(la terre nous menace
au coin de la rue, chaque midi, le même
visage repu
l’assurance des défilés
les fanfares
et le trou au cœur de tous les morts...)
le temps tombe
familles giboulées passereaux
le temps tombe
une tribu perdue remonte à la surface
enfants des pyramides du soleil
amphores de poussière maïs et fourrures
falaise des morts
(falaise comme ruche d’où s’envolent les âmes gorgées des
nécrophages
les blancs) famille stupéfaite
le temps tombe
abénaki maya nègre de birmingham
âmes civiles de mes morts sauvages
colère inhumée dans le fumier des chevaux de proie
dans la connaissance des soldats et des saints
dans les frégates armées
pour la pâmoison d’une infante et le pathos d’un hommage au
soldat
inconnu
le temps tombe
dans le mois du saumon s’installent les villages les mairies
les pêcheurs à la ligne
les capitales polies de main de mort
le temps tombe
galères négriers
atahuallpa
sauvages présents
anéantis
(cendrillon palpite dans la soie ses trois repas son prince
ô sommeil tranquille
planète ronde où s’étreignent les maisons conformes
au jour le jour vienne le repos définitif)
le temps tombe
les petits hommes de préhistoire circulent
entre les buildings
dans la pluie chargée de missiles
le temps tombe
espèce satisfaite
- Que ressentez-vous en lisant ce poème à haute voix ? Pourquoi ?
- Pourquoi cette épigraphe entre parenthèses ? Que nous dit Lapointe en la plaçant ainsi ?
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-
Tentez une expérience de création littéraire :
On a tous une petite phrase ou expression que nous utilisons facilement ; « c’est super », par exemple, ou « la vie est belle ». Écrivez une dizaine de vers décrivant ce que vous avez fait hier en ponctuant le texte d’une de vos petites phrases.
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Écoutez Paul-Marie Lapointe dire « Le temps tombe ».
Paul-Marie Lapointe, « Le temps tombe », Le réel absolu, Montréal, Éditions de l'Hexagone, 1971
© 1971 Éditions de l'Hexagone et Paul-Marie Lapointe