Ah mon rire...

Ah mon rire

mon rire gigantesque

mon rire silencieux

mon rire emprisonné derrière mes lèvres

ah ah mon rire

emmuré dans son linceul de glace

je t’entends rugir en moi comme un fauve

je te sens qui ballottes en moi

sur le remous tourmenté de ma colère

ah ah ah mon rire

je t’écoute et j’ai peur

mon rire qui n’es pas à moi

mon rire étranger à ma vie

mon rire que les forces de l’inconscient

projettent sur l’écran fragile de ma sensibilité

je te crains plus que mourir

je te crains plus que vivre

ah ah ah ah mon rire

quand tu briseras tes liens

et que hors de moi tu t’enfuyeras

dans l’explosion de tes accords déchaînés

que vas-tu prendre à ma vie t’en iras-tu seul

vers les sphères abolies d’où l’on ne revient pas

Référence bibliographique

Janine Tavernier, « Ah mon rire... », dans Terre de femme : 150 ans de poésie féminine en Haïti, Éditions Bruno Doucey, 2010. 

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