Si j’embrasse

L’instinct maternel n’est pas

particulièrement développé chez les Reptiles.

Archie Carr, Les Reptiles, p.132

 

 

 

contre douces et volcanes je m’efface

contre plans et ratés je m’efface oh m’enfarce

contre la nature affamée et la rue des torrents

contre facture du temps qui monte qui monte je m’efface

 

de tout mon long j’ai faim

de tout mon dragon d’être à mère de vue

je suis bête rare je suis port pas tant atteint

je suis je n’ai rien eu

             mais j’ai perdu pareil

je suis le braille du feu que personne n’entend

 

je pourrais m’échouer

épave en palais d’os

je pourrais mourir d’essouffle

dans le plus grand des bruits monstrailles

avec des vagues, là, en sommets fulgures!

 

je pourrais étendre mes entrailles

m’éparpiller le sang-froid

tous, chacun et sa peut-être mère s’en boucaneraient

 

je refuse. on ne peut ne peut pas

m’avoir abandonné à même mon œuf

je refuse

 

lutte! en rafales

lutte! en amont

lutte! prise de bec! solilutte!

 

si je me fais mourir drette là

             si je me brûle de et par et pour le moi-même

                         si j’embrasse le décès

je ne saurai jamais le pourquoi de moi

ni le si de ma mère si j’embrasse

             Ça finit de même.

Référence bibliographique

Baron Marc-André Lévesque, « Si j’embrasse », Chasse aux licornes, Éditions de l’Écrou, 2015.

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