patience

 

nous ne partirons pas

 

cette banquise neurasthénique porte l’espoir

des morts qui ne sont pas nés

 

si belle soit la terre promise ailleurs en d’autres mondes

ce n’est pas ici                                         

 

nous gèlerons sur place comme pères et mères

nous craquerons de froid de folie

nous ne partirons pas

 

que s’amènent les siècles les semaines les tiédeurs

de toundra     les planètes apprivoisées

nous ne partirons pas

 

derniers parmi les derniers plus pauvres que les plus

             pauvres

sauvages des musées galaxiques caves des cris caverneux

nous ne partirons pas                                            

 

assignés à demeure survolés de chimères croyables

             repoussés

de terre la plus inhabitable taxés d’insomnies vidés

d’enfants viables mal logés entre les os et les os rayés

des dictionnaires sans plus rien des choses peut-être

humaines

 

nous ne partirons pas

nous ne partirons pas

  1. Pourquoi ce titre de « patience » ?
  2. Qui est-ce qui parle ici ? Qui est ce ‘nous’ ? Pourrait-on imaginer un ‘nous’ différent ?
  3. Que ressentez-vous à la lecture de ce poème ? Pourquoi ?
  4. Travaillez votre récitation : Essayez de lire ce poème à haute voix plusieurs fois en utilisant à chaque fois un ton différent. Consultez notre liste de styles et de tons pour des idées. 
  5. Tentez une expérience de création littéraire :
    Pensez à quelque chose où quelqu’un que vous ne laisserez jamais tomber. Écrivez dix vers décrivant toutes les difficultés associées à cette fidélité. Le dernier vers devra confirmer votre fidélité. 
Section « Pour aller plus loin » rédigée par
Référence bibliographique

Brault, Jacques, « patience », La poésie ce matin (1971), dans Poèmes, Montréal, Éditions du Noroît, 2000.

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