Voir tous les thèmes et registres
Je viens comme une mante religieuse
dévorer le sur-mâle le héros le surhomme
et aspirer ta hache de guerre ô omme
j’ai la démarche effrontée des pécheresses
mes vastes hanches sont les berceaux
tu sombres
dans un lent rêve
au goût métallique
ton dos t’abandonne
tes vertèbres
une à une
s’envolent
à leur place
des biscuits chinois
les nervures de sa voix
pendent au bout du fil
le bûcheur n'a pas eu la job
qui sauverait
ses lauriers de pourvoyeur
il n'a pas su dresser
son tronc grêle
au-dessus de la mêlée
Dans un dictionnaire, il est écrit que
«l'amour est un mouvement,
une affection, de la tendresse».
Je m'efforce de comprendre comment ça peut
disparaître
et je tourne en boucle dans ma tête
Je suis revenu des grands jardins
des chemins de sel
aux horizons transparents
Ici-bas j’ai hurlé
dressé le songe sous des carapaces d’or
Le cristal a gémi dans ma poitrine
Le fleuve n’est pas la mer, pourtant je choisis le chemin du port. Au bout de ces pas, peut-être deviendrai-je aussi porteño que toi.
J’ai perdu ton savoir
Mes yeux ne savent plus lire le vent ni le soleil
Mes mains s’abîment au moindre froid
Je crains l’aridité de ma mère
Je critique même la lenteur de mes sœurs
Le jour se lève
Mes oiseaux n’enterrent pas
Les papillons de nuit
Je ne suis pas le genre de fille
À me protéger de la pluie
À attendre en file
Ni à courir après quoi
Ignores-tu que la réalité est composée de zones sensibles ?
Vois-tu la montagne
Les oiseaux qui en sortent par division
Étrange production soulevée par l’énergie qui la parcourt
Les maisons et les machines
une couche dorée sous un lit
de nuages gris
la lourdeur se divise en étages
saute un peu plus haut
déchire les montagnes
m’aveugle
le soleil
descendre la vitre
il faut le dire ta dernière lettre elle se pesait en
TONNES
Elle écrasait tout dans son grand rectangle noir imprimé :
tandis que les cicatrices
de nos feuilles d’automne
sillonnent la neige frugale
je rêve l’hiver
je rêve l’hiver de toi
que c’est dur de narrer le futur
dans la fragilité du présent
Comment vas-tu lorsque
tu es au loin.
Comment vont tes mains
et tes lèvres.
Comment va ton souffle.
Comment vont tes gestes paisibles.
Comment vont tes pas vifs.
Comment va ton corps très droit.
je ne demande
pas grand-chose je serais
discret le silence
énorme de tes mots le creux
donné de tes paumes
mises ensemble
sans chercher au-devant
Pour bien voir, fais taire en toi toute passion.
Repousse la douleur, l’abîme mélancolique.
Rappelle-toi ceci :
Le monde n’est rien de plus
Qu’un subtil agencement
De lignes et de volumes.
Chaussés de bottes de sept lieues
Buvons à ton chapeau de coyote rayé
Ma douce ma voix ma rivière
Ma rayonnante scriboulinante
Mon anti-satanique rataplanche
Ma Grande Ourse ma Bételgeuse
et puis t’aimes pas les mots tu les connais pas souvent tu
sais pas ce qu’ils veulent dire y’a tout un genre de mots
que tu veux pas entendre ou dire les mots à trois syllabes
Ton vœu, offre-le
et je ferai avec toi le chemin.
Nul nom, nul visage
ne répond à cette invitation.
Le chemin s’enfonce dans l’improbable,
je voulais te dire
mon visage manque
d’un tas de choses
qui t’appartiennent
*
à qui le nez
qui les yeux
les oreilles
viens on va aller se promener
je vais te pointer tous les endroits où j’aurais voulu être du temps
que toi tu y étais
ça fera des tracés, une carte, notre Lonely Planet personnel
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
N’écris pas. Je suis triste, et je voudrais m’éteindre.
Les beaux étés sans toi, c’est la nuit sans flambeau.
J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre,
Un jardinier disait à ses mains,
Disait au jardin :
Je suis ta jument je suis ton pré
Tu es homme, ce soir !
Tu es un homme, mon fils !
Par ta chair meurtrie
Rien n’existe hormis ce que j’invente.
Tout est neuf avec chaque matin,
Et si parfois je m’épouvante
Je suis né un jour
où Dieu était malade
Comme tu sembles calme…
L’ange qui marche obstinément derrière toi
D’un soleil …
Nous aurons des douches neuves remplies d’alluvions et d’odeurs atroces.
Nos corps pleureront des gouttelettes de suie brune.
Tu verras comme nous serons heureux.
Je n’ai pas su.
T’emplir les mains.
Risquer ta peau.
Les lambeaux de notre amour mitigé
Accrochés aux poutres de mes souvenirs
Imprimés en moi éternellement.
Cadence. J’ai cinq ans et ma mère danse tandis que je ne sais pas écrire, « j’ai de beaux oiseaux et des pendants d’oreilles » elle virevolte et chavire dans mes pensées volantes, toute
La grande amour que vous m’aviez donnée
Le vent des jours a rompu ses rayons —
Où fut la flamme, où fut la destinée
Tel que je suis, dans la livide lumière,
Tel que j’écris, mouillé d’un jour lunaire,
l’ombre longue de ma main glissant sur le feuillet,
maintenant nous sommes assis à la grande terrasse
où paraît le soir et les voix parlent un langage inconnu
de plus en plus s’efface la limite entre le ciel et la terre
J’ai pris de la pluie dans mes mains tendues
— De la pluie chaude comme des larmes —
Je l’ai bue comme un philtre, défendu
J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ?
Et je ne sais plus le temps qu’il fait
ni de quelle saison nous tirons ces jours,
je crois qu’il fait de grands escaliers de bois
j’en veux
encore, toujours plus, insatiable
je veux les remuer à la pelle
Je t’attends, ma mignonne au profil de camée.
Quand nous serons ensemble et…
Ce n’est pas en une fois
Que je saurai ton visage
Laisse-le
Il vient
Laisse-lui
Un jour j…
Parce que chaque mot cache une fin du monde
et que l’ombre rend plus…
Toi mon aube déliée des brumes
Reste la nuit
cette boule bleue que tu portais au coin des lèvres
nuit-fumée nuit des lilas-rafales et des seins-pendentifs
chaque jour tu rattrapais la lune
qui fuyait
faut-tu qu’on corde tous les souvenirs
comme le bois à Beaumont
ça fait quèques semaines que je pense à ça