Biographie

Éric Charlebois a publié onze recueils de poésie et deux traductions du poète ojibwé David Groulx. Plusieurs de ces recueils ont été couronnés ou finalistes de prix dont le Prix Trillium, Le Droit et le prix de la Ville d’Ottawa, et font l’objet de cursus universitaires. Il travaille à plusieurs projets transdisciplinaires : il est parolier et travaille avec des artistes visuels et médiatiques. Il adore la scène et mène diverses situations de création spontanée, d’impromptu et d’impulsion expulsée qu’il nomme l’« exploésie ». Il est titulaire d'une maîtrise en traduction littéraire. Il est aussi entrepreneur, Conception Idiome (création de contenu, traduction, révision, correction et actualisation) et Apprends et entreprends (pédagogie entrepreneuriale, leadership, diversité, communication, art de la conviction et de la négociation, structure et rayonnement, gouvernance et finances). Il est enfin formateur au Collège La Cité dans le cadre du Programme d'entrepreneuriat immigrant francophone (PEIF).

Entrevue

Lisiez-vous de la poésie quand vous étiez à l'école ? Y a-t-il un poème en particulier dont vous vous souvenez ?

Selon l’enseignant, oui. Il reste que le français était plutôt dans une perspective grammaticale, structurale et syntaxique, non pas rhétorique et sémantique. Je lisais, donc des images insérées à même les romans et des allégories qui étaient de la poésie sans que nous le sussions. Surtout, je lisais des chansons, souvent en anglais. La première chanson qui m’a marqué est « A Day in the Life ». Moi aussi, j’ai alors lu les manchettes : aucune tragédie, que du drame; ça m’a rassuré; tout n’est peut-être pas destiné.

Je me souviens du poème « Pour Cassandre », de Ronsard. Le premier amour seul nous rend vulnérables au temps qui passe, pour nous permettre de nous rendre compte que l’amour n’était que la peur de perdre la jeunesse, un genre de capsule d’immunité que l’on croyait avoir conçue.

Quand avez-vous commencé à écrire de la poésie ? Et quand avez-vous commencé à vous considérer poète ?

J’ai commencé à écrire de la poésie sur le tard, soit en 12e année, quand j’ai compris que je pouvais à la fois écrire et me consacrer au sport. Évidemment, j’avais besoin d’une destinataire, donc d’un amour sublimé issu d’une relation qui fût vouée à l’échec : faire tomber une fille en sachant que l’on n’a pas le temps à lui consacrer, entre l’entraînement, les devoirs et… l’écriture ! Je n’ai trahi que le temps, à travers tout cela, parce que la fille aimait ma poésie.

Comment voyez-vous le « travail » des poètes ?

Un forçat en liberté inconditionnelle. Au front de la sueur. Précision désinvolte. Chirurgien pour l’ablation du vide, la vacuectomie. Révéler la beauté au beau. Ressusciter les natures mortes et donner le sérum viatique aux fruits séchés, nénuphars dans l’océan, glaciers en fleurs dans l’étang, feu de forêt dans la plaine, feu de paille dans un pichet de Kool Aid et une maison en Lego.

Si vous avez un poème dans notre anthologie, qu’est-ce qui vous a inspiré lors de son écriture ?

Dans les derniers relents de la candeur, dans les os calmes de l’homme qui pense avoir tout un avenir devant lui, sans penser que cet avenir peut être parallèle à lui. Trois matins durant, à raison de 45 minutes chaque fois, entre 6 h et 7 h, avant de partir pour l’enseignement, à Chapleau, à la première année d’une carrière qui n’aura duré que huit ans, trop longtemps. J’étais dans la crise entre la tranquillité inadmissible et l’insuffisance des interjections. Le présent fuyait, insaisissable, perçant la couche d’ozone comme l’haleine de Ronsard. Le passé était révolu, criblé de nostalgie incisive et de pathétisme mal placé. Une révélation s’est alors imposée : la mémoire est un mécanisme qui ne ravive pas le passé, mais qui amorce le présent. En effet, ce que je perçois, c’est à travers le rétroviseur télescopique, à travers le pollen des fleurs fanées, à travers les fantômes éternellement hémophiles.

Si vous deviez choisir un poème à mémoriser dans notre anthologie, lequel serait-ce ?

« Barbara », de Prévert : le ton de la langueur, l’imparfait du perdu à jamais et, pourtant, la sémantique de la liberté, la démesure symétrique, la rhétorique du perméable. Le coup de foudre est l’amorce de la guerre : une lutte contre soi, qui ne veut que tendre vers l’être aimé, un peu plus loin qu’au bout des doigts. Quelle connerie que la paix, loin de ceux que l’on aime et des tribulations que peut provoquer une invitation à dîner. Les salves sont des larmes de rage. La pluie est la corrosion sur les lèvres blindées qui suivent les au revoir aveuglants. Adieu ou à mieux ?

Les poèmes

Publications

Titre
Ailes de taule
Maison d'édition
Prise de parole
Date
2015
Type de publication
Recueil
Titre
Sans pitié
Maison d'édition
Éditions David
Date
2016
Type de publication
Recueil
Titre
Compost-partum
Maison d'édition
Éditions David
Date
2014
Type de publication
Recueil
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