Mon insomnie

Mon insomnie a vu naître les clartés grises.

Le vent contre ma vitre, où cette aurore luit,

Souffle les flèches d’eau d’un orage qui fuit.

Un glas encor sanglote aux lointaines églises...

 

La nue est envolée, et le vent, et le bruit.

L’astre commence à poindre, et ce sont des surprises

De rayons ; les moineaux alignés sur les frises,

Descendent dans la rue où flotte un peu de nuit...

 

Ils se sont tus, les glas qui jetaient tout à l’heure

Le grand pleur de l’airain jusque sur ma demeure.

Ô soleil, maintenant tu ris au trépassé !

 

Soudain, ma pensée entre aux dormants cimetières.

Et j’ai la vision, douce à mon cœur lassé,

De leurs gîtes fleuris aux croix hospitalières...

Référence bibliographique

Alfred Garneau, « Mon insomnie », Poésies, Montréal, Beauchemin, 1906. 

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