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Vous qui passezbien habillés de tous vos musclesun vêtement qui vous va bienqui vous va malqui vous va à peu prèsvous qui passezanimés d’une vie tumultueuse aux artèreset bien collée au squelette
Toi qui chante Ô Canada
Sur un territoire endeuillé
Toi qui n’entends pas les plaintes
Les cris de rage, les pleurs cachés
Qui ne sens que le vent coupant
Sur cette terre stérile
Grande main qui pèse sur nous
grande main qui nous aplatit contre terre
grande main qui nous brise les ailes
grande main de plomb chaud
Ma famille
est une maison est une chambre
où dormir la lumière allumée
je baigne
dans le nid humide de ses soifs
l’avale
avec d’idiotes petites attentions
Je viens comme une mante religieuse
dévorer le sur-mâle le héros le surhomme
et aspirer ta hache de guerre ô omme
j’ai la démarche effrontée des pécheresses
mes vastes hanches sont les berceaux
tous les pays blessés
ont une place sous ma peau
j’ouvre mes yeux
l’espoir est un café rouge
dans mes matins fêlés
je marche
mes pas dessinent mon néant
Tu me donneras l'eau ce jour ;
Il faut que coulent les galets
Qui obstruent les sentiers ;
Ce soir,
Je rentrerai,
Dans la case des génies
Tête devant, et boire
La sève nourricière ;
À la hauteur des vents
hisser les poitrails
tout sauvegarder
le rire blanc
et le soleil rouge et natal
ébène ebony blues
chant toujours rage
Je me souviens du futur, je me souviens du drame entier de
la boue, du désordre, de la boîte de nourriture sur le pas de
ma porte.
Je me souviens des arbres d'une autre vie, du manuscrit plein
j'ai repoussé les tempêtes
j'ai endigué les orages
je suis seul et unique
témoin du temps
j'ai soudoyé l'histoire
j'ai reçu mandat des universités de contre-insurrection
des réducteurs de tête
nous regardons la danseuse
Je me réveille un dimanche et ça sent la levure chaude, alors elle doit être en train de faire du pain.
Tu me tapotes sur la tête en me disant que je devrais être plus sage
Tu me dis que je devrais me taire et t’écouter
tu seras seule
d'un bout à l'autre
DEPUIS QUE JE SUIS de silence.
Je plonge dans les mots
tu t’abreuves volontiers
à ma source pour assouvir ta curiosité,
intrigué par l’exotisme de mes traits,
mais peu à peu, mon intuition s’affole
propos déplacés, injures voilées
chapitre l
Il était une fois
chapitre 2
un petit garçon, moi,
chapitre 3
Jubiler à l’idée de prendre l’avion pour la première fois
Aller visiter la famille du Texas
Au pays du meilleur basket sur terre
Et atterrir en pleine canicule insoutenable
je t’en prie
explique-moi ce que je vis
je t’écouterai me parler
de ma paranoïa sans broncher
perds patience encore une fois
car je rejette ton point de vue
Et puis quoi d’autre sinon un milliard de routes de nuit éclairées par le cul d’une luciole priée espérée attendue ?
Moi, on ne m’a jamais appris à faire silence
d’après tomson highway
personnages :
Mon sexe est une blessure liquide
une armée de solitudes se dresse en moi
je suis d’albâtre et d’agave
des eaux charrient
des misères océanes
plus vieilles que moi
Je me nommerai Mississippi
Assiniboine
Azueï
Oaxaca
j’aurai un nom de reine
ma fleur d’origine
Je suis
j’existe
Ma terre je la prendrai dans ma main
je la soignerai
avec un pan
ma jupe
essuiera ses larmes noires
mes cheveux ses joues creuses
je la bercerai en ses tremblements
je ne dors plus
Je viens de t’abattre à la sortie du motel.
Tu es demeuré vivant, mais vieilli ;
des résidus de chlore ornent tes yeux.
Comme si ce n’était pas assez,
j’ai réentendu ta voix blonde :
le gros monde veut me vendre une église
des habits neufs
de beaux chapeaux
le gros monde veut me border
de fleurs de lampadaires
de taxes foncières
Entre Ottawa pis Montréal,
entre la métropole pis la capitale,
entre des 9 à 5 comme des cercueils,
avec les foremen qui t’ont à l’œil,
entre les papiers du bien-être
pis leur formule mal de tête,
Il y a les larmes des folles tristesses
et des peines minuscules
celles de la colère
plus pointues que des couteaux
plantés dans la poitrine
les larmes d’impuissance
si on me punit
La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l’allons montrer tout à l’heure.
Un Agneau se désaltérait
Ne forçons point notre talent,
Nous ne ferions rien avec grâce :
Jamais un lourdaud, quoi qu’il fasse,
C’est les petits des grandes villes,
Les petits aux culs mal lavés,
Contingents des guerres civiles
Ni connu ni cru
Ni compris ni cherché
Oui
Un pays sans mémoire est une femme sans miroir
Belle mais qui ne le saurait pas
Un homme qui cherche dans le noir
Tombe des Morts !
Encore cette odeur de sang sous mon ciel
Innocent.
Ma douleur est aux sources de mon exil
Il y eut sur cette île sang brûlé…
Leurs jambes pour toutes montures,
Pour tous biens l’or de leurs regards,
Par le chemin des aventures
Me voilà
je suis là et je dis me voilà me voilà pleine
de peine et de colère
Nous Dames Sarah ! Nous sommes les pêcheurs de lune ;
Je titube dans la ville en flammes
à travers le dédale de ses rues enfumées
la poussière fabuleuse des bidonvilles
faut-tu qu’on corde tous les souvenirs
comme le bois à Beaumont
ça fait quèques semaines que je pense à ça
Je vis, mais c’est hors de moi-même,
Je vis, mais c’est sans vivre en moi ;
Je vis dans l’objet de ma foi
Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s’allume,
Leurs culs en rond,
Connaissant votre humeur je veux bien ma Sylvie,
Que passant votre temps
Avec tous les amants dont vous êtes servie,
Un pauvre petit grillon
Caché dans l’herbe fleurie
Regardait un papillon
Les crottés les Ti-Cul
les tarlas les Ti-Casse
ceux qui prennent une patate
le temps tombe
familles giboulées passereaux
Il existe pourtant des pommes et des oranges
Cézanne tenant d’une seule main
toute l’amplitude féconde de la terre
L’enfant qui jouait le voilà maigre et courbé
L’enfant qui pleurait le voilà les yeux brûlés
L’enfant qui dansait une ronde le voilà qui court après le tramway
— Que dis-tu, que fais-tu, pensive tourterelle, Dessus cet arbre sec ? — Las ! passant, je lamente. — Pourquoi lamentes-tu ? — Pour ma compagne absente,
C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne …
Quand sur moi je jette les yeux,
À trente ans me voyant tout vieux,
Mon cœur de frayeur diminue ;