
n’ai rien vu cette année
n’ai pas vu l’automne se déployer
l’acacia flamboyer les grues
s’envoler
n’ai vu que les bombes & encore plus de bombes sur Gaza
en flammes
ni eau & nourriture ni carburant & électricité ni médicament
ni acacia flamboyant ni grues en partance
seulement déluge phosphorique
avec débordant au milieu de la folie
le grand fleuve vivant aux bras multiples
des enfants de Gaza
vos petits corps qui n’auront pas eu le temps de grandir
vos rêves qui n’auront pas eu le temps de fleurir
vos petits corps fleurs de sang
vos rêves envolés sur les ailes du vent
n’ai rien vu de l’automne cette année
n’ai pas dit adieu aux feuilles d’or aux grues
dire adieu adieu à toute chose
comme ils le font là-bas chaque nuit parents & enfants
qui se prennent dans les bras & se disent adieu avant
de s’endormir
Peut-être aurons-nous la chance d’être à nouveau réunis
dans une autre vie une vie qui ne sera pas
ghetto & bantoustans prisons bombes & extinction
Olivia Elias, « n’ai rien vu de l’automne », Ce mont qui regarde la mer, Cambourakis, 2025, p. 68-69.