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lorsque je te dessine
je se dépose
emploie la cuisine le salon
pour ce que je voudrais multiplier
tu portes habits d'étincelles
sur la pointe des pieds
Je stationne mes Dinky Toys dans
le hangar sous le lit et je m'assois
à la table.
Je mange comme un ange
les ailes en bavettes sur les
genoux.
Ma mère me regarde
ses yeux en lunettes sur son
Il me semble que la poésie agit
à partir du corps puis de la tête
de la mémoire des bandes dessinées
ou de l’eau salée avalée
en sautant dans la rivière de mon enfance
il me semble que ça parle
J’habite un cri de terre aux racines de feu
Enfouies sur les rochers de solitudes
J’ai creusé lentement les varechs terribles
D’une amère saison de pluie
Comme au coeur du crabe la soif d’étreindre
I
Le peintre suit le pinceau abstrait de la neige
ses leçons de regard
la lente floraison
c'est le new guy
il vient des vagues de blé
il n'a pas hésité
à traverser le pays
arriver au début
du chemin d'eau
pour que sa femme
rentre au port
À la hauteur des vents
hisser les poitrails
tout sauvegarder
le rire blanc
et le soleil rouge et natal
ébène ebony blues
chant toujours rage
il n'y a plus de soleils couchants
La mer n'évacue pas, ne vide pas les regards. La mer nous
regarde dans les yeux et c'est le signe d'un combat.
La mer ne nous égare pas, nous ne sommes jamais perdus
Dans un dictionnaire, il est écrit que
«l'amour est un mouvement,
une affection, de la tendresse».
Je m'efforce de comprendre comment ça peut
disparaître
et je tourne en boucle dans ma tête
Les limaces vivent en troupeau
Dans une traînée de vie
Le geste lâche et plat
Elles mangent le quotidien
D’un état de peu à peu
Sans début ni faim
Leurs cours sans jardins
Nos os puent l'humidité
des dizaines de petits vers blancs
circulent dans nos foies
des vers très vigoureux
qui n'hésiteraient pas à grimper
le long des jambes du promeneur
mes parents cassent parfois des verres
ils sont tous les deux d'humeur fragile
moi je ne casse pas grand-chose
comme la vaisselle
qui prend les marques du temps
ma gorge se fissure parfois
Je suis revenu des grands jardins
des chemins de sel
aux horizons transparents
Ici-bas j’ai hurlé
dressé le songe sous des carapaces d’or
Le cristal a gémi dans ma poitrine
Les eaux de nuit parlent en rêvant, buveuses d’étoiles, luisantes d’oracles
L’eau nocturne entre par les portes
sans frapper ni les ouvrir
sans demander la permission
Je t'écris du plexus solaire, exactement -
puis de la gorge, comme s'il était presque midi.
Ma tête d'aujourd'hui - grands pins noirs,
jappements d'outardes, au-dessus de toi.
Sans pesanteur et légère, sans toucher terre
comme écume éparpillée dans la brise,
mon âme est en voyage.
Comme les saisons du temps
entre le feu et la nuit
par les chemins et les jours.
Légèreté, légèreté, je t'appelle
Je te donne en secret un nom d'oiseau
Je te nourrirai dans ma paume avec le meilleur de moi-
même
l'horizon est un alphabet que la main n'a pas encore touché de sa solitude se condense un silence capable de recoudre les voix nocturnes égarées entre les langues le corps page transparente
au clair de lune
un pont relie
les pays des voyageurs
je fais partie d'un cortège
long de plusieurs exils
lasse de ne pouvoir renaître
je prends le chemin à rebours
pour capter le ciel
Ses hanches ondulaient au rythme des tambours. La déesse noire est morte avant qu'on puisse l'oublier. Pressées par la foule sur la grande avenue, ma grand-mère et moi attendons son cortège.
J'ai passé
la main sur les années
au ras de l'ombre,
minutes
brûlées
au crépuscule.
Pour cela,
je m'assieds parmi des gouttes
dans l'être amoindri
du silence.
Ouvre les tiroirs les plus secrets de ta mémoire
tu baignes dans la langue de ton enfance.
une voix douce et familière
chantonne cette berceuse sépharade
« En la casa hay una reja
ouvrant chaque fenêtre je fais le tour de la maison
laissant courir la lumière sur les meubles
danser le soleil sur les planchers
je respire l’eau des naissances
Ma maman ou ce qui en reste
n’est pas au ciel
mais dans la terre.
Et si on la retrouve au ciel
elle fait partie d’une étoile si lointaine
que même après deux éternités
pour Miriam
sur les rives de l’Outaouais
bercées par le lait chaud au miel lorsque malades
nous avons grandi
loin des rabrouages inutiles
Je suis passée
Plus vite qu’un vendredi soir
Pour éviter l’averse
Dans les relents d’hier
Je n’avais pas fait de plan
Dans ma tête tempête
De neige et de rage
le fleuve approche
j’aimerais briller solitaire,
pleurer sur le ventre de la païenne
jusqu’à m’en écouler le bleu calme de l’iris
il faut le dire ta dernière lettre elle se pesait en
TONNES
Elle écrasait tout dans son grand rectangle noir imprimé :
tandis que les cicatrices
de nos feuilles d’automne
sillonnent la neige frugale
je rêve l’hiver
je rêve l’hiver de toi
que c’est dur de narrer le futur
dans la fragilité du présent
Je me nommerai Mississippi
Assiniboine
Azueï
Oaxaca
j’aurai un nom de reine
ma fleur d’origine
Je suis
j’existe
je suis venue apporter la lumière aux nations
Nous qui n’avons rien
il nous faut regarder les feuilles qui tombent
dans l’air immobile
il nous faut regarder aussi
les feuilles que le vent éparpille
nous qui ne connaissons rien
dans l’immobilité de l’après-midi
bêtes et hommes endormis aux fougères
le grésillement de l’air emprisonne
nos paroles
cette langue nouvelle s’agrippe aux parois
du puits
Elle a une main dans la main du désir
Nous ramons en haute mer
Les eaux suffoquées cassées
Masses pendues aux os tendres
Où je meurs au dialogue des corps
Une femme de verre aux tombeaux étonnés
semant sapins et sources sur la matière bleue
d’un pays sans nom
creusant l’étroit passage qui abritera
ses songes de cendre
ses visages :
Jean-Talon tentaculaire
mille détours pour se rendre d’une ligne à
l’autre de l’orange à la bleue
je n’ai pas souvent affaire sur la bleue une chance
Christine y habite maintenant ne pas oublier
soudons nos naissances au même rond de terre noire le
pays n’est plus de pierres piquantes nous traversons le
sahara des mémoires ancestrales nous
Ma terre je la prendrai dans ma main
je la soignerai
avec un pan
ma jupe
essuiera ses larmes noires
mes cheveux ses joues creuses
je la bercerai en ses tremblements
Je viens de t’abattre à la sortie du motel.
Tu es demeuré vivant, mais vieilli ;
des résidus de chlore ornent tes yeux.
Comme si ce n’était pas assez,
j’ai réentendu ta voix blonde :
Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Il fera longtemps clair ce soir, les jours allongent.
La rumeur du jour vif se disperse et s’enfuit,
Et les arbres, surpris de ne pas voir la nuit,
Dans Venise la rouge,
Pas un bateau ne bouge,
Pas un pêcheur dans l’eau,
Prête-moi ton grand bruit, ta grande allure si douce,
Ton glissement nocturne à travers l’Europe illuminée,
Ô train de luxe ! et l’angoissante musique
Petite halte dans la nuit
Où le sommeil s’en va sans bruit
De mes paupières relevées.
J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ?
J’…
Le matin se lève toujours trop tôt
car le cœur ne vibre
que la nuit, dans le noir
Ramper avec le serpent
se glisser parmi les lignes
rugir avec la panthère
Dans la nuit
Je me suis uni à la nuit
Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D’une aile inquiète et folle vole sur la mer.
Hôpital ! hôpital au bord du canal !
Hôpital au mois de Juillet !
On y fait du feu dans la salle !
Le bateau sentait le thé
Quand nous traversions la mer,
À deux, à trois, pour aller