Je n’accède pas à la folie
qui descend sur moi
telles les langues de feu.
Les images fabuleuses
se recomposent.
Ma mère la folie s’exerce
devant ses enfants
dans l’espace privé familial
comment c’est
je ne dirai pas davantage
un visage au regard noir
le reste doit s’imaginer
de sa mère même folle
il y a des soins à prendre
cet état est boomerang
le retour sur soi insupportable.
Mais la folie quand reconnue
vue entendue se fige est gravée
l’inconscient prêt à la recevoir.
L’irrecevable douleur
s’enferme et découvre
à contretemps sa présence
aussi certaine que son propre corps.
La monstruosité maintes fois vue
saisie sa forme idoine
intrinsèque ostensible
réalité devenue objectale
mimétique symbiose
si près possédée
je suis comme vous
une même entité indivisée.
Mère vous touchez
ma peau entière.
Vous gravez votre folie
sur ce que je suis
renfermement depuis le réseau
des marquages des brûlures
la consommation des cris.
France Théorêt, « Ma mère la folie » (extrait), Cruauté du jeu, Écrits des Forges, 2017, p. 72-73.