Je n’ai pas su

Je n’ai pas su.

T’emplir les mains.

Risquer ta peau.

 

On n’en parlera plus.

 

On se déguise dans la cour arrière. On dirait une fin, on dirait que tu y rôdes.

Je reste, encore un instant.

Tu allumes.

Ainsi, comment revoir la chose. Celle qui arrive.

 

Je te parle de feu, de brûler nos peaux, l’entaille : ce qui pourrait être un aveu. Nos paroles inventent de longs stratagèmes, de longues finales.

Partout, on arrête.

On se ferme.

On restera placardés, le nez au sol. Dans nos affaires.

 

On aurait pu s’offrir les manèges et les cinq sous.

Ça ne suffit plus de respirer.

On traverse des enclos.

Le train, poursuit sa chute.

 

On pensait bien tomber d’un malaise. De très haut.

Et les plaies, encore, fissures, comme empreintes.

Te dire les noms de tout ça ; te les dire dans le fond de la bouche.

Inversement on raccorde.

Avant de glisser, regarde la peau qui brûle.

 

Il aurait fallu jouer à d’autres jeux.

 

La porte s’ouvre.

J’entends les tables de chevet brûler dans les corridors.

J’entre.

Il ne vente pas à l’intérieur, mes doigts immobiles, mes cheveux immobiles, mes jambes.

Cette odeur de cendre qui persiste.

Tout comme celle de la rouille.

Pour aller plus loin

1. Regrettez-vous, parfois, de ne pas faire ou de ne pas dire quelque chose ?

 

2. Quel est le rapport au mouvement dans ce poème ? Trouvez les vers associés à ce qui bouge et les vers associés à ce qui ne bouge pas. Qu’est-ce que ce contraste peut évoquer ?

 

3. Relisez les vers suivants, contenus dans la sixième strophe : 

On pensait bien tomber d’un malaise. De très haut.

Comment peut-on interpréter ces vers ? Quelle expression plus courante l’auteure a-t-elle trafiquée pour les former ? Quels sentiments ou quelles sensations peuvent-ils évoquer en nous ?

 

4. En référence au titre, qu’est-ce qu’on n’a pas su ?

 

5. Pouvez-vous moduler le débit de votre voix à la lecture de ce poème ? Ou préférez-vous vous concentrer sur une certaine régularité lorsque vous le lisez ? Pourquoi ?

 

Activité d’écriture

À la lumière de ce que vous venez de lire, écrivez sur un regret que vous avez, sur quelque chose que vous n’avez pas fait et que vous auriez aimé faire.

Inventez une métaphore qui décrit comment vous vous sentez par rapport à cela. 

 

Liens utiles

 

  • Biographie de Geneviève Blais sur le site des éditions Poètes de brousse
  • Lecture de Geneviève Blais lors de l’événement Dehors est un poème, une initiative de La poésie partout : 

Section « Pour aller plus loin » rédigée par
Bibliographical info

Geneviève Blais, « Je n’ai pas su », L’incident se répète, Poètes de brousse, Montréal, 2007.

 

L’autorisation d’afficher ce poème a été offerte gracieusement par les éditions Poètes de brousse.

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