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Demain on va à l'aquarium. Dodo maintenant!
Je battais des nageoires,
Tu faisais des bulles.
Dans nos pyjamas identiques.
*
Sous les couvertures,
La fenêtre de ma chambre
donne sur un jardin magique
rempli de fleurs qui fond
la grimace aux moustiques.
Il suffit de bien ouvrir
le coeur, les volets, les oreilles
des gouttes de pluie sur mes joues
j’ai levé mon visage vers le ciel
porteur de promesses
un petit oiseau vêtu de soleil
a défié les nuages
avant même sa disparition
j'avais compris que dès que la tristesse ou la colère
devient grosse comme un ballon de kinball
il faut penser à autre chose
alors je rebondis
je lis que certaines mésanges
naissent bleues avec une définition de l’amour glissante
qu’elles savent décapsuler les bouteilles de bière
et qu’elles vivent dans les forêts
Je ne vous suis plus je ne vous suis plus dévoué je ne vous suis plus fidèle j'erre à ma guise enfin hors des sentiers bénis j'erre aux confins de ma vie j'aime aussi
tu es mon amour
ma clameur mon bramement
tu es mon amour ma ceinture fléchée d’univers
ma danse carrée des quatre coins d’horizon
le rouet des écheveaux de mon espoir
tu es ma réconciliation batailleuse
un froissement d’aile
sans avertissement
l’oiseau se heurte aux carreaux de la fenêtre
son bec ses griffes
martèlement
il y a des femmes capables de lire la noirceur
elles apparaissent mobiles en pleine beauté
debout dans l’instant
au cœur flexible d’un territoire
les femmes seules en région
au matin le même tiraillement
le même hibou momifié dans la poitrine
une soif lancinante la tenaille
ça enfle et monte
se loger dans les capillaires
dans les villosités
à la racine des cheveux
j’éteins les sources d’images, j’éteins les chutes, j’éteins les arbres, j’éteins les crayons sur la table, j’éteins l’eau dans l’évier et la lumière par la fenêtre / j’allume la chaleur autour des corps, j’allume les petits poumons invisibles…
et la chevelure plus longue que tourment cette chevelure chevaline coup d’épaule de rein tour de cou de bras tu danses à côté tu sautes hennis tu marches galopes tu regardes l’estrade la scène les yeux par milliers figés je dis : the eyes!…
la cruauté de la vase la rivière
jusqu’aux genoux ça passait
à courant rapide
ça passait la main sur la bouche comme ça
à même la source un peu plus limace
à chaque respiration un peu plus floppée
Nous nous ossifions comme un béluga. Une expérience de soleil privé. Ce qui réduit l’élan de l’oubli. Il nous revient de tout recommencer. Comme si la personne ne se marcottait pas, elle aussi.
Ce matin, je me lève avant toi comme tous les matins pour ma tasse de silence. Les barrières tombent toutes. Je voyage — cinq outardes fendent les eaux.
Je viens comme une mante religieuse
dévorer le sur-mâle le héros le surhomme
et aspirer ta hache de guerre ô omme
j’ai la démarche effrontée des pécheresses
mes vastes hanches sont les berceaux
Préférer écrire la topographie toute pittoresque du
troisième rang. Dire exactement, décrire la grange
Les limaces vivent en troupeau
Dans une traînée de vie
Le geste lâche et plat
Elles mangent le quotidien
D’un état de peu à peu
Sans début ni faim
Leurs cours sans jardins
mes parents cassent parfois des verres
ils sont tous les deux d'humeur fragile
moi je ne casse pas grand-chose
comme la vaisselle
qui prend les marques du temps
ma gorge se fissure parfois
Je suis revenu des grands jardins
des chemins de sel
aux horizons transparents
Ici-bas j’ai hurlé
dressé le songe sous des carapaces d’or
Le cristal a gémi dans ma poitrine
L’un et l’autre papillon éléphant sont trompés
Voyageurs votre train est plus long que le quai
Comment descendre de là trouver la voie la pente
Assez douce pour la vie et même à remonter
Ignores-tu que la réalité est composée de zones sensibles ?
Vois-tu la montagne
Les oiseaux qui en sortent par division
Étrange production soulevée par l’énergie qui la parcourt
Les maisons et les machines
dans l’immobilité de l’après-midi
bêtes et hommes endormis aux fougères
le grésillement de l’air emprisonne
nos paroles
cette langue nouvelle s’agrippe aux parois
Chaussés de bottes de sept lieues
Buvons à ton chapeau de coyote rayé
Ma douce ma voix ma rivière
Ma rayonnante scriboulinante
Mon anti-satanique rataplanche
Ma Grande Ourse ma Bételgeuse
Ça commence avec un homme seul au milieu de son champ, les yeux dans le vide;
Ça commence avec les os debout d’un orme mort, les os debout d’un orme;
je ne vous parle pas de moi
qui peut croire que sa vie
intéresse vraiment d’autres vies ?
je vous parle des autres vies
d’une vie autre que la mienne
En novembre, un nouvel incendie a ravagé l’usine des vêtements de l’ouest.
Les neuf étages de l’enfer se sont écrasés sur les ouvriers du pays des terres inondées.
La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l’allons montrer tout à l’heure.
Un Agneau se désaltérait
Ne forçons point notre talent,
Nous ne ferions rien avec grâce :
Jamais un lourdaud, quoi qu’il fasse,
L’éléphant qui n’a qu’une patte
A dit à Ponce Pilate
Vous êtes bien heureux d’avoir deux mains,
Il était un grand mur blanc - nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle - haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur - sec, sec, sec.
Nous aurons connu
le ciel plombé, les sapins noirs,
les rauques croassements des corbeaux
Ça crie de tous les côtés
rickshaw roupie didi hello
dans une rue sans adresse
Quatre canards dans le lac
Et
Douze chasseurs dans les roseaux
Petite halte dans la nuit
Où le sommeil s’en va sans bruit
De mes paupières relevées.
Dieu tout au bout de soi-même, quand éclate l’écorce et que les laves coulent de source.
Dieu des ruptures de glace et des bas-fonds généreux.
Ramper avec le serpent
se glisser parmi les lignes
rugir avec la panthère
Un oiseau chante ne sais où
C’est je crois ton âme qui veille
Parmi tous les soldats d’un sou
Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D’une aile inquiète et folle vole sur la mer.
Avec une jeune veuve,
Tendre encor, j’en ai la preuve,
Parlant breton et français :
Un pauvre petit grillon
Caché dans l’herbe fleurie
Regardait un papillon
Il pleut, il pleut, bergère,
Presse tes blancs moutons ;
Allons sous ma chaumière,
Qui donc passe à cheval dans la nuit et le vent ?
C’est le père avec son enfant.
De son bras, crispé de tendresse,
Foie de tortue verte truffé
Langouste à la mexicaine
Faisan de la Floride
Les oiseaux apparaissent,
S’allume une flamme
Et c’est la femme ;
Le coq égosillé chancelle comme un pitre.
Par grands coups de clarté, le soleil cogne aux vitres
Et, dans un remuement de feuillage et d’oiseaux,
les chevals sont des animals doux et calmes
quand ils vont contents de se bien chevaucher
un petit cheval vient pour l’autre galopade
Pour dormir ou ne pas dormir jour et nuit
Je pose ma tête sur les genoux de Jany.
L’ombre la lumière le jour la nuit
Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu’en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.