Je viens de t’abattre...

Je viens de t’abattre à la sortie du motel.

Tu es demeuré vivant, mais vieilli ;

des résidus de chlore ornent tes yeux.

Comme si ce n’était pas assez,

j’ai réentendu ta voix blonde :

les chips, la carte routière, les aires de repos,

tout y était.

J’ai déposé trois baisers sur une carcasse d’auto.

Ton fils qui porte mon nom est apparu ;

tu m’as donné un dollar et du sable

froissés par ta salive.

 

Le pompiste verse l’essence dans ma bouche ;

il fait clair, tu me reconnais.

Je suis maintenant un rien inflammable,

mes cheveux emmêlés à une drogue.

Quelqu’un me prend à la gorge

pour me monter au ciel.

Référence bibliographique

Carole David, « Je viens de t’abattre… », L’année de ma disparition, Montréal, Les Herbes Rouges, 2015, p. 11.

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