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les enfants demandent une consolation
pour le premier arrachement
du lait chaud ou ta peau
mousse mémoire de leurs joies
tu leur offres une attention – t’alignes
vers ton devenir animal
La déferlante du deuil ne se relâche pas. La stopper. Revisiter la vie et
mon regard sur elle. M'enthousiasmer pour elle. L'occuper jusque dans
Il me semble que la poésie agit
à partir du corps puis de la tête
de la mémoire des bandes dessinées
ou de l’eau salée avalée
en sautant dans la rivière de mon enfance
il me semble que ça parle
J’habite un cri de terre aux racines de feu
Enfouies sur les rochers de solitudes
J’ai creusé lentement les varechs terribles
D’une amère saison de pluie
Comme au coeur du crabe la soif d’étreindre
Préférer écrire la topographie toute pittoresque du
troisième rang. Dire exactement, décrire la grange
I
Le peintre suit le pinceau abstrait de la neige
ses leçons de regard
la lente floraison
À la hauteur des vents
hisser les poitrails
tout sauvegarder
le rire blanc
et le soleil rouge et natal
ébène ebony blues
chant toujours rage
il n'y a plus de soleils couchants
La mer n'évacue pas, ne vide pas les regards. La mer nous
regarde dans les yeux et c'est le signe d'un combat.
La mer ne nous égare pas, nous ne sommes jamais perdus
Et c'est l'automne :
saison du cloaque et des ramassis,
débarrassé de ce projecteur nazi
qu'est le soleil des autres,
je me suis pourtant défendu de collaborer,
Seul, je regarde la troupe qui s'approche couteaux
entre les dents. Elle marche, dérisoire
comme le boeuf à la cape dans des rêves qui
s'essoufflent sur le sable aux sabots. On poignarde,
Les limaces vivent en troupeau
Dans une traînée de vie
Le geste lâche et plat
Elles mangent le quotidien
D’un état de peu à peu
Sans début ni faim
Leurs cours sans jardins
Je suis revenu des grands jardins
des chemins de sel
aux horizons transparents
Ici-bas j’ai hurlé
dressé le songe sous des carapaces d’or
Le cristal a gémi dans ma poitrine
Vaguelettes le huard, la chaufferette qui r’semble à un toaster
comme un début d’fin d’lac par une vitre trop épaisse
l’impression d’un temps qui passe comme un pédalo
quand j’veux ramer tu-seul pour ervoir les quenouilles
Les eaux de nuit parlent en rêvant, buveuses d’étoiles, luisantes d’oracles
L’eau nocturne entre par les portes
sans frapper ni les ouvrir
sans demander la permission
Légèreté, légèreté, je t'appelle
Je te donne en secret un nom d'oiseau
Je te nourrirai dans ma paume avec le meilleur de moi-
même
l'horizon est un alphabet que la main n'a pas encore touché de sa solitude se condense un silence capable de recoudre les voix nocturnes égarées entre les langues le corps page transparente
Il y a des mots meurtris
devant la porte
n’ouvre pas
ils sont amoncelés, ils tomberaient en désordre
certains montent encore l’escalier
ils cherchent
écoute
à quoi bon être poète
beau dire
ce mal
semble dans la tête comme
marteau feu enclume clou couteau
ou l’éclat d’une baudroie ou des
aurores boréales
à la fin
Le fleuve n’est pas la mer, pourtant je choisis le chemin du port. Au bout de ces pas, peut-être deviendrai-je aussi porteño que toi.
d’abord le bleu foncé pâlit le ciel
éclaire au ralenti l’horizon
le mauve apparaît et vire au rose
le soleil se lève
à n’en plus finir
au loin nous fixons le
for all
that struck the earth
no matter if not bruised or spiked with stubble
Malangas
Échalotes
Mirlitons
Aubergines
Déshospitalités
Sortir de toute urgence
ramasser
cueillir
emballer
La nature a créé partout sur la terre
un équilibre que personne ne doit rompre
sans en subir les conséquences.
Je suis ici.
Devant ça.
Et je commence,
Les nés fatigués me comprendront.
Henri Michaux, Face aux verrous
Il y a des agencements anatomiques
qui prédisposent à la lenteur
la chemise que tu as laissée
sous une autre lumière
s’approche très près de la menace
on la dirait légère
une si légère menace
autour de l’été
d’un côté comme de l’autre
Nous étions là toutes les quatre, Gillian, Jayne, Laurence, et Mazzie s’est amenée avec deux garçons de l’East Side.
Les femmes de la côte
restent sauvages.
Les hommes chantent
conduisent des chaloupes et parlent
de l’allure des vagues;
les femmes de la côte peignent et
savent réparer des skidoos
Pour bien voir, fais taire en toi toute passion.
Repousse la douleur, l’abîme mélancolique.
Rappelle-toi ceci :
Le monde n’est rien de plus
Qu’un subtil agencement
De lignes et de volumes.
On sait qu’il y aura du sang partout. Puis, la grande immobilité. Après la casse, sur la route, si on s’approche assez pour voir, on me reconnaîtra.
Le bruit que fait Pina Bausch quand elle danse est le bruit d’une bouteille vide, une bouteille qui fend l’air, lancée avec force et retenue avec une force plus grande encore, une bouteille qui remue un peu mais qui ne bouge pas, qui reste dans…
Ça commence avec un homme seul au milieu de son champ, les yeux dans le vide;
Ça commence avec les os debout d’un orme mort, les os debout d’un orme;
au lieu de sortir
je m’assois
fixe le bois franc
de mes yeux gonflés
de longues minutes
mes draps sont encore tachés
de ma dernière bonne baise
les yeux fermés
je rêve
On a quitté la région
soulevé la soute repéré des layons
séparé les plus vieux des plus fins
loin on a pris à droite et plus rien
ouvert la forêt ajouté des essences
chaque matin il pleut des coups de poing
sur le paysage ratatiné
des enfants jouent dans les flaques d’eau
sont passibles de voies de fait graves
quand le jour referme ses mâchoires
La première journée de l’amour est
inconcevablement abrupte ; entièrement faite
de choses arrachées -
- soudain et haut ;
et du jour qui s’élance
en travers de son axe.
Les toilettes chimiques de Sani Mobile
occupent le coin à l’entrée de l’ensemble résidentiel
il y en a de multiples couleurs
pour autant d’états d’âme
un état d’âme peut aussi être en opposition
Le sentier qui conduisait au lac
dans l’odeur de résine chauffée par le soleil
et la marche élastique sur les aiguilles de pin
(Le Canada ressemble au Canada
J’allai pêcher à la mouche artificielle
si je ne touche pas les lignes du trottoir
si je me rends au troisième lampadaire sans
m’arrêter de courir
tout va bien aller
ça n’existe pas c’est dans ma tête
Il y a des jours où je revois Sudbury
dans l’asphalte craqué des rues de Saint-Boniface.
La mémoire s’écoule comme la noirceur de la ville où j’ai grandi
Ma grand-mère a murmuré :
Ton grand-père est vieux comme le chemin.
Seul dans sa chambre,
il lit le journal.
Je voudrais le bercer,
petit corps
Je ne trouve pas toujours
les phrases
pour décrire la lumière
accrochée au rideau de ma chambre
ou les notes d’une chanson
dans mon oreille
Alors je lis des poèmes
Je ferme les yeux
Un rayon de soleil
Pénètre mes paupières
Infrarouge
Un filet de sang
Fait son chemin
Hors de moi
Chaque fois
Une voyelle muette
Les servantes faisaient le pain pour les dimanches,
Avec le meilleur lait, avec le meilleur grain,
Le front courbé, le coude en pointe hors des manches,
Je suis une cage d’oiseau
Une cage d’os
Avec un oiseau
Je marche à côté d’une joie
D’une joie qui n’est pas à moi
D’une joie à moi que je ne puis pas prendre
Il était un grand mur blanc - nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle - haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur - sec, sec, sec.
Dans Venise la rouge,
Pas un bateau ne bouge,
Pas un pêcheur dans l’eau,
Dans les marais vivent des bêtes que d’aucuns trouvent
innommables
elles leur paraissent le comble de la hidosité
on dit qu’elles s’agitent de façon plus que désagréable