À un vieil arbre

Tu réveilles en moi des souvenirs confus.

Je t’ai vu, n’est-ce pas? moins triste et moins modeste.

Ta tête sous l’orage avait un noble geste,

Et l’amour se cachait dans tes rameaux touffus.

 

D’autres, autour de toi, comme de riches fûts,

Poussaient leurs troncs noueux vers la voûte céleste.

Ils sont tombés, et rien de leur beauté ne reste;

Et toi-même, aujourd’hui, sait-on ce que tu fus?

 

Ô vieil arbre tremblant dans ton écorce grise;

Sens-tu couler encore une sève qui grise?

Les oiseaux chantent-ils sur tes rameaux gercés?

 

Moi, je suis un vieil arbre oublié dans la plaine,

Et, pour tromper l’ennui dont ma pauvre âme est pleine,

J’aime à me souvenir des nids que j’ai bercés.

Un « vieil arbre oublié dans la plaine » fait naître les souvenirs d’une époque lointaine.

1. Comment appelle-t-on la forme de ce poème ? Quels sont les éléments stylistiques qui permettent de l’identifier ?

 

2. Le poème s’adresse à un arbre. C’est ce qu’on appelle une personnification. Répertoriez les caractéristiques humaines attribuées à l’arbre dans les quatre strophes. Quelles émotions cette figure de style suscite-t-elle ? 

 

3. Relevez les différentes métamorphoses de l’arbre au fil du poème. Soulignez les temps de verbes d’une strophe à l’autre. Déduisez de ces éléments le phénomène dont l’arbre est la métaphore.

 

4. Le recueil Les gouttelettes, duquel le poème est issu, rend hommage à différents arbres. Dans le poème « À un pommier », on peut lire cette interpellation : « Ton cœur, comme le mien, vieil arbre, a donc souffert ? » À la lumière de ce vers, interprétez la dernière strophe du poème « À un vieil arbre » en vous interrogeant particulièrement sur l’identité du locuteur :

Moi, je suis un vieil arbre oublié dans la plaine,
Et, pour tromper l’ennui dont ma pauvre âme est pleine,
J’aime à me souvenir des nids que j’ai bercés.

 

5. Une série d’homophones en fin de vers représente un défi pour la lecture à haute voix de ce poème. Cherchez comment donner une couleur et une vibration différentes à ces rimes aux sonorités identiques : « fûts » et « fus », « grise » et « grise », « plaine » et « pleine ».

 

Activité d’écriture

Écrivez un poème adressé à un élément naturel dont vous vous sentez proche. Par exemple : à un loup, à une rivière, à une étoile… etc. Vous pouvez vous appuyer sur la forme du poème « À un vieil arbre » ou encore écrire en vers libres.

 

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Référence bibliographique

Pamphile Le May, (1837-1918), « À un vieil arbre », Les gouttelettes, 1904.

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