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la parole précise n’a pas de langue
Mon sexe est une blessure liquide
une armée de solitudes se dresse en moi
je suis d’albâtre et d’agave
des eaux charrient
des misères océanes
plus vieilles que moi
Femme du tréfonds des univers
femme coulée d’argile et d’or
femme cadeau de l’enfer
femme trophée de guerre
femme souveraine des hommes
femme entrailles d’abondance
au visage de ma mère
Elle a une main dans la main du désir
Nous ramons en haute mer
Les eaux suffoquées cassées
Masses pendues aux os tendres
Où je meurs au dialogue des corps
Ah mon rire
mon rire gigantesque
mon rire silencieux
mon rire emprisonné derrière mes lèvres
ah ah mon rire
emmuré dans son linceul de glace
je t’entends rugir en moi comme un fauve
Pour célébrer la terre hors de la nuit
Vaste et fraîche
Mille rayons clairs debout
Je me suis levé
je suis debout dans le soleil et je marche
je marche à la vie à la lutte à la victoire
l’après-midi flambe à travers la fenêtre
à l’heure de la sieste
il est interdit de parler au poète
là dans la torpeur de la cour nous aurions arrosé le riz de senteurs de haricots ou de champignons noirs de membres de gallinacées et d’effluves de citronnelle
Les lambeaux de notre amour mitigé
Accrochés aux poutres de mes souvenirs
Imprimés en moi éternellement.
Grand-mère Tida avait une tombe
Grand-mère Tida avait une maison
elle préférait la tombe à la maison
Que pourrais-je écrire que l’on ne sache déjà ?
Que devrais-je dire que l’on n’ait déjà entendu ?
J’écoute ma voix baroque dans le miroir enflé de litanies sauvages.
il y a des volcans qui se meurent
il y a des volcans qui demeurent
il y a des volcans qui ne sont là que pour le vent
Je connais de la vie
Ce qu’on ne veut point dire
Je sais toute la sève coulée au cours des jours.
la vie avait jeté des paillettes
dans ses yeux
elle confondait dès lors le soui-manga et l’aigle
Nous Dames Sarah ! Nous sommes les pêcheurs de lune ;
Parce que chaque mot cache une fin du monde
et que l’ombre rend plus…
Je titube dans la ville en flammes
à travers le dédale de ses rues enfumées
la poussière fabuleuse des bidonvilles
J’ai pris un coup de lune
à force de veiller la naissance de l’aube
Les criquets scient le calme
Je continue ma lente marche de poète
à travers les forêts de ta nuit
province d’ombre peuplée d’aphones
Les rêves échoués desséchés font au ras de la gueule des
rivières
de formidables tas d’ossements muets
Matin. Ciel bleu. Nuages légers.
La montagne. Les arbres. Les fleurs.
Le soleil derrière la montagne
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos, de Moguer, routiers et capitaines