Mention de source
André Pichette, La Presse

Biographie

Figure de proue du féminisme québécois, France Théoret a participé au mouvement de la « nouvelle écriture » associé de près, dans les années 1970 et 1980, à la revue Les herbes rouges. Ses recueils de poèmes en prose et courts récits, d'une écriture exigeante et emportée, témoignent de la souffrance collective des femmes, tout en explorant de façon très personnelle les profondeurs d'une subjectivité qui ne cesse d'interroger son passé, son identité, son corps et sa société. Elle collabore à de nombreuses revues, dont La Barre du jour et cofonde la revue Spirale, dont elle assumera la direction de 1981 à 1985. En 2012, France Théoret reçoit le prix Athanase-David pour l'ensemble de son œuvre.

Entrevue

Lisiez-vous de la poésie quand vous étiez à l'école ? Y a-t-il un poème en particulier dont vous vous souvenez ?

À l’extérieur de l’école (vers dix ou onze ans), j’ai suivi un cours de diction qui avait pour but d’apprendre la prononciation correcte des mots. Je me rappelle les merveilleuses fables de Jean de La Fontaine : « La cigale et la fourmi », « Le loup et l’agneau », « Le renard et le corbeau », « Les animaux malades de la peste ». Autrement, je n’ai aucun souvenir de la poésie à l’école.

Quand avez-vous commencé à écrire de la poésie ? Et quand avez-vous commencé à vous considérer poète ?

J’avais 14 ans, ma correspondante écrivait des poèmes (je les ai encore), en ai-je écrit pour elle? J’ai écrit à l’intention de ma sœur des poèmes destinés à son amoureux. Je n’ai pas conservé les esquisses de poèmes. J’ai longtemps écrit pour jeter au panier. Un seul poème intitulé « Rue Saint-Laurent » apparaît encore dans un cahier. J’ai commencé à me concevoir poète lorsque j’ai publié Bloody Mary en 1977.

Comment voyez-vous le « travail » des poètes ?

L’écriture est, à la fois, spontanée et difficile. Les premiers mots du poème peuvent être donnés, ce qu’on appelle l’inspiration. Ensuite, le travail commence. J’ai l’impression parfois que l’écriture est inachevable. Je lis à haute voix, cherche le ton, le rythme adéquat.

Si vous avez un poème dans notre anthologie, qu’est-ce qui vous a inspiré lors de son écriture ?

L’extrait de « Ma mère la folie » est un poème que j’avais en tête depuis longtemps, autrement dit, un poème que j’aurais pu écrire antérieurement. La folie est un thème puissant, qui accompagne ma pensée, mes lectures, mon sentiment d’exister. Avant de commencer à publier, je lisais beaucoup les écrivaines et les écrivains qui ont connu la psychiatrisation, des épisodes de folie.

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