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la vitalité de vos corps m'épuise
de désir et de désespoir
(je vous aime et je vous hais)
(je vous aime plus que je ne vous hais)
je relis les je t'aime écrits à des hommes et le dédoublement est automatique; ce n'est pas moi, je ne vous aime pas.
j’aurais voulu t’aimer plus fort
en marées distinctes et audibles
d’un amour qui n’est pas gris
qui ne fait pas de victime
mais il n’y a eu que des lendemains froids
apprendre à reconnaître les ondulations du racisme en même temps qu'à ouvrir un berlingot de lait dans mon école de pauvres : les faces blanches sur le côté de la pinte sont des enfants disparus.
des vies mirages
tu n’as pas eu le temps de me dire
la forêt des anciens et nos coutumes
perdue entre la route rouge
et l’autoroute blanche
celle de béton plutôt que de lichen
Des lignes de craie blanche
Sur le trottoir tracées
Dessinent clairement
Le corps de la danseuse tuée
Au delà des nuages
En dépit des ordres contraires
De la mort sévère
Depuis les premiers mots
lorsque avec peine j’apprenais
à occuper l’espace
inlassablement je repasse dans mes pas
L'amour,
substantif,
très substantiel,
nom singulier,
genre ni féminin ni masculin,
genre désarmé.
Au pluriel
les amours désarmé(e)s.
La peur,
Quelqu'un finit toujours par me dire
T'es pas rendue trop grande
pour ça ?
Comme s'il y avait un âge limite pour
jouer
niaiser
ne rien faire
flashbacks
à perpétuité
la mémoire est une corde
de bois d'allumage
la prison d'origine
l'armure d'écorce
je me pars une collection
de barreaux
sciés
les nervures de sa voix
pendent au bout du fil
le bûcheur n'a pas eu la job
qui sauverait
ses lauriers de pourvoyeur
il n'a pas su dresser
son tronc grêle
au-dessus de la mêlée
Du passé
né de
fait de
l'air
qui va rare qui souffle ça qui arrache ça
qui se gave d'hôpital.
Mes poumons étroits
ou est-ce un fantôme à chaque doigt
ou est-ce ma tête digne
J'espère qu'il y aura tout le temps
une craque dans la porte
un petit jour
entre les lignes de notre histoire
Mais là j'avoue
j'aimerais troquer mon coeur
pour la simplicité d'un bon bol
Dans un monde parallèle vous ne m’avez pas trahie
Les moments ont continué de se traduire
Chaque page et ses correspondances
Dans ce monde il est resté des lits
De mon côté Les antipodes n’ont pas exercé leur force
Cancer.
C'est le pire mot de tout le vocabulaire.
Un mot qu'on apprend sans le vouloir.
On se réveille un jour
mes parents cassent parfois des verres
ils sont tous les deux d'humeur fragile
moi je ne casse pas grand-chose
comme la vaisselle
qui prend les marques du temps
ma gorge se fissure parfois
Je me souviens du futur, je me souviens du drame entier de
la boue, du désordre, de la boîte de nourriture sur le pas de
ma porte.
Je me souviens des arbres d'une autre vie, du manuscrit plein
Les étoiles amputées par les lumières de la ville
nous ne voyons plus le même ciel que nos ancêtres
nos constellations sont modernes et consuméristes
les bras étoilés tendus d'espérances
L’arbre devant la maison a perdu toutes ses feuilles. Elles ont disparu du jour au lendemain. Je ne me souviens pas de les avoir ratissées.
on se raconte nos destinées
toi, qui navigues les eaux salées
tu n’as pas vingt printemps
Saigon s’affaisse dans la noirceur
II y a un système aux États-Unis
Permettant aux jeunes athlètes
Qui ne finissent pas le high school
Avec des assez bonnes notes pour être admis à l’université
De faire une année de plus
Ma maman ou ce qui en reste
n’est pas au ciel
mais dans la terre.
Et si on la retrouve au ciel
elle fait partie d’une étoile si lointaine
que même après deux éternités
Nous qui n’avons rien
il nous faut regarder les feuilles qui tombent
dans l’air immobile
il nous faut regarder aussi
les feuilles que le vent éparpille
nous qui ne connaissons rien
dans l’immobilité de l’après-midi
bêtes et hommes endormis aux fougères
le grésillement de l’air emprisonne
nos paroles
cette langue nouvelle s’agrippe aux parois
Nous étions là toutes les quatre, Gillian, Jayne, Laurence, et Mazzie s’est amenée avec deux garçons de l’East Side.
au lieu de sortir
je m’assois
fixe le bois franc
de mes yeux gonflés
de longues minutes
mes draps sont encore tachés
de ma dernière bonne baise
les yeux fermés
je rêve
Jean-Talon tentaculaire
mille détours pour se rendre d’une ligne à
l’autre de l’orange à la bleue
je n’ai pas souvent affaire sur la bleue une chance
Christine y habite maintenant ne pas oublier
Ton vœu, offre-le
et je ferai avec toi le chemin.
Nul nom, nul visage
ne répond à cette invitation.
Le chemin s’enfonce dans l’improbable,
Bleue était la neige
comme la ville et les mains qui échappent
tant et tant de rires
pour toi j’aurais voulu parler
toute la nuit
que tombe et retombe la neige
sans dire au revoir jamais
le vent joue avec moi comme il parle aux feuilles
tous les jours je me dirige vers le jardin de la gare je songe à
l’énigme de mes gestes pense oui mais je dis non un court-cir-
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
J’habite un espace où le froid triomphe de l’herbe, où la grisaille règne en lourdeur
…
chaque jour tu rattrapais la lune
qui fuyait
Qui donc passe à cheval dans la nuit et le vent ?
C’est le père avec son enfant.
De son bras, crispé de tendresse,
barque funéraire
sans rame
avec le mort étendu sur une table basse
Je continue ma lente marche de poète
à travers les forêts de ta nuit
province d’ombre peuplée d’aphones
Lentement, sourdement, des vêpres sonnent
Dans la grand’paix de cette vague ville ;
Des arbres gris sur la place frissonnent,
Il vous naît un poisson qui se met à tourner
Tout de suite au plus noir d’une lame profonde,
Il vous naît une étoile au-dessus de la tête,…
Journées dans des jours
Vécus à peu près,
Heures sans amour
Vous aviez mon cœur,
Moi, j’avais le vôtre :
Un cœur pour un cœur ;
Pleurez, doux alcyons ! ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez !
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine…