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J’ai longtemps cru que les bateaux voguaient par deux
mais il en est qui dorment seuls
dans le fond des estuaires
Ce n’est ni le froid ni la rouille qui les tourmentent
j’éteins les sources d’images, j’éteins les chutes, j’éteins les arbres, j’éteins les crayons sur la table, j’éteins l’eau dans l’évier et la lumière par la fenêtre / j’allume la chaleur autour des corps, j’allume les petits poumons invisibles…
À la hauteur des vents
hisser les poitrails
tout sauvegarder
le rire blanc
et le soleil rouge et natal
ébène ebony blues
chant toujours rage
l’avenir voit rouge
nous repartons vers nos terres
pas à pas
tachés du sang de nos ancêtres
les pas perdus s’évadent du feu sacré
c’est là que les jeunes reforment le cercle
Le rituel de grand-mère
débute avec
l’eau sur
les pieds
les mains
les avant-bras
le visage
elle répète trois fois
avec un soupçon
de Dieu est grand
Et puis quoi d’autre sinon un milliard de routes de nuit éclairées par le cul d’une luciole priée espérée attendue ?
Moi, on ne m’a jamais appris à faire silence
je ne demande
pas grand-chose je serais
discret le silence
énorme de tes mots le creux
donné de tes paumes
mises ensemble
sans chercher au-devant
Ton vœu, offre-le
et je ferai avec toi le chemin.
Nul nom, nul visage
ne répond à cette invitation.
Le chemin s’enfonce dans l’improbable,
Nous Dames Sarah ! Nous sommes les pêcheurs de lune ;
Dieu tout au bout de soi-même, quand éclate l’écorce et que les laves coulent de source.
Dieu des ruptures de glace et des bas-fonds généreux.
Je vis, mais c’est hors de moi-même,
Je vis, mais c’est sans vivre en moi ;
Je vis dans l’objet de ma foi
Avec une jeune veuve,
Tendre encor, j’en ai la preuve,
Parlant breton et français :
Il n’y a jamais de porte entre moi et l’ombre,
jamais de séparation entre tant de pas ;
je marche sans cesse
Étire-toi, la Vie est lasse à ton côté
— Qu'elle dorme de l'aube au soir,
Belle, lasse
Comme un qui s’est perdu dans la forêt profonde
Loin de chemin, d’orée et d’adresse, et de gens :
Comme un qui en la mer grosse d’horribles …
Pâle, elle cria : « Jean ! » du seuil de la chaumière.
Lui, chantait dans les ors lourds des épis penchants.
Midi de son haleine assoupissait les…
Après le long silence fumant,
Après le grand silence civil de maints jours tout fumant de
rumeurs et de fumées,
La vie parfois
comme une affiche lacérée
sur la palissade d’un terrain vague
Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, se pitié de nous pauvres avez,
Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Échevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,