Je suis revenu des grands jardins
des chemins de sel
aux horizons transparents
Ici-bas j’ai hurlé
dressé le songe sous des carapaces d’or
Le cristal a gémi dans ma poitrine
mon âme survivante
s’est retrouvée en ses forêts
*
Je suis l’oracle de l’hirondelle
et la mésange en hiver
la mélodie opaline des oiseaux chanteurs
Je n’ai pas de voix
ma voix est le silence
Je chante ce silence qui occupe
mon île
*
J’ai bu des oasis
J’ai levé le silence des territoires
J’ai pénétré sous la ficelle
des océans
Fais de moi ce que tu veux
si tu en as la mauve permission
Je reviendrai en moi
un cygne chanté
*
Amour
vérité
plus grands que soleils rouges
même l’ombre de la cendre
se retrouve en vos grottes
Le réel parmi mes steppes
est la pavane de l’être
le moment bruissant
un bal de lumière
*
J’ai vu de blancs sosies
derrière les barricades
des papillons croisés
embrassé des sphères
le sombre creusement
Ta voix est ma voix rose
Je me l’approprie comme on s’approprie la pluie
Il faut savoir écouter ces mots qui ne s’entendent qu’en silence.
- Il y a deux mots qui reviennent souvent dans ce poème et qui le définit. Lequels?
- Ils sont en contradiction l’un avec l’autre. Pouvez-vous dire pourquoi?
- On parle de musique et on fait référence à des couleurs. Repérez-les, notez-les et appréciez comment l’auteur les a mis en juxtaposition pour créer des effets.
- Le poème présente plusieurs métaphores et de jeux de mots. Aident-ils à la compréhension du texte ou les inhibent-ils au contraire?
- Il n’y a aucune ponctuation tout au long de ce poème. En le lisant, parvenez-vous à y mettre les vôtres?
Activité d’écriture :
À partir de ces trois strophes, construire un poème autour de ces idées :
« J’ai bu des oasis
J’ai levé le silence des territoires
J’ai pénétré sous la ficelle des océans »
François Baril Pelletier, «Les sèves et le sang», Les gorges fiancées, Éditions David, 2019, p. 13