Cette vieille femme
Au pas hésitant vers l'amour
Devient humaine,
Mais la Muse désapprouve.
Cette chair vénérable
Récolte tendresse et pardon
De la main charitable
Mais héberge un démon :
Bonjour, ma chère, asseyez-vous,
Laissez-moi soulager vos tourments;
Ce que vous vivez, je le vécus,
Mais ne le connaîtrai plus à présent.
La passion n'a pas disparu,
Elle s'est simplement contractée
En arme de dernier recours,
Un mot qui n'a pas expiré.
Une mine qui n'a pas sauté,
Dangereuse,
Près du terrain de jeu
De la vie innocente.
Ne vous approchez pas
De cette vieille personne frêle :
Car cinquante années
De frustration accumulée
Peuvent atomiser le calme
Brûler les coeurs,
Et faire pleuvoir sur l'école
L'amour comme le napalm.
Le temps provoque des avertissements
- On dit que la vieille femme « héberge un démon ». Quel est ce démon?
- À qui la vieille dame adresse-t-elle son avertissement?
- Six temps de verbe sont utilisés dans ce court poème. Identifiez-les. Tentez de comprendre comment Elizabeth Smart les utilise pour raconter cette histoire.
- Quoique le personnage principal en soit une « vieille personne frêle », plusieurs mots évoquent la guerre et la destruction. Identifiez-les. À quoi sert ce champ lexical?
- Deux personnes parlent dans ce poème, la narratrice et la vieille dame. En le lisant à voix haute, tentez de souligner avec votre voix le changement de personnage.
Exercice d’écriture :
Si une personne plus jeune que vous venait vous demander un conseil pour être plus heureux, que lui diriez-vous? Répondez-lui sous forme de poème.
Elizabeth Smart, «Un avertissement», Poèmes 1938-1984, Éditions du Noroît, p.92. (Traduction de Marie Frankland)