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Répétition d’un mot ou d’un groupe de mots, souvent en tête de vers.
je pense aux arbres et à leur ancrage
je pense à ma mère juchée bancale dans la cuisine
je pense aux autobus jaunes
dans la cour de récré
cordés en ordre pédagogique
je suis comme tout le monde
ma sonnerie de cellulaire c’est une imitation d’oiseau
un exotique
cui cui
le ménage me prend
Mon peuple écrivait en marchant
mon peuple écrivait sur la ligne de la mémoire
de cette façon, son bagage était moins lourd
il avait la bibliothèque de la terre avec lui
et j’ai vu ma mère perdre du poids
les blessures de ses mains
toujours plus grosses
j’ai vu ma mère faire des nuits blanches
toute une vie
sous la table
Je ne vous suis plus je ne vous suis plus dévoué je ne vous suis plus fidèle j'erre à ma guise enfin hors des sentiers bénis j'erre aux confins de ma vie j'aime aussi
quand on pousse la porte
quand on sort enfin de l’ombre
collée à la peau
on trouve sous nos pas
ce qu’il faut de clarté pour avancer
l’espace est immense
Parfois le silence est tellement tout
qu’on imagine la vie avant le langage
et un fond de poussière
en dedans de nous
le même fond gris
qui ralentit le trait
et nous fige dans cette masse
Grande main qui pèse sur nous
grande main qui nous aplatit contre terre
grande main qui nous brise les ailes
grande main de plomb chaud
La faim me réclame, la faim incommensurable,
la faim excitée par le flottement continu
des étoiles. Elle vient, ma faim, empourprer
mes veines afin de dessiner le bonheur
après la tristesse. Mais le bonheur comme
Ma famille
est une maison est une chambre
où dormir la lumière allumée
je baigne
dans le nid humide de ses soifs
l’avale
avec d’idiotes petites attentions
dans la chambre
porte entrebâillée
un courant d’air
nous rassemblons
nos cailloux
nos vêtements
nos incarnations
— dans nos poches
des miettes de pain
il y a des femmes capables de lire la noirceur
elles apparaissent mobiles en pleine beauté
debout dans l’instant
au cœur flexible d’un territoire
les femmes seules en région
Quand je serai très vieux Demain peut-être Quand l’ange tournera discrètement la page inachevée Quand j’aurai fini de traquer les mots Défaillant d’en avoir tant mis sur la page
Ma maman ou ce qui en reste
n’est pas au ciel
mais dans la terre.
Et si on la retrouve au ciel
elle fait partie d’une étoile si lointaine
que même après deux éternités
J’attends
pour ouvrir la fenêtre
retrouver c’est quoi
la grâce du vide
je me répète souvent
je pense que je vais mieux
d’après tomson highway
personnages :
Comment vas-tu lorsque
tu es au loin.
Comment vont tes mains
et tes lèvres.
Comment va ton souffle.
Comment vont tes gestes paisibles.
Comment vont tes pas vifs.
Comment va ton corps très droit.
Ah mon rire
mon rire gigantesque
mon rire silencieux
mon rire emprisonné derrière mes lèvres
ah ah mon rire
emmuré dans son linceul de glace
je t’entends rugir en moi comme un fauve
chaque matin il pleut des coups de poing
sur le paysage ratatiné
des enfants jouent dans les flaques d’eau
sont passibles de voies de fait graves
le gros monde veut me vendre une église
des habits neufs
de beaux chapeaux
le gros monde veut me border
de fleurs de lampadaires
de taxes foncières
Je choisis les nœuds
dans ma gorge
le risque peut bien en exciter d'autres que moi
plus courageux que moi
plus capables que moi
de chevaucher les menaces
de foudre
L’instinct maternel n’est pas
particulièrement développé chez les Reptiles.
Archie Carr, Les Reptiles, p.132
on me prend cute
pour ici
ou pour emporter
on me prend
par la main
en me disant
c’est incroyable
(pour Jean Marc et Brigitte)
Je me réveille au son d’une pelle qui gratte la
neige.
Je me réveille au son de cloches qui sonnent contre
les fenêtres endormies.
Un jardinier disait à ses mains,
Disait au jardin :
Je suis ta jument je suis ton pré
Nous aurons des douches neuves remplies d’alluvions et d’odeurs atroces.
Nos corps pleureront des gouttelettes de suie brune.
Tu verras comme nous serons heureux.
Ce n’est pas en une fois
Que je saurai ton visage
Un jour j…
Dieu tout au bout de soi-même, quand éclate l’écorce et que les laves coulent de source.
Dieu des ruptures de glace et des bas-fonds généreux.
Je titube dans la ville en flammes
à travers le dédale de ses rues enfumées
la poussière fabuleuse des bidonvilles
Mon âme en est triste à la fin ;
Elle est triste enfin d’être lasse,
Elle est lasse enfin d’être en vain,
Soleil, je t’adore comme les sauvages,
à plat ventre sur le rivage.
Soleil, tu vernis tes chromos,
Je continue ma lente marche de poète
à travers les forêts de ta nuit
province d’ombre peuplée d’aphones
Ma femme à la chevelure de feu de bois
Aux pensées d’éclairs de chaleur
À la taille de sablier
Je t’écris pour te dire que je t’aime
que mon cœur qui voyage tous les jours
— le cœur parti dans la dernière neige
Il est d’étranges soirs, où les fleurs ont une âme,
Où dans l’air énervé flotte du repentir,
Où sur la vague lente et lourde d…
La poussière de l’heure et la cendre du jour
En un brouillard léger flottent au crépuscule.
Un lambeau de soleil au lointain du ciel…