Biographie
Née à Montréal, Émilie Turmel habite à Moncton, au Nouveau-Brunswick. Elle est l’autrice des recueils de poésie Casse-gueules (2018, prix René-Leynaud, finaliste au prix Émile-Nelligan), Vanités (2020, prix Louise-Labé), et Berceuses (2023, finaliste au prix Émile-Nelligan), tous parus aux Éditions Poètes de brousse.
Poète multidisciplinaire, elle a conçu et présenté des dizaines de spectacles et de lectures publiques, en plus de participer à des expositions et des initiatives littéraires en tous genres. Quelques-uns de ses textes ont été traduits vers l'anglais, l'espagnol ou le roumain, et plusieurs sont parus en revues ou en anthologies au Canada, en France, en Colombie, en Espagne et en Roumanie.
Titulaire d’une maîtrise en littérature française et d’un diplôme de deuxième cycle en création de livres-objets (U. Laval, 2015), elle a également étudié et enseigné la philosophie. De 2015 à 2018, elle occupe le poste d'adjointe à la programmation de la Maison de la littérature et du festival Québec en toutes lettres, en plus d'être chargée du volet Arts littéraires de la mesure Première Ovation. De 2018 à 2021, elle occupe le poste de direction générale du Festival Frye, le plus important événement littéraire au Canada atlantique. En 2020, elle contribue à fonder le Réseau des arts de la parole et des arts et initiatives littéraires (RAPAIL), nouvel organisme pancanadien. Et depuis 2023, elle est assure la direction littéraire de Perce-Neige, la plus ancienne maison d'édition acadienne toujours en activité.
Elle siège actuellement au bureau de direction du Regroupement des éditeurs franco-canadiens (REFC) et au conseil d'administration du RAPAIL, et poursuit ses projets d'estampe-poésie en tant que membre de l'atelier Imago.
Entrevue
À l’école secondaire, on nous a fait lire Rimbaud et Nelligan. Je me souviens d’avoir appris par cœur « Les animaux malades de la peste », une fable de La Fontaine. On nous faisait aussi écrire des sonnets. J’ai donc longtemps pensé que la poésie ne s’écrivait qu’en alexandrins rimés. C’est plutôt à travers des films que la figure du poète a retenu mon attention pour la première fois : Cyrano de Bergerac et La société des poètes disparus. À l’époque, j’avais somme toute une vision assez romantique de la poésie. Je ne savais pas que c'était un art actuel aussi vivant!
Au cégep, dans un cours de littérature, un enseignant nous a demandé de tenir un journal de lectures. Il fallait y retranscrire des citations et y noter nos impressions. Après ma lecture de « Moments fragiles » de Jacques Brault, j’ai écrit mes premiers vers, un peu comme si je répondais au poète. J’ai alors pris l’habitude de gribouiller des poèmes dans mes cahiers et dans les marges des livres. Je ne prenais pas ça au sérieux, je ne pensais pas que mes poèmes pouvaient intéresser quelqu’un d’autre que moi. C’est un de mes professeurs d’université qui m’a encouragée à soumettre mes textes à des revues et des concours. Puis, avec des ami-es, nous avons fondé un collectif d’auteur-es et nous avons présenté plusieurs spectacles littéraires. À partir de ce moment, je me suis mise à réfléchir à ce qu’était la poésie et ce qu’elle pouvait faire. C’est là que j’ai décidé d’en faire une partie importante de ma vie.
L’arme du poète est la métaphore dans tout ce qu’elle a de déstabilisant. « Sous les mots il déplace toutes choses », écrivait Saint-Denys Garneau. Le poète joue avec les formes du langage pour dévoiler la pluralité du réel. Il donne consistance et épaisseur au vécu. Le travail du poète consiste à donner à sentir et à penser; il pose des questions plutôt qu’il n’impose de réponses; il fait un pas de côté, pour voir le monde différemment.
« Nous » de Geneviève Desrosiers est un grand poème. Je choisirais celui-là. Dans son livre, Nombreux seront nos ennemis, il y a aussi « Mon tendre », à lire et relire.