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Tu es l’indice la faute
rends-toi dans la neige
depuis la fuite des nerfs
les veines se séparent pendant le sommeil
les enfants changent de corps en nageant
je recule jusqu’aux rites de passage
les ténèbres étaient ici hier
les terres tranchantes ô joie éteinte
quelques arbres poussaient
non vers le ciel, mais autour du cou
ainsi s’étaient-ils adaptés
aux métamorphoses de notre nature
Ça commence avec un homme seul au milieu de son champ, les yeux dans le vide;
Ça commence avec les os debout d’un orme mort, les os debout d’un orme;
On a quitté la région
soulevé la soute repéré des layons
séparé les plus vieux des plus fins
loin on a pris à droite et plus rien
ouvert la forêt ajouté des essences
Une femme de verre aux tombeaux étonnés
semant sapins et sources sur la matière bleue
d’un pays sans nom
creusant l’étroit passage qui abritera
ses songes de cendre
ses visages :
soudons nos naissances au même rond de terre noire le
pays n’est plus de pierres piquantes nous traversons le
sahara des mémoires ancestrales nous
Ma terre je la prendrai dans ma main
je la soignerai
avec un pan
ma jupe
essuiera ses larmes noires
mes cheveux ses joues creuses
je la bercerai en ses tremblements
je ne dors plus
je ne vous parle pas de moi
qui peut croire que sa vie
intéresse vraiment d’autres vies ?
je vous parle des autres vies
d’une vie autre que la mienne
d’une vie qui ne m’appartient pas
Toutes les fleurs, ma chérie, j’aimerais t’offrir
toutes les brassées d’herbe que je pourrais cueillir,
l’herbe-à-cent-goûts ou l’herbe-à-Pâris,
l’herbe-au-coq, l’herbe-au-fic, aux-ânes, aux-boucs,
le soleil rince la première herbe
du dégel
tes mains pèsent
à l’endroit du cœur
à la place des neiges
sont légères
tes mains
*
Le sentier qui conduisait au lac
dans l’odeur de résine chauffée par le soleil
et la marche élastique sur les aiguilles de pin
(Le Canada ressemble au Canada
J’allai pêcher à la mouche artificielle
Bon an mal an,
bon gré mal gré,
bon pied bon œil,
toujours pareil,
toujours tout neuf,
c’est toujours vrai,
c’est toujours vain,
ça persévère,
ça s’exaspère,
si je ne touche pas les lignes du trottoir
si je me rends au troisième lampadaire sans
m’arrêter de courir
tout va bien aller
ça n’existe pas c’est dans ma tête
le vent joue avec moi comme il parle aux feuilles
tous les jours je me dirige vers le jardin de la gare je songe à
l’énigme de mes gestes pense oui mais je dis non un court-cir-
le gros monde veut me vendre une église
des habits neufs
de beaux chapeaux
le gros monde veut me border
de fleurs de lampadaires
de taxes foncières
L’instinct maternel n’est pas
particulièrement développé chez les Reptiles.
Archie Carr, Les Reptiles, p.132
Je m’enfoncerai dans les trous de la plaine
dans la tourbe où s’encaquent les errances effrayées des bisons
meuglant la découverte limitrophe de l’immense pays azuré.
Il y a des jours où je revois Sudbury
dans l’asphalte craqué des rues de Saint-Boniface.
La mémoire s’écoule comme la noirceur de la ville où j’ai grandi
Avant que le vent ne défeuille la vallée
je remonte tous les jours dans mon arbre
car l'odyssée tire à sa fin
à bord de mon vaisseau rouge
du haut de mon vieux pin
j'ai repéré la Croix du Sud
Tu réveilles en moi des souvenirs confus.
Je t’ai vu, n’est-ce pas? moins triste et moins modeste.
Ta tête sous l’orage avait un noble geste,
L’arbre qui boit du vin
aime qu’on dorme dans son ombre
comme les cerfs et les lapins
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,
Et puis voici mon cœur, qui ne bat que pour vous,
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Il fera longtemps clair ce soir, les jours allongent.
La rumeur du jour vif se disperse et s’enfuit,
Et les arbres, surpris de ne pas voir la nuit,
Dans les marais vivent des bêtes que d’aucuns trouvent
innommables
elles leur paraissent le comble de la hidosité
on dit qu’elles s’agitent de façon plus que désagréable
Un jardinier disait à ses mains,
Disait au jardin :
Je suis ta jument je suis ton pré
Je suis ton ciel je suis ton sol
Je suis ton aile et ton tourment
il y a point deux prusses pareils
à la côte ils poussont tordus
comme des vieux ou des malades
Pour célébrer la terre hors de la nuit
Vaste et fraîche
Mille rayons clairs debout
là dans la torpeur de la cour nous aurions arrosé le riz de senteurs de haricots ou de champignons noirs de membres de gallinacées et d’effluves de citronnelle
Prête-moi ton grand bruit, ta grande allure si douce,
Ton glissement nocturne à travers l’Europe illuminée,
Ô train de luxe ! et l’angoissante musique
Quatre canards dans le lac
Et
Douze chasseurs dans les roseaux
il y a des volcans qui se meurent
il y a des volcans qui demeurent
il y a des volcans qui ne sont là que pour le vent
J’ai pris de la pluie dans mes mains tendues
— De la pluie chaude comme des larmes —
Je l’ai bue comme un philtre, défendu
Leurs jambes pour toutes montures,
Pour tous biens l’or de leurs regards,
Par le chemin des aventures
C’est août qui flambe. Au bois comme au champ tout est mûr.
Le sauvage raisin offre son jus qui grise ;
Le soleil a pourpré la pomme et la cerise ;
Mon insomnie a vu naître les clartés grises.
Le vent contre ma vitre, où cette aurore luit,
Souffle les flèches d’eau d’un orage qui fuit.
Je connais de la vie
Ce qu’on ne veut point dire
Je sais toute la sève coulée au cours des jours.
Je t’attends, ma mignonne au profil de camée.
Quand nous serons ensemble et…
Laisse-le
Il vient
Laisse-lui
Ramper avec le serpent
se glisser parmi les lignes
rugir avec la panthère
faut-tu qu’on corde tous les souvenirs
comme le bois à Beaumont
ça fait quèques semaines que je pense à ça
Si je mourais là-bas sur le front de l’armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt
Avec une jeune veuve,
Tendre encor, j’en ai la preuve,
Parlant breton et français :
Le soleil est ma chair, le soleil est mon cœur,
Le cœur du ciel, mon cœur saignant qui vous fait vivre,
Le soleil, vase d’or, où fume la liqueur
Un pauvre petit grillon
Caché dans l’herbe fleurie
Regardait un papillon
Flambeau de l’Univers, charmant Père du Jour,
Globe d’or et de feu, Centre de la Lumière ;
Admirable Portrait de la Cause première ;
J’ai lu que les poètes, en Chine, sont très doux.
Et qu’il y en a un qui est mort de la lune ;
Et les Chinois ne disent pas qu’il était fou
La mer quand elle a fait son lit sous la lune et les étoiles
et qu’elle veut sombrer tout à fait dans le sommeil ou dans
l’extase
Les oiseaux apparaissent,
S’allume une flamme
Et c’est la femme ;