Vague est le pont qui passe à demain de naguère
Et du milieu de l’âge on est des deux côtés
Le mur ne fait pas l’ombre et n’est pas la lumière
Qu’on appelait l’hiver qu’on nommera l’été
Il n’est pierre de moi qui dorme quand tu danses
Chacune est une oreille et chacune te voit
Ton immobilité me tient lieu de silence
Et chacun de tes mots tombe à l’envers de moi
Je dis à mots petits de grands espaces d’âge
Qui font en leur milieu croire qu’il est midi
J’ai peur d’être le pont qui prend pour son voyage
Le voyage de l’eau entre ses bras surpris
Il va neiger tantôt d’une neige si calme
Sur des rives de moi où j’hésite à courir
Que je m’attache à tout ce qui me semble halte
Sur la courbe attelée aux chevaux de mourir
C’est un poème comme un voyage, qui prendrait un instant pour regarder s’il est rendu devant ou derrière lui, et pour s’enivrer de la danse, et de ce qui pourrait la faire durer encore.
1. Trouvez le sujet de chaque strophe. Quelle figure de style est utilisée pour décrire ce sujet ? À quelle émotion pouvez-vous associer chacune de ces idées ?
2. Trouvez les images qui parlent du temps. Comment le poème fait-il dialoguer l’idée du temps avec celle de la nature ? Pourquoi selon vous le « je » s’attache-t-il à tout ce qui lui semble halte ?
3. De quoi le « je » du poème a-t-il peur ? Trouvez dans le texte trois stratégies déployées par celui-ci pour combattre sa peur.
4. Lisez ce poème à voix haute en imaginant que vous avez 50 ans. Maintenant que vous avez la sagesse, quel conseil donneriez-vous, à la suite de cette lecture, à quelqu’un qui aurait 15 ans ?
Activité d'écriture
Imaginez un personnage. Séparez sa vie en trois périodes et décrivez-les en une phrase, en comparant chaque période à un élément de la nature.
Lien utile
Entrevue avec Gilles Vigneault à Second Regard, le 19 novembre 2017.
Vigneault, Gilles, « Le pont », Silences, Nouvelles éditions de l’Arc, 1978.