Biographie
Établie à Rimouski depuis 1996, Annie Landreville a étudié en lettres. Elle a enseigné au cégep et à l’université, en littérature et en communications et a passé près de 30 ans à la radio, entre autres comme journaliste culturelle à Radio-Canada. Elle a publié trois recueils de poésie, soit Partitions aux éditions d’Orphée, Traité de poésie à l’usage des malades modernes, tiré de son projet de Prescriptions poétiques aux éditions Fond’tonne et Date de péremption aux éditions de la Grenouillère qui a reçu le prix Jovette-Bernier en 2019. Elle a un intérêt marqué pour la médiation et la démocratisation des arts littéraires et travaille régulièrement avec des artistes et auteurs de la relève en cocréation et en accompagnement. Elle a remporté le prix Geneviève-Amyot en 2020.
Entrevue
J’ai eu la chance d’avoir des professeurs au primaire qui m’ont faire lire des textes de Nelligan et Rimbaud. Il fallait en choisir un pour l’illustrer avec des encres colorées. J’avais choisi le Dormeur du val de Rimbaud, qui me semblait plus évident à illustrer que le Vaisseau d’or de Nelligan. Mais je suis tombée amoureuse de Nelligan et je me suis mise à lire de la poésie et à me renseigner sur les poètes dans les encyclopédies de la maison.
Par la suite, au secondaire, un professeur, voyant mon intérêt, m’a donné des anthologies de poésie surréaliste et de poètes québécois qui m’ont accompagnée pendant mon adolescence. Il a nourri la bête !
J’ai commencé à écrire de la poésie quand j’ai commencé à en lire. La découverte de ce genre a provoqué quelque chose de fulgurant chez moi. Pouvoir tant dire en si peu de mots ! Ma mère a retrouvé des carnets de poèmes écrits quand j’avais 10-12 ans, des genres de pastiches de Nelligan.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours préféré écrire de la poésie plutôt que de la prose. Au secondaire, des amis me payaient pour que j’écrive des poèmes pour leur amoureux.se !
C’est au cégep que j’ai commencé à me percevoir comme poète, à lire plus sérieusement non seulement de la poésie, mais sur la poésie. C’est là que j’ai commencé à écrire des suites de textes et de petits recueils.
Ouf… toute une question.
En ce qui concerne la création, je crois que c’est d’apporter un éclairage, une vision, un angle inusité à un événement, une émotion, ou un aspect de la société.
En ce qui concerne la diffusion, les poètes, avec le format généralement court du poème, peuvent s’immiscer partout. Sur les scènes de lectures, bien sûr, mais aussi dans des endroits publics, pour apporter la poésie là où on ne la trouve pas, où alors là où on n’ose pas la chercher : dans les tablettes, dans les marchés publics, les cafés, les librairies et les bibliothèques, dans des interventions sur la rue et lors des rassemblements.
La diffusion de la poésie se fait très bien en dehors du livre traditionnel.
Je crois que les poètes ont un rôle social à jouer, en surprenant le public et en le contaminant avec le plaisir de jouer avec la langue, les mots et les images.
J’en ai déjà appris plusieurs par cœur, lorsque j’étudiais en théâtre : Nelligan, Rimbaud, Prévert, Michaux, Baudelaire…
J’aimerais apprendre le « Cantouque des hypothéqués » de Godin, pour l’âpreté de la langue et son côté jubilatoire. Et aussi « Je ferme les yeux » de Louise Desjardins, parce que l’oral ferait ressortir la narrativité de ce poème impressionniste et touchant.