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Grande main qui pèse sur nous
grande main qui nous aplatit contre terre
grande main qui nous brise les ailes
grande main de plomb chaud
Ma famille
est une maison est une chambre
où dormir la lumière allumée
je baigne
dans le nid humide de ses soifs
l’avale
avec d’idiotes petites attentions
au matin le même tiraillement
le même hibou momifié dans la poitrine
une soif lancinante la tenaille
ça enfle et monte
se loger dans les capillaires
dans les villosités
à la racine des cheveux
la cruauté de la vase la rivière
jusqu’aux genoux ça passait
à courant rapide
ça passait la main sur la bouche comme ça
à même la source un peu plus limace
à chaque respiration un peu plus floppée
Comment vas-tu lorsque
tu es au loin.
Comment vont tes mains
et tes lèvres.
Comment va ton souffle.
Comment vont tes gestes paisibles.
Comment vont tes pas vifs.
Comment va ton corps très droit.
On sait qu’il y aura du sang partout. Puis, la grande immobilité. Après la casse, sur la route, si on s’approche assez pour voir, on me reconnaîtra.
Je coupe au couteau les coins de ma bouche, je suis tout sourire. Le siècle est un souper qui se trempe, s’arrose, s’asperge, se douche, s’inonde.
Le fracas des âmes ne parvient pas
à l’oreille du gardien des flammes
il se brise sur la vitre qui nous sépare
nous emprisonne dans le visible
En novembre, un nouvel incendie a ravagé l’usine des vêtements de l’ouest.
Les neuf étages de l’enfer se sont écrasés sur les ouvriers du pays des terres inondées.
Je choisis les nœuds
dans ma gorge
le risque peut bien en exciter d'autres que moi
plus courageux que moi
plus capables que moi
de chevaucher les menaces
de foudre
plus grands que nos corps
nous ne dormons plus
qu'à la verticale
quand la nuit se referme
sur nos peaux en état d'alarme
nous pratiquons des entailles
Je suis là présent un tremblement de terre,
mais il faut ajouter des orages,
quelque chose qui tient du mortel sacré,
à moins de dire tabula rasa
et d’immenses agitations de gamines,
Le paysage maintenant, le paysage, voilà,
comme des langues de faim
ou des lèvres de froid ou de foule,
Je suis une cage d’oiseau
Une cage d’os
Avec un oiseau
J’ai dans mon cœur un oiseau bleu,
Une charmante créature,
Si mignonne que sa ceinture
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Ni connu ni cru
Ni compris ni cherché
Oui
Un pays sans mémoire est une femme sans miroir
Belle mais qui ne le saurait pas
Un homme qui cherche dans le noir
Leurs jambes pour toutes montures,
Pour tous biens l’or de leurs regards,
Par le chemin des aventures
Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu’à mon âge
Quand sur moi je jette les yeux,
À trente ans me voyant tout vieux,
Mon cœur de frayeur diminue ;