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Tu dessinais des baisers.
Le paysage exigeait des statues.
Tu balayais les ombres.
Tu m’as expliqué comment le fleuve,
du coin de l’œil,
apparaît et disparaît,
s’ouvre et se ferme,
je repense à mon pantalon noir préféréoublié dans la cabine d’une piscine d’Islandefragment laissé derrière penduà son crochet – doublure froide veillantl’espace, tolérant les insectes nocturnes
la lumièrecette interminable beauté que tu porteschavire mes tempêtes à perte de vueje n’ai pas d’âge en réservepour me dévêtir le cœurme laver de mes incertitudesj’ai placé le feu sur un nid de pierres
Et la vie nous sera tout sourire d'enfant,insouciant·e, serein·e, sans heurts et sansfoudres, cette enfance hermanita que nousavons ensemble dessinée à gros traits, desbarbots qui nous ressemblent, gribouillis dont
souvent tu observes
les signes que fait la mer
dans l’aveu des solitudes
les pas blanchis de fatigue
jusqu’où irais-tu
pour poser
les fragments de ta mémoire
la vitalité de vos corps m'épuise
de désir et de désespoir
(je vous aime et je vous hais)
(je vous aime plus que je ne vous hais)
Lorsqu'on abandonne tout, on veut aussi laisser son nom derrière. Il y a longtemps, j'ai connu un Dragon qui voulait changer son nom pour Pierre. Il était concierge au club de tennis où je travaillais.
avant même sa disparition
j'avais compris que dès que la tristesse ou la colère
devient grosse comme un ballon de kinball
il faut penser à autre chose
alors je rebondis
sarah kane sur la toilette
l’amour de phèdre
ça fonctionne bien avec les laxatifs
j’ai envie de le dire
mon rapport au monde est weird
et je suis écœurée de dissimuler
j’ai envie de tout dire
je suis comme tout le monde
ma sonnerie de cellulaire c’est une imitation d’oiseau
un exotique
cui cui
le ménage me prend
crépuscule aussi lent
qu’une peine d’amour
rivière lape ses vagues
contre quai
s’arrête pour un long sommeil
gris et long
soleil s’enfonce
juste là-bas
où les rivières se croisent
les gens se sont toujours rencontrés
500 ans c’est rien
ce lieu est trop profond
cette terre est une histoire vivante
nous sommes honorés d’y marcher
La nuit je parle trois langues et demie
le français l’anglais le portuguais
et le biscuit chinois
(je mange aussi le papier dans le biscuit pour que le message passe)
la nuit porte conseil
Je ne vous suis plus je ne vous suis plus dévoué je ne vous suis plus fidèle j'erre à ma guise enfin hors des sentiers bénis j'erre aux confins de ma vie j'aime aussi
tout s’incarne difficilement en moi alors que je voudrais surtout écrire de beaux mots, en rose saumoné, et m’en faire des costumes dans lesquels je disparaîtrais enfin, reproduction de cette petite fille noyée sous les manteaux de fourrure des…
Tu t’appuies contre la porte devant moi,
Grand, non rasé, bras ballants,
Un sac de voyage trop ample à tes pieds.
Je fixe la planche à repasser, incapable
La faim me réclame, la faim incommensurable,
la faim excitée par le flottement continu
des étoiles. Elle vient, ma faim, empourprer
mes veines afin de dessiner le bonheur
après la tristesse. Mais le bonheur comme
Prends la route qui mène vers l’appartement où tu es née – à ton arrivée tu remarques la porte rouge ouverte tu montes les escaliers reconnais les pièces où tu as grandi la chambre de tes commencements tes mains allègres emballent ta…
Des lignes de craie blanche
Sur le trottoir tracées
Dessinent clairement
Le corps de la danseuse tuée
Au delà des nuages
En dépit des ordres contraires
De la mort sévère
Nous nous ossifions comme un béluga. Une expérience de soleil privé. Ce qui réduit l’élan de l’oubli. Il nous revient de tout recommencer. Comme si la personne ne se marcottait pas, elle aussi.
Quand je serai très vieux Demain peut-être Quand l’ange tournera discrètement la page inachevée Quand j’aurai fini de traquer les mots Défaillant d’en avoir tant mis sur la page
Les fleurs ne s’attendent à rien. Je les arrose quand même tous les matins. Le geste suffit.
Un jour viendra où je n’aurai besoin de rien.
L’ensemble de mon avoir pourra tenir dans une seule phrase.
Retrouve-moi à Montréal
mais ne viens pas sans prévenir
ne viens pas découvrir ma tête rasée
les encres, le métal
que j’ai calqués aux femmes-hiver
retrouve-moi mais ne regarde pas ce que j’ai semé
les enfants demandent une consolation
pour le premier arrachement
du lait chaud ou ta peau
mousse mémoire de leurs joies
tu leur offres une attention – t’alignes
vers ton devenir animal
La déferlante du deuil ne se relâche pas. La stopper. Revisiter la vie et
mon regard sur elle. M'enthousiasmer pour elle. L'occuper jusque dans
Tu es comme toutes ces mères qui ont toujours
protégé leurs petits, les ont nourris, léchés,
éduqués, dévorés devant les prédateurs.
Tu voudrais ressusciter ta lignée d'ancêtres
je lave les draps
j’avale un repas grisâtre
je tire un ami d’une poubelle
je dépose les légumes
sur le plancher de la chambre
je m’écroule dans le lit
et n’en sors plus
je veux des rencontres
Quelqu'un finit toujours par me dire
T'es pas rendue trop grande
pour ça ?
Comme s'il y avait un âge limite pour
jouer
niaiser
ne rien faire
flashbacks
à perpétuité
la mémoire est une corde
de bois d'allumage
la prison d'origine
l'armure d'écorce
je me pars une collection
de barreaux
sciés
les nervures de sa voix
pendent au bout du fil
le bûcheur n'a pas eu la job
qui sauverait
ses lauriers de pourvoyeur
il n'a pas su dresser
son tronc grêle
au-dessus de la mêlée
ma peau ne m'appartient -
je n'écrirai pas
dans son gras je vieillirai
d'un jour je respecterai
les consignes je
m'achèterai de la crème à mains pour pouvoir dire à ma
j'ai mangé tous mes légumes
toutes mes émotions
j'ai rangé ma chambre
brûlé les draps
oui
j'ai bien été sage cette année
j'ai maintenant droit d'aller au carnaval
J'espère qu'il y aura tout le temps
une craque dans la porte
un petit jour
entre les lignes de notre histoire
Mais là j'avoue
j'aimerais troquer mon coeur
pour la simplicité d'un bon bol
Cette vieille femme
Au pas hésitant vers l'amour
Devient humaine,
Mais la Muse désapprouve.
Cette chair vénérable
Récolte tendresse et pardon
De la main charitable
Dans un monde parallèle vous ne m’avez pas trahie
Les moments ont continué de se traduire
Chaque page et ses correspondances
Dans ce monde il est resté des lits
De mon côté Les antipodes n’ont pas exercé leur force
Nos os puent l'humidité
des dizaines de petits vers blancs
circulent dans nos foies
des vers très vigoureux
qui n'hésiteraient pas à grimper
le long des jambes du promeneur
Cancer.
C'est le pire mot de tout le vocabulaire.
Un mot qu'on apprend sans le vouloir.
On se réveille un jour
Comme je déchire
Le dernier poème que j’ai écrit
À propos de toi
je sais
que je n’en écrirai plus
sur ce banal sujet
Je me souviens du futur, je me souviens du drame entier de
la boue, du désordre, de la boîte de nourriture sur le pas de
ma porte.
Je me souviens des arbres d'une autre vie, du manuscrit plein
Les étoiles amputées par les lumières de la ville
nous ne voyons plus le même ciel que nos ancêtres
nos constellations sont modernes et consuméristes
les bras étoilés tendus d'espérances
premier jour de maternelle
un dessin du quai
Personne n'écoute le match
Je suis souvent seul à l'avant
Dans le siège indésiré des indésirables
Ma solitude est confortable
Je scanne des paysages
Mon regard est une vigie
au clair de lune
un pont relie
les pays des voyageurs
je fais partie d'un cortège
long de plusieurs exils
lasse de ne pouvoir renaître
je prends le chemin à rebours
nous regardons la danseuse
Coeur égrené,
je n'aurai jamais un nom
ce n'était pas ma terre que je visitais
même pas celle de mon père.
et pourtant -
c'était la première fois que je voyais
un regard de reconnaissance chez les autres
Ma maman ou ce qui en reste
n’est pas au ciel
mais dans la terre.
Et si on la retrouve au ciel
elle fait partie d’une étoile si lointaine
que même après deux éternités
une couche dorée sous un lit
de nuages gris
la lourdeur se divise en étages
saute un peu plus haut
déchire les montagnes
m’aveugle
le soleil
descendre la vitre