Biographie

 

Considéré comme le père de la modernité acadienne, le poète Herménégilde Chiasson (1946-  ) est aussi dramaturge, cinéaste et artiste visuel. De descendance acadienne, son regard poétique original et singulier fait de lui l’un des plus grands poètes du Canada français ; et un artiste vivant dualité linguistique et politique. Son œuvre métissée se trouve au croisement du cinéma, de la peinture et de l’écriture. Elle traite de la situation culturelle acadienne prise entre tradition et modernité. L’une des grandes voix de Radio-Canada, il est nommé Chevalier des Arts et des Lettres et reçoit l’Ordre des francophones d’Amérique.  Entre 2003 et 2009, Herménégilde Chiasson fut Lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick.

Entrevue

Lisiez-vous de la poésie quand vous étiez à l'école ? Y a-t-il un poème en particulier dont vous vous souvenez ?

Oui mais de la poésie qui faisait partie de nos livres d’apprentissage du français. J’ai grandi dans un lieu assez défavorisé culturellement parlant où l’accès aux livres était assez difficile pour ne pas dire inexistant. Les manuels scolaires étaient souvent les seuls livres disponibles.

Je crois que les fables de La Fontaine sont sans doute les premiers poèmes dont je me souviens. Mes frères en avaient apprises certaines par cœur et j’ai fait de même.

Quand avez-vous commencé à écrire de la poésie ? Et quand avez-vous commencé à vous considérer poète ?

Je crois que c’est au moment où je suis entré en 10e ou 11e année. Mes amis me demandaient d’écrire des poèmes qu’ils donnaient à leurs amies pour leur faire part de leurs sentiments. J’étais un peu comme Cyrano de Bergerac. Je ne crois pas que je passerais à l’histoire pour ces poèmes mais cela m’a convaincu de la force de la poésie comme moyen d’exprimer des émotions.

 

Comment voyez-vous le « travail » des poètes ?

En fait je crois que je ne me suis jamais conçu comme poète car cela voudrait dire que la poésie est dépendante de quelqu’un ou d’une certaine manière de faire. Je crois au contraire que la poésie est partout et que certaines personnes ont le don, le talent ou le génie de nous la faire voir ou entendre. Pour revenir à la question, je crois plutôt que je me voit comme un écrivain qui se sert de la poésie dans tout ce qu’il fait que ce soit au théâtre, au cinéma, en arts visuels ou en littérature.

Si vous avez un poème dans notre anthologie, qu’est-ce qui vous a inspiré lors de son écriture ?

« Outremer » fait partie d’un livre qui a pour titre « Prophéties ». J’ai commencé à écrire ce livre lors d’une participation au World Festival of Poets à Toronto où, comme son nom l’indique, il y avait des poètes de tous les pays dont plusieurs lisaient dans leur langue d’origine. Je me suis alors amusé à prendre des notes, en me basant sur toutes sortes d’indices sans doute loin du sens de ce qu’ils disaient. Puis j’ai énormément retravaillé ces textes en enlevant tout ce qui aurait pu distraire de ce que je voulais dire. Dans le cas d’ « Outremer » je voulais parler de ma relation à mes parents qui tous les deux ne savaient ni lire ni écrire mais qui avaient le courage et la détermination de résister au pouvoir de ceux qui auraient voulu les dominer.

Si vous deviez choisir un poème à mémoriser dans notre anthologie, lequel serait-ce ?

« Si je mourais là-bas » de Guillaume Apollinaire qui, avec Cendrars et Rimbaud, m’ont fait comprendre à quel point le rythme et la musique sont importants à la poésie pour la rendre accessible et nécessaire. 

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