Mention de source
Mathieu Arsenault

Biographie

Jusqu’au début de ma vingtaine, j’essayais d’écrire, mais ce n’était pas très bon, pas bon du tout même. J’essayais sans m’en rendre compte de rejoindre l’image de la poésie ou du roman que j’avais dans ma tête. Puis un jour, je me suis mis à écrire tout ce qui me passait par la tête sans filtre. J’écrivais le plus rapidement que je pouvais pour court-circuiter le plus d’images de la littérature possible. J’écris encore de cette manière, depuis plus de vingt ans.

J’ai lu aussi beaucoup de philosophie. Foucault, Nieztsche, Deleuze, Leibniz, Lucrèce. La philosophie c’est comme le backstore de mon écriture, ça ne paraît pas pour les lecteurs, mais c’est là que la comptabilité se fait, que l’entrepôt se trouve, que la légèreté et la cohérence se construisent.

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Entrevue

Lisiez-vous de la poésie quand vous étiez à l'école ? Y a-t-il un poème en particulier dont vous vous souvenez ?

Malheureusement, ni les professeurs ni mon environnement familial ni social n’étaient perméables à la poésie. Tout le monde avait une image péjorative de la poésie et des poètes. Ou une image hautaine. À mon école, certains étudiants en théâtre utilisaient la poésie pour mépriser les gens ordinaires. Si j’avais découvert la poésie plus tôt, j’aurais eu une meilleure vie. J’ai réfléchi longtemps à la manière de présenter la poésie pour qu’on comprenne qu’elle a sa place partout pour tout le monde.

Quand avez-vous commencé à écrire de la poésie ? Et quand avez-vous commencé à vous considérer poète ?

Quand mon premier manuscrit a été accepté par un éditeur, j’ai demandé s’il allait le publier dans la collection de poésie. Il a dit « non ce n’est pas de la poésie ». Il n’y avait pas de vers, mais pas d’intrigue, des semblants de personnages, mais pas de chapitres. J’ai découvert à la publication de mon deuxième livre que je pouvais lire ces textes dans les soirées de poésie. Les poètes présents à ces soirées ne me voyaient pas comme un romancier. Je ne me suis encore jamais fait inviter pour des tournées, on n’a encore jamais considéré mes livres pour un prix de poésie. Mais on ne m’invite pas plus pour les tournées de romanciers. J’occupe une place à part dans la littérature québécoise et ça me convient parfaitement.

Comment voyez-vous le « travail » des poètes ?

On ne le voit pas. Très peu de poètes sont capables de parler de ce qu’ils font. Je me suis beaucoup posé cette question : comment raconter ma manière d’écrire? Une fois, je donnais un atelier au collège L’Assomption. J’écrivais en silence en même temps que les étudiants. Et puis sans m’en rendre compte je me suis mis à écrire au sujet d’un petit documentaire que j’avais vu deux jours avant où un homme du Liberia racontait comment il devait pardonner chaque jour au commandant dont la compagnie avait mangé le cœur de son fils pendant la guerre civile. Il sentait la responsabilité que la guerre cesse avec ce pardon. Que le cycle des vengeances cesse. Cette scène m’avait marqué, mais dix minutes après je faisais autre chose. C’est revenu de soi-même pendant que j’écrivais. Comme quand on rêve, le matériau provient des détails des derniers jours qui n’ont pas changé le cours de notre journée. Je ne sais pas comment les autres travaillent.

Publications

Titre
Album de finissants
Maison d'édition
Triptyque
Date
2004
Type de publication
Recueil
Titre
Vu d'ici
Maison d'édition
Triptyque
Date
2008
Type de publication
Recueil
Titre
La vie littéraire
Maison d'édition
Le Quartanier
Date
2014
Type de publication
Recueil
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