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Malangas
Échalotes
Mirlitons
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Déshospitalités
Sortir de toute urgence
ramasser
La nature a créé partout sur la terre
un équilibre que personne ne doit rompre
sans en subir les conséquences.
Je suis ici.
Devant ça.
Et je commence,
Les nés fatigués me comprendront.
Henri Michaux, Face aux verrous
Il y a des agencements anatomiques
qui prédisposent à la lenteur
la chemise que tu as laissée
sous une autre lumière
s’approche très près de la menace
on la dirait légère
une si légère menace
autour de l’été
d’un côté comme de l’autre
Nous étions là toutes les quatre, Gillian, Jayne, Laurence, et Mazzie s’est amenée avec deux garçons de l’East Side.
Les femmes de la côte
restent sauvages.
Les hommes chantent
conduisent des chaloupes et parlent
de l’allure des vagues;
les femmes de la côte peignent et
savent réparer des skidoos
Pour bien voir, fais taire en toi toute passion.
Repousse la douleur, l’abîme mélancolique.
Rappelle-toi ceci :
Le monde n’est rien de plus
Qu’un subtil agencement
De lignes et de volumes.
On sait qu’il y aura du sang partout. Puis, la grande immobilité. Après la casse, sur la route, si on s’approche assez pour voir, on me reconnaîtra.
Le bruit que fait Pina Bausch quand elle danse est le bruit d’une bouteille vide, une bouteille qui fend l’air, lancée avec force et retenue avec une force plus grande encore, une bouteille qui remue un peu mais qui ne bouge pas, qui reste dans…
Ça commence avec un homme seul au milieu de son champ, les yeux dans le vide;
Ça commence avec les os debout d’un orme mort, les os debout d’un orme;
au lieu de sortir
je m’assois
fixe le bois franc
de mes yeux gonflés
de longues minutes
mes draps sont encore tachés
de ma dernière bonne baise
les yeux fermés
je rêve
On a quitté la région
soulevé la soute repéré des layons
séparé les plus vieux des plus fins
loin on a pris à droite et plus rien
ouvert la forêt ajouté des essences
chaque matin il pleut des coups de poing
sur le paysage ratatiné
des enfants jouent dans les flaques d’eau
sont passibles de voies de fait graves
La première journée de l’amour est
inconcevablement abrupte ; entièrement faite
de choses arrachées -
- soudain et haut ;
et du jour qui s’élance
en travers de son axe.
Les toilettes chimiques de Sani Mobile
occupent le coin à l’entrée de l’ensemble résidentiel
il y en a de multiples couleurs
pour autant d’états d’âme
un état d’âme peut aussi être en opposition
si je ne touche pas les lignes du trottoir
si je me rends au troisième lampadaire sans
m’arrêter de courir
tout va bien aller
ça n’existe pas c’est dans ma tête
Il y a des jours où je revois Sudbury
dans l’asphalte craqué des rues de Saint-Boniface.
La mémoire s’écoule comme la noirceur de la ville où j’ai grandi
Ma grand-mère a murmuré :
Ton grand-père est vieux comme le chemin.
Seul dans sa chambre,
il lit le journal.
Je voudrais le bercer,
petit corps
Je ne trouve pas toujours
les phrases
pour décrire la lumière
accrochée au rideau de ma chambre
ou les notes d’une chanson
dans mon oreille
Alors je lis des poèmes
avec des images
Je ferme les yeux
Un rayon de soleil
Pénètre mes paupières
Infrarouge
Un filet de sang
Fait son chemin
Hors de moi
Chaque fois
Les servantes faisaient le pain pour les dimanches,
Avec le meilleur lait, avec le meilleur grain,
Le front courbé, le coude en pointe hors des manches,
Je suis une cage d’oiseau
Une cage d’os
Avec un oiseau
Je marche à côté d’une joie
D’une joie qui n’est pas à moi
D’une joie à moi que je ne puis pas prendre
Il était un grand mur blanc - nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle - haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur - sec, sec, sec.
Dans Venise la rouge,
Pas un bateau ne bouge,
Pas un pêcheur dans l’eau,
il y a point deux prusses pareils
à la côte ils poussont tordus
comme des vieux ou des malades
Un pays sans mémoire est une femme sans miroir
Belle mais qui ne le saurait pas
Un homme qui cherche dans le noir
Le sage visage dans le puits
les plis
l’ovale à bajoues,
Qui es-tu ?
Je suis Mamadi, fils de Dioubaté.
D’où viens-tu ?
Qui je suis
Je l’ignore !
L’ange qui marche obstinément derrière toi
D’un soleil …
Grand-mère Tida avait une tombe
Grand-mère Tida avait une maison
elle préférait la tombe à la maison
Quatre canards dans le lac
Et
Douze chasseurs dans les roseaux
du voyage dont je reviens je ne ramène ni souvenirs ni photographies
juste une évidence
j’ai revécu la création de l’univers et l’évolution de toutes les espèces
J’écris comme on consulte un album de photos
une photographie, c’est l’existence au plus-que-parfait du subjonctif
à l’imparfait du subversif, du disjonctif
il y a des volcans qui se meurent
il y a des volcans qui demeurent
il y a des volcans qui ne sont là que pour le vent
maintenant nous sommes assis à la grande terrasse
où paraît le soir et les voix parlent un langage inconnu
de plus en plus s’efface la limite entre le ciel et la terre
Leurs jambes pour toutes montures,
Pour tous biens l’or de leurs regards,
Par le chemin des aventures
C’est août qui flambe. Au bois comme au champ tout est mûr.
Le sauvage raisin offre son jus qui grise ;
Le soleil a pourpré la pomme et la cerise ;
Mon insomnie a vu naître les clartés grises.
Le vent contre ma vitre, où cette aurore luit,
Souffle les flèches d’eau d’un orage qui fuit.
Fès, mamie
mon imprécatrice chauve
aux talons gercés dans la boue de l’hiver
En amont
la nuit
Ils sont entrés dans le café du port
Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s’allume,
Leurs culs en rond,
Connaissant votre humeur je veux bien ma Sylvie,
Que passant votre temps
Avec tous les amants dont vous êtes servie,
Flambeau de l’Univers, charmant Père du Jour,
Globe d’or et de feu, Centre de la Lumière ;
Admirable Portrait de la Cause première ;
Foie de tortue verte truffé
Langouste à la mexicaine
Faisan de la Floride
barque funéraire
sans rame
avec le mort étendu sur une table basse
Les crottés les Ti-Cul
les tarlas les Ti-Casse
ceux qui prennent une patate