maintenant nous sommes assis à la grande terrasse
où paraît le soir et les voix parlent un langage inconnu
de plus en plus s’efface la limite entre le ciel et la terre
et surgissent du miroir de vigoureuses étoiles
calmes et filantes
plus loin un long mur blanc
et sa corolle de fenêtres noires
ton visage a la douceur de qui pense à autre chose
ton front se pose sur mon front
des portes claquent des pas surgissent dans l’écho
un sable léger court sur l’asphalte
comme une légère fontaine suffocante
en cette heure tardive et gisante
les banlieues sont des braises d’orange
tu ne finis pas tes phrases
comme s’il fallait comprendre de l’œil
la solitude du verbe
tu es assis au bord du lit
et parfois un grand éclair de chaleur
découvre les toits et ton corps
Se sentir seule mais accompagnée, ici et ailleurs en même temps.
1. Vous arrive-t-il de ne pas savoir ce que pense une personne que vous aimez même si elle est tout près de vous ?
2. Un oxymore est une figure de style qui met côte à côte deux termes opposés pour créer une réalité poétique surprenante. (Ex. : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles » — Corneille)
- Repérez les oxymores dans le poème Maintenant nous sommes assis.
- Choisissez-en un et dites ce qu’il évoque en vous.
3. Observez les vers suivant, contenus dans la quatrième strophe :
« en cette heure tardive et gisante / les banlieues sont des braises d’orange »
- Comment interpréter ces vers ?
- À quoi peut faire référence l’image « braises d’orange » ?
- Quelles sensations peuvent nous évoquer ces deux vers ?
4. Soulignez les lieux contenus dans ce poème.
- Lesquels sont réels ?
- Lesquels sont imaginés ?
- Pouvons nous en être certains et pourquoi ?
5. Quelles possibilités dramatiques entrevoyez-vous à la lecture de ce poème ? Comment votre regard ou votre corps peut-il suggérer les différents espaces proposés par le poème ? Quel sentiment devrait guider votre récitation ?
Activité d’écriture
À la lumière de ce que vous venez de lire, inventez des oxymores semblables à la figure étoiles calmes et filantes contenue dans la première strophe du poème de Marie Uguay.
Vous pouvez vous lancer spontanément dans l’exercice ou appliquer la méthode suivante :
- Écrivez cinq noms communs
- Associez spontanément un adjectif à chacun de ces noms
- Trouvez un autre adjectif qui évoque quelque chose d’opposé ou de lointain au premier.
Vous venez ainsi de créer des images surprenantes !
Essayez ensuite d’employer un ou plusieurs de ces oxymores dans un poème de votre cru.
Liens utiles
- Article de Mario Cloutier par dans La Presse : « Marie Uguay, toujours vivante », 25 juillet 2014
- Long métrage documentaire du cinéaste Jean-Claude Labrecque qui donne la parole à Marie Uguay :
Marie Uguay, Jean-Claude Labrecque, offert par l'Office national du film du Canada
Uguay, Marie (1955-1981), « Maintenant nous sommes assis... », L’Outre-Vie dans Poèmes, Montréal, Les Éditions du Boréal, 2005.