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La première journée de l’amour est
inconcevablement abrupte ; entièrement faite
de choses arrachées -
- soudain et haut ;
et du jour qui s’élance
en travers de son axe.
*
viens on va aller se promener
je vais te pointer tous les endroits où j’aurais voulu être du temps
que toi tu y étais
ça fera des tracés, une carte, notre Lonely Planet personnel
Ma terre je la prendrai dans ma main
je la soignerai
avec un pan
ma jupe
essuiera ses larmes noires
mes cheveux ses joues creuses
je la bercerai en ses tremblements
je ne dors plus
m : salut
l : salut
m : c’est ta bête
l : je sais
m : ça va?
l : ça va
l : toi?
m : ça va
m : ça fait longtemps
Cher Martin,
La nuit ne porte pas conseil
mais conflit
confusion
et miasme
La nuit accroche des souvenirs à ma porte
lorsque parfois je dors
Tu réveilles en moi des souvenirs confus.
Je t’ai vu, n’est-ce pas? moins triste et moins modeste.
Ta tête sous l’orage avait un noble geste,
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Un pays sans mémoire est une femme sans miroir
Belle mais qui ne le saurait pas
Un homme qui cherche dans le noir
Mélancolie. Pour la sonorité du coquelicot. Pour l’étoile de mer sur le rebord de la fenêtre. Pour le cri du coq à l’aube. Pour le sillage de l’avion dans le ciel de juillet.
maintenant nous sommes assis à la grande terrasse
où paraît le soir et les voix parlent un langage inconnu
de plus en plus s’efface la limite entre le ciel et la terre
Mon insomnie a vu naître les clartés grises.
Le vent contre ma vitre, où cette aurore luit,
Souffle les flèches d’eau d’un orage qui fuit.
J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ?
J’…
Maintenant j’avance sur un terrain miné,
l’espace m’a tout enlevé et je reprends
là où chaque pierre pourrait exploser
j’en veux
encore, toujours plus, insatiable
je veux les remuer à la pelle
Laisse-le
Il vient
Laisse-lui
Comme ruisseaux mes amis vont
le temps s’en va comme rivière
Si vous voulez que j’aime encore,
Rendez-moi l’âge des amours ;
Au crépuscule de mes jours
Je voudrais pour aimer avoir un cœur nouveau
Qui n’eût jamais connu les heures de détresse,
Un cœur qui n’eût battu qu’au spectacle du beau
Mon âme en est triste à la fin ;
Elle est triste enfin d’être lasse,
Elle est lasse enfin d’être en vain,
Soleil, je t’adore comme les sauvages,
à plat ventre sur le rivage.
Soleil, tu vernis tes chromos,
Par Saint-Titiphore du branle-bas
et la taverne du coin
par la draffe d’air et celles qu’on boit
Il va neiger dans quelques jours. Je me souviens
de l’an dernier. Je me souviens de mes tristesses
au coin du feu. Si l’on m’avait demandé : qu'est-ce?
Puis, ce sont les heures à la danse,
— Les hommes ont beau s’aller en peine
Les heures sont allées à la danse ;
Le Nord m’interpelle.
Ce départ nous mène
vers d’autres directions
Au bout du quai
déjà
ce n’est plus la terre
malgré ma barbe de cinq jours
mes poils de tête hirsutes et gras
mes affreux cernes qui toujours
Ton ange a pris le bien et le mal que j’ai faits,
Ô Père, tes moissons exactes sont rentrées.
Les routes de salut se sont enchevêtrées…
Je suis le Ténébreux, — le Veuf, — l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, — et mon luth constellé
Vague est le pont qui passe à demain de naguère
Et du milieu de l’âge on est des deux côtés
Le mur ne fait pas l’ombre et n’est pas la lumière
Il vous naît un poisson qui se met à tourner
Tout de suite au plus noir d’une lame profonde,
Il vous naît une étoile au-dessus de la tête,
Plein de colère et de raison,
Contre toi, barbare saison,
Je prépare une rude guerre,
Il est d’étranges soirs, où les fleurs ont une âme,
Où dans l’air énervé flotte du repentir,
Où sur la vague lente et lourde d’un soupir
La poussière de l’heure et la cendre du jour
En un brouillard léger flottent au crépuscule.
Un lambeau de soleil au lointain du ciel brûle,
I’ bruinait... L’temps était gris,
On n’voyait pus l’ciel... L’atmosphère,
Semblant suer au d’ssus d’Paris,
Journées dans des jours
Vécus à peu près,
Heures sans amour
À pas lents et tardifs tout seul je me promène,
Et mesure en rêvant les plus sauvages lieux ;
Et, pour n’être aperçu, je choisis de mes yeux
Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, se pitié de nous pauvres avez,
Le moulin tourne au fond du soir, très lentement,
Sur un ciel de tristesse et de mélancolie,
Il tourne et tourne, et sa voile, couleur de lie,
Quand sur moi je jette les yeux,
À trente ans me voyant tout vieux,
Mon cœur de frayeur diminue ;
Tout se mêle en un vif éclat de gaîté verte.
Ô le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en chœur,
Ainsi que les espoirs naguères à mon cœur,
De l’éternel Azur la sereine ironie
Accable, belle indolemment comme les fleurs,
Le poète impuissant qui maudit son génie
Ah ! la belle pleine Lune,
Grosse comme une fortune !
La retraite sonne au loin,
J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans.
Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,