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Un jour c’est vrai j'ai dit Oui, lui aussi
Un jour c'est vrai on s’est mariés c’est même moi
C’est vrai c’est moi la demande en mariage
Un jour c’est vrai, des jours parfois il m’appelait
Chérie
Grande main qui pèse sur nous
grande main qui nous aplatit contre terre
grande main qui nous brise les ailes
grande main de plomb chaud
il y a des femmes capables de lire la noirceur
elles apparaissent mobiles en pleine beauté
debout dans l’instant
au cœur flexible d’un territoire
les femmes seules en région
Je viens comme une mante religieuse
dévorer le sur-mâle le héros le surhomme
et aspirer ta hache de guerre ô omme
j’ai la démarche effrontée des pécheresses
mes vastes hanches sont les berceaux
À la hauteur des vents
hisser les poitrails
tout sauvegarder
le rire blanc
et le soleil rouge et natal
ébène ebony blues
chant toujours rage
j'ai repoussé les tempêtes
j'ai endigué les orages
je suis seul et unique
témoin du temps
j'ai soudoyé l'histoire
j'ai reçu mandat des universités de contre-insurrection
des réducteurs de tête
nous regardons la danseuse
Tu me tapotes sur la tête en me disant que je devrais être plus sage
Tu me dis que je devrais me taire et t’écouter
Comme de grands seigneurs vous avez choisi la haine.
Celle qui déferle sur les parias qui vous menacent :
les envieux, les mesquins croupissant n’importe où.
tu t’abreuves volontiers
à ma source pour assouvir ta curiosité,
intrigué par l’exotisme de mes traits,
mais peu à peu, mon intuition s’affole
propos déplacés, injures voilées
l’avenir voit rouge
nous repartons vers nos terres
pas à pas
tachés du sang de nos ancêtres
les pas perdus s’évadent du feu sacré
c’est là que les jeunes reforment le cercle
je t’en prie
explique-moi ce que je vis
je t’écouterai me parler
de ma paranoïa sans broncher
perds patience encore une fois
car je rejette ton point de vue
dans leurs
yeux
le même
regard
incendiaire.
leurs pupilles
brûlent
et fument
comme
les dernières
le fleuve approche
j’aimerais briller solitaire,
pleurer sur le ventre de la païenne
jusqu’à m’en écouler le bleu calme de l’iris
le temps est terne
et je suis comme le temps
en continuum avec l’espace et je me fais
tatouer une hirondelle dans le front
pour chaque tour du monde que je fais
sur notre beau vieux divan brun
Et puis quoi d’autre sinon un milliard de routes de nuit éclairées par le cul d’une luciole priée espérée attendue ?
Moi, on ne m’a jamais appris à faire silence
Mon sexe est une blessure liquide
une armée de solitudes se dresse en moi
je suis d’albâtre et d’agave
des eaux charrient
des misères océanes
plus vieilles que moi
Comment vas-tu lorsque
tu es au loin.
Comment vont tes mains
et tes lèvres.
Comment va ton souffle.
Comment vont tes gestes paisibles.
Comment vont tes pas vifs.
Comment va ton corps très droit.
Je me nommerai Mississippi
Assiniboine
Azueï
Oaxaca
j’aurai un nom de reine
ma fleur d’origine
Je suis
j’existe
Inscris
je suis arabe
le numéro de ma carte est cinquante mille
j’ai huit enfants
et le neuvième viendra… après l’été
Te mettras-tu en colère?
Ça suffit
Aucun geste
Je paie mes factures
Silence
Je réponds
Que je parle des yeux
Il y a tout à comprendre
Immédiatement je jeûne
Pour quelques minutes
Femme du tréfonds des univers
femme coulée d’argile et d’or
femme cadeau de l’enfer
femme trophée de guerre
femme souveraine des hommes
femme entrailles d’abondance
au visage de ma mère
Pendant que les hommes
signent des grandes paix
qui s’inscrivent en lettres d’or
dans l’histoire,
Les femmes signent
des milliers de petites paix
à chaque minute dans leur famille,
Ma terre je la prendrai dans ma main
je la soignerai
avec un pan
ma jupe
essuiera ses larmes noires
mes cheveux ses joues creuses
je la bercerai en ses tremblements
je ne dors plus
Ici vit le Noir la peur au ventre
Cette peur sans cesse refoulée
Sans cesse remise en lumière
L’Amérique en moi
C’est une partie de ma peau
La rumeur la plus sourde
Je viens de t’abattre à la sortie du motel.
Tu es demeuré vivant, mais vieilli ;
des résidus de chlore ornent tes yeux.
Comme si ce n’était pas assez,
j’ai réentendu ta voix blonde :
si je ne touche pas les lignes du trottoir
si je me rends au troisième lampadaire sans
m’arrêter de courir
tout va bien aller
ça n’existe pas c’est dans ma tête
je n’arrive pas à faire
comme dans les livres arlequins
parce qu’il y avait tes chansons
qui berçaient les cadavres
tqs dans le noir
Je choisis les nœuds
dans ma gorge
le risque peut bien en exciter d'autres que moi
plus courageux que moi
plus capables que moi
de chevaucher les menaces
de foudre
L’instinct maternel n’est pas
particulièrement développé chez les Reptiles.
Archie Carr, Les Reptiles, p.132
plus grands que nos corps
nous ne dormons plus
qu'à la verticale
quand la nuit se referme
sur nos peaux en état d'alarme
nous pratiquons des entailles
Je m’enfoncerai dans les trous de la plaine
dans la tourbe où s’encaquent les errances effrayées des bisons
meuglant la découverte limitrophe de l’immense pays azuré.
Tombe des Morts !
Encore cette odeur de sang sous mon ciel
Innocent.
Ma douleur est aux sources de mon exil
Il y eut sur cette île sang brûlé…
Je ne suis plus qu’un peu de chair qui souffre et saigne.
Je ne sais plus lutter, j’attends le dernier coup,
Le coup de grâce et de pitié que le sort daigne
il y a des volcans qui se meurent
il y a des volcans qui demeurent
il y a des volcans qui ne sont là que pour le vent
Si a et b sont au carré
si la neige s’additionne avec la pluie
et que mon ombre m’accompagne dans la nuit
Laisse-le
Il vient
Laisse-lui
Nous Dames Sarah ! Nous sommes les pêcheurs de lune ;
Je titube dans la ville en flammes
à travers le dédale de ses rues enfumées
la poussière fabuleuse des bidonvilles
Les crottés les Ti-Cul
les tarlas les Ti-Casse
ceux qui prennent une patate
Pierre contre pierre
épouse contre époux
nous nous sommes prêté force
Il met ses lunettes de soleil
Un hijab pour son âme
Pour stopper son cri de détresse
Les rêves échoués desséchés font au ras de la gueule des
rivières
de formidables tas d’ossements muets
nous ne partirons pas
cette banquise neurasthénique porte l’espoir
des morts qui ne sont pas nés
Je t’ai dit :
— Écoute le silence sous les colères flamboyantes
La voix de l’Afrique planant au-dessus de la rage des canons longs
Je resterai avec vous jusqu’à l’heure émouvante
où votre cœur sera devenu un continent glacé
dans le grand moment perdu de la route.
de jouer dans la langue et d’en rire
d’en rêver qu’on find out
qu’on communique