Biographie
Rosalie Trudel est née sur le bord du fleuve en 1979. Après avoir œuvré en danse contemporaine, elle écrit aujourd’hui de la poésie, participe à des spectacles littéraires et enseigne la littérature. Elle détient une maîtrise en création littéraire et a été lauréate du prix de poésie Rolande-Gauvin pour L’Ondée, paru en 2013 aux Éditions du Noroît. Elle a aussi participé au collectif Femmes rapaillées, (Mémoire d’encrier, 2016). Sa poésie, sensuelle et atmosphérique, a notamment été présentée au Festival de la poésie de Montréal, à Québec en toutes lettres et au Festival international de poésie de Trois-Rivières. La ville comme la nature, la fragilité et la résilience, l’envie de rejoindre l’autre tout comme l’incommunicabilité sont des thèmes qu’elle chérit. Rosalie a un faible pour la poésie québécoise et ses voix féminines. Les poètes Louise Dupré et Louise Warren, de même que la grande Geneviève Amyot l’inspirent beaucoup.
Entrevue
Oui, je lisais de la poésie! Je lisais les paroles des chansons que j’aimais. Il y avait toujours beaucoup de musique à la maison. Puis au cégep, j’ai découvert Gaston Miron et L’homme rapaillé, « Speak White » de Michèle Lalonde, Claude Gauvreau et l’exploréen, puis plein d’autres poètes qui ont récité lors de la Grande nuit de la poésie en 1970. J’ai été très impressionnée par leur présence, leur force. J’ai été transportée par « La marche à l’amour », par la voix de Miron, par son souffle. Puis, j’ai commencé à dévorer les paroles de chansons de Richard Desjardins. J’ai même choisi ses textes pour faire des travaux de cégep!
Lorsque j’ai publié mon premier recueil de poésie, en 2013, mon père m’a offert un carnet. C’était un petit cahier de poèmes que j’avais fièrement rédigés de 10 à 11 ans. J’y avais numéroté chaque page, donné un titre à chaque poème. Je me souviens que ce projet me tenait à cœur! Depuis cet âge, je me rappelle avoir toujours écrit. Et donc, secrètement, je me suis depuis très longtemps identifiée comme une poète... J’utilisais même mon deuxième prénom, Fée, comme nom de plume pendant un certain temps, comme si cela ajoutait une sorte de magie à la conception de qui j’étais comme poète!
Le « travail » des poètes est pour moi une façon de vivre. C’est une manière d’être au monde, de l’observer, de le ressentir. J’appelle cet état de la « contemplation active ». Le travail des poètes est de capter le monde qui est en lui et qui l’entoure, pour ensuite le mettre en mots. C’est aussi aborder le langage autrement : laisser chaque mot nous surprendre, être ouvert aux sens nouveaux qui pourraient surgir grâce aux nouvelles associations des mots entre eux. Pour moi, être poète, c’est être en état de grande disponibilité. Puis après, il faut revenir sur les premiers jets de poèmes. C’est le travail de réécriture. Alors, on doit être à l’écoute de ce que le poème veut nous dire, et ne pas avoir peur de le modifier, d’en couper, d’en déplacer, d’en recréer des parties. C’est comme un jeu! Un travail sur la forme, pour qu’elle s’accorde avec le fond. Écrire, c’est communiquer avec les gens, au creux de l’oreille.
Ce serait le poème « Maintenant nous sommes assis » de Marie Uguay.