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Je n’ai pas cessé d’être l’ourse
la fille qui rôde sous ta fenêtre
qui t’appelle dans l’obscurité
toi le garçon aux yeux pers
mendiant un peu de ta chaleur
Mais si tu refuses de sortir
J’habite un cri de terre aux racines de feu
Enfouies sur les rochers de solitudes
J’ai creusé lentement les varechs terribles
D’une amère saison de pluie
Comme au coeur du crabe la soif d’étreindre
c'est le new guy
il vient des vagues de blé
il n'a pas hésité
à traverser le pays
arriver au début
du chemin d'eau
pour que sa femme
rentre au port
Tu me donneras l'eau ce jour ;
Il faut que coulent les galets
Qui obstruent les sentiers ;
Ce soir,
Je rentrerai,
Dans la case des génies
Tête devant, et boire
La sève nourricière ;
À la hauteur des vents
hisser les poitrails
tout sauvegarder
le rire blanc
et le soleil rouge et natal
ébène ebony blues
chant toujours rage
il n'y a plus de soleils couchants
j'ai mangé tous mes légumes
toutes mes émotions
j'ai rangé ma chambre
brûlé les draps
oui
j'ai bien été sage cette année
j'ai maintenant droit d'aller au carnaval
me gaver de sucreries
La mer n'évacue pas, ne vide pas les regards. La mer nous
regarde dans les yeux et c'est le signe d'un combat.
La mer ne nous égare pas, nous ne sommes jamais perdus
Dans un dictionnaire, il est écrit que
«l'amour est un mouvement,
une affection, de la tendresse».
Je m'efforce de comprendre comment ça peut
disparaître
et je tourne en boucle dans ma tête
mes parents cassent parfois des verres
ils sont tous les deux d'humeur fragile
moi je ne casse pas grand-chose
comme la vaisselle
qui prend les marques du temps
ma gorge se fissure parfois
Je suis revenu des grands jardins
des chemins de sel
aux horizons transparents
Ici-bas j’ai hurlé
dressé le songe sous des carapaces d’or
Le cristal a gémi dans ma poitrine
j'ai repoussé les tempêtes
j'ai endigué les orages
je suis seul et unique
témoin du temps
j'ai soudoyé l'histoire
j'ai reçu mandat des universités de contre-insurrection
des réducteurs de tête
Mon sexe est une blessure liquide
une armée de solitudes se dresse en moi
je suis d’albâtre et d’agave
des eaux charrient
des misères océanes
plus vieilles que moi
Comment vas-tu lorsque
tu es au loin.
Comment vont tes mains
et tes lèvres.
Comment va ton souffle.
Comment vont tes gestes paisibles.
Comment vont tes pas vifs.
Comment va ton corps très droit.
On a quitté la région
soulevé la soute repéré des layons
séparé les plus vieux des plus fins
loin on a pris à droite et plus rien
ouvert la forêt ajouté des essences
Une femme de verre aux tombeaux étonnés
semant sapins et sources sur la matière bleue
d’un pays sans nom
creusant l’étroit passage qui abritera
ses songes de cendre
ses visages :
nous quitterons
derrière l’horizon
au-delà du reflet
des océans dans le ciel
un jour j’écrirai
mon épitaphe dans le marbre
Pour tenter comme Raymond Queneau
(encore lui ! Toujours lui !)
d’attraper un petit po, un petit po,
un petit poème
qui passerait par là comme un passereau,
un petit poème indigène
je n’arrive pas à faire
comme dans les livres arlequins
parce qu’il y avait tes chansons
qui berçaient les cadavres
tqs dans le noir
Je choisis les nœuds
dans ma gorge
le risque peut bien en exciter d'autres que moi
plus courageux que moi
plus capables que moi
de chevaucher les menaces
de foudre
L’instinct maternel n’est pas
particulièrement développé chez les Reptiles.
Archie Carr, Les Reptiles, p.132
plus grands que nos corps
nous ne dormons plus
qu'à la verticale
quand la nuit se referme
sur nos peaux en état d'alarme
nous pratiquons des entailles
quand les cargos de sel
déverseront la rue Clark
dans ses caniveaux
je n’aurai plus raison
de rester là
dans l’embrasure de la porte
où plus personne ne s’embrasse
désormais
Je m’enfoncerai dans les trous de la plaine
dans la tourbe où s’encaquent les errances effrayées des bisons
meuglant la découverte limitrophe de l’immense pays azuré.
Avant que le vent ne défeuille la vallée
je remonte tous les jours dans mon arbre
car l'odyssée tire à sa fin
à bord de mon vaisseau rouge
du haut de mon vieux pin
j'ai repéré la Croix du Sud
Il y a les larmes des folles tristesses
et des peines minuscules
celles de la colère
plus pointues que des couteaux
plantés dans la poitrine
les larmes d’impuissance
si on me punit
Dans les marais vivent des bêtes que d’aucuns trouvent
innommables
elles leur paraissent le comble de la hidosité
on dit qu’elles s’agitent de façon plus que désagréable
Pour célébrer la terre hors de la nuit
Vaste et fraîche
Mille rayons clairs debout
Je me suis levé
je suis debout dans le soleil et je marche
je marche à la vie à la lutte à la victoire
Rien n’existe hormis ce que j’invente.
Tout est neuf avec chaque matin,
Et si parfois je m’épouvante
Nous aurons des douches neuves remplies d’alluvions et d’odeurs atroces.
Nos corps pleureront des gouttelettes de suie brune.
Tu verras comme nous serons heureux.
Mélancolie. Pour la sonorité du coquelicot. Pour l’étoile de mer sur le rebord de la fenêtre. Pour le cri du coq à l’aube. Pour le sillage de l’avion dans le ciel de juillet.
Enfin si les mots veulent
s’ils veulent
prendre ventre
Que pourrais-je écrire que l’on ne sache déjà ?
Que devrais-je dire que l’on n’ait déjà entendu ?
J’écoute ma voix baroque dans le miroir enflé de litanies sauvages.
Si a et b sont au carré
si la neige s’additionne avec la pluie
et que mon ombre m’accompagne dans la nuit
Je ne veux pas mourir comme on meurt en novembre
avec ce rien de nuit qui nous remplit les yeux
et cette fin du monde au bout de nos regards
Un jour j…
Nous Dames Sarah ! Nous sommes les pêcheurs de lune ;
j’ai succombé à toutes les visions
séduite, surface, série et sérieuse
en toute mobilité et paysages
Ramper avec le serpent
se glisser parmi les lignes
rugir avec la panthère
J’ai pris un coup de lune
à force de veiller la naissance de l’aube
Les criquets scient le calme
Avant que tout éclate en morceaux
j’aimerais écrire dans ta main
un tout petit poème
démarrer à l’acide
passer de l’autre côté des barrières grises
traverser et suivre les pistes du désert de sel
heureusement par miracle par souci de tranquillité par appétit du
malheur par esprit de camaraderie par lâcheté par folie du sacrifice
par résignation par un coup de tête heureusement par mille coups
Compagnon des Amériques
Québec ma terre amère ma terre amande
ma patrie d’haleine dans la touffe des vents
Je suis le Ténébreux, — le Veuf, — l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, — et mon luth constellé
Les rêves échoués desséchés font au ras de la gueule des
rivières
de formidables tas d’ossements muets
J’ai donc parcouru le chemin du monde
qui, de l’argile à l’or, va
d’une mer à l’autre, relie l’entière Terre.
de jouer dans la langue et d’en rire
d’en rêver qu’on find out
qu’on communique
Plein de colère et de raison,
Contre toi, barbare saison,
Je prépare une rude guerre,