis d’albâtre et d’agave
des eaux charrient
des misères océanes
plus vieilles que moi
Entre Ottawa pis Montréal,
entre la métropole pis la capitale,
entre des 9 à 5 comme des cercueils,
avec les foremen qui t’ont à l’œil,
entre les papiers du bien-être
pis leur formule mal de tête,
Tu réveilles en moi des souvenirs confus.
Je t’ai vu, n’est-ce pas? moins triste et moins modeste.
Ta tête sous l’orage avait un noble geste,
du voyage dont je reviens je ne ramène ni souvenirs ni photographies
juste une évidence
j’ai revécu la création de l’univers et l’évolution de toutes les espèces
Un jour j…
Soleil, je t’adore comme les sauvages,
à plat ventre sur le rivage.
Soleil, tu vernis tes chromos,
Je t’écris pour te dire que je t’aime
que mon cœur qui voyage tous les jours
— le cœur parti dans la dernière neige
Je t’ai dit :
— Écoute le silence sous les colères flamboyantes
La voix de l’Afrique planant au-dessus de la rage des canons longs
Est-ce déjà l’heure
Ma tendre peur
Est-ce l’heure l’heure
Loin des grands rochers noirs que baise la marée,
La mer calme, la mer au murmure endormeur,
Au large, tout là-bas, lente s’est retirée,
Je suis un pâle enfant du vieux Paris, et j’ai
Le regret des rêveurs qui n’ont pas voyagé.
Au pays bleu mon âme en vain se réfugie,
Dans l’herbe noire
Les Kobolds vont.
Le vent profond
Le moulin tourne au fond du soir, très lentement,
Sur un ciel de tristesse et de mélancolie,
Il tourne et tourne, et sa voile, couleur …
Ah ! la belle pleine Lune,
Grosse comme une fortune !
La retraite sonne au loin,