Le jour se lève
Mes oiseaux n’enterrent pas
Les papillons de nuit
Je ne suis pas le genre de fille
À me protéger de la pluie
À attendre en file
Ni à courir après quoi
Je ne suis pas fidèle
Toutes me dépassent
Sèches et prêtes
Toujours elles et
Leur petite mort organisée
Je t’aime
Car tu sais que
Je ne serai jamais
Le brouillon
Je te laisse la place
Décision prise
Je fonce dans le mur
Il n’y en a peut-être
Pas
Mes doigts touchent les tiens
Sur le frein à main
Par accident
Organes étampés dans le pare-brise
Souffle coupé par le choc
Tout vrille
Nous conduit
Sous influence
Nous serons à l’heure pour souper
Quelque part
Un endroit
Ni chez toi
Ni chez moi
Libres d’être
Qui et quoi
Et de se rhabiller après
Je n’ai rien à perdre dansons
Éveillés toute la vie
Pour ne pas nous manquer
Dénoncer les agressions avant qu'elles ne se produisent. ant
Sophie Bienvenu, « Le jour se lève… », Ceci n’est pas de l’amour, Poètes de brousse, 2016, p. 71-72.