Et je ne sais plus le temps qu’il fait
ni de quelle saison nous tirons ces jours,
je crois qu’il fait de grands escaliers de bois
descendant à la mer ou bien remontant
vers la tiédeur de la prochaine avoine
ou vers une grange aveugle un après-midi de soif.
Je ne sais plus si c’est l’horizon ou l’effroi
ou simplement vos bras qui s’éloignent à mesure.
Un à un, les ciels s’ouvrent comme des berceaux
une à une les crispations de l’histoire
sont acquises à la glaise.
Je ne sais pas non plus de quel vertige
sera faite la prochaine colline
ni de quel étouffement viendra le prochain orage
ou la prochaine solitude.
Vertigineuses sont les courbes des paysages intimes modelés par les histoires.
1. Quel paysage le poème dépeint-il ? S’agit-il d’un paysage extérieur, intérieur ou bien d’un mélange des deux ?
2. Quel effet l’apparition de la conjonction de coordination « et » en début de poème produit-elle ?
3. Les trois strophes du poème commencent par le même constat négatif « je ne sais… ». Quelle émotion cette anaphore engendre-t-elle dans l’esprit du lecteur ?
4. Le verbe « faire » apparaît trois fois dans le poème, dans les vers 1, 3 et 13. Quel sens a-t-il à chacune de ses occurrences et quelles images surprenantes naissent-elles de cette polysémie ?
5. Récitez le poème en changeant de tonalité à chaque strophe en fonction de l’émotion qu’elle vous évoque.
Activité d’écriture
À votre tour, écrivez un poème qui dépeint votre état intérieur en inventant un paysage marqué par une atmosphère météorologique.
Liens utiles
La description du recueil Demains d’où est tiré le poème « Et je ne sais plus » sur le site de l’éditeur.
Rachel Leclerc, « Et je ne sais plus… », Demains, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2007.