Biographie
Née à Shawinigan en 1960, Isabelle Courteau est détentrice d’une maitrise en création littéraire. Cofondatrice du Festival de la poésie de Montréal, elle en a animé la destinée pendant 22 ans, notamment par la médiation et la création de projets pour les écoles primaires. Deux prix ont distingué ce travail (Henri-Tranquille et Lèvres urbaines). Elle a publié L’Inaliénable (1998), Mouvances (2001) et Ton silence (2004) aux Éditions de l’Hexagone. Elle a ensuite signé À la lisière du monde (2017) aux Écrits des forges et De chacun des jours (2024) aux Éditions de la Pleine lune. On retrouve sa poésie en revue de 1995 à 2024. En parallèle, elle apprécie participer à des rencontres ici, en Europe et en Afrique. Elle apprécie le dialogue intergénérationnel et la diversité des voix. Sa poésie privilégie la médiation avec le paysage urbain ou pas ainsi que l’environnement familial.
Entrevue
Dans mon souvenir, je n’ai pas lu de poésie à l’école primaire. À la bibliothèque de l’école ou à celle de la ville, je choisissais des romans. Mes sœurs ainées me recommandaient des lectures vraiment surprenantes, comme Nouvelles histoires extraordinaires d’Edgard Allan Poe. C’est mon père qui m’a exprimé son enthousiasme pour Les Fables de La Fontaine. Ce fut ma première lecture poétique, je crois.
Adolescente, pour le cours de français de secondaire IV, l’étude du poème « Maison fermée » de Saint-Denys Garneau m’a grandement marquée. Je me souviens encore du paysage sombre et de la maison inquiétante. Les lieux étaient l’objet d’observations et de questionnements sur un ton si mélancolique!
Le premier poème écrit librement, dont je me souviens, avait pour titre « Le petit écureuil » et comportait deux strophes. J’avais autour de huit ans. Tout en joie après l’avoir écrit.
Comme j’ai tenu un journal pendant mon adolescence où se mêlaient récits et poèmes, la question s’est imposée dans la jeune vingtaine : est-ce que la poésie tient une place pour vrai dans ma vie ? La réponse affirmative que je me suit faite m’a amenée à des rencontres nouvelles et à des projets où la poésie, jusque là cachée dans mes cahiers, a commencé à se concrétiser dans l’espace social. J’ai alors entrepris des études littéraires, d’une part, et fait beaucoup de lectures de poésie québécoise et française, et de classiques et de contemporains, d’autre part, pour me constituer un riche bagage littéraire. Bien avant de publier un premier recueil, donc, j’ai pris au sérieux la démarche de création. J’ai mis beaucoup de temps avant de finaliser le manuscrit de ce qui est devenu L’Inaliénable. J’avais 34 ans lorsque je l’ai fait parvenir à un éditeur. Il a mis beaucoup de temps à me répondre puis à le publier. Le fait de publier un premier livre chez un éditeur reconnu constitue le moment où j’ai commencé à me reconnaître en tant que poète parmi la grande famille des poètes.
Je crois qu’une dimension importante du travail est de cultiver un état d’être favorable à la poésie. Une certaine disponibilité intérieure. Ce qui anime ce travail? Je dirais une quête d’absolu et en même temps paradoxalement dans une présence à soi et à l’autre qui se traduit dans le ressenti, les sens et les émotions. Cela ne va pas sans lire et écrire tous les jours. Alors le travail du poète porte sur l’écriture au quotidien comme un exercice pour trouver la justesse d’émotion.
Actuellement ce n’est pas le cas.
Le poème de Joséphine Bacon « Aujourd’hui le printemps… »