Biographie
Clara Lagacé est l’autrice du recueil de poésie En cale sèche (David; Prix Jacques-Poirier Outaouais 2018) et du roman Les départs (David, 2022). Elle a également co-réalisé trois œuvres littéraires audio : Poule mouillée (Radio-Hull, 2020), La douceur n’est jamais loin (Mois de la poésie, 2021) et Les envolées (2021). Dans son travail, elle s’intéresse au rapport au lieu et à l’inscription symbolique de Gatineau, sa ville d’origine et de résidence, ainsi qu’au désir d’appartenance.
Entrevue
Au primaire, je me souviens d’avoir appris certains poèmes d’Émile Nelligan par cœur pour un examen oral et de les avoir récités devant la classe sans trop trembler, et au secondaire souvenir d’avoir fait un exposé sur « Les voyelles » d’Arthur Rimbaud en échange d’un bien piètre résultat comme j’avais déjà un tic de langage qui continue de me hanter… « fait que ». À peu près en même temps, mon père m’a fait découvrir les vers drôles de Jacques Prévert. J’ai lu et relu le recueil Paroles durant ces années. En écrivant ceci, je me rends compte que les modèles de poétesses et de contemporain.e.s faisaient défaut et ce, même durant le Cégep. Ce n’est qu’à l’université que j’ai rencontré les mots de Dorothy Livesay, Erin Mouré et autres poétesses canadiennes, ainsi que les vers de Marie Uguay, encore une fois cadeau de mon père.
J’ai commencé à écrire de la poésie d’abord en anglais — ma langue maternelle — durant mes études de premier cycle à l’université. J’ai rejoint le comité de rédaction d’une revue étudiante, une gang de gens vraiment sympathiques, et je me suis lancé dans l’aventure d’écrire et de réfléchir aux mots plus sérieusement. C’était exaltant ! Avant et toujours, il y a eu l’écriture et la lecture. À sept ans, j’affirmais déjà à ma famille que je serais autrice.
C’est le travail de modeler verbes, vers et sons pour faire advenir lumière et persistance. Même si, comme Marie Uguay l’écrit : « Tout poème résiste et une fois écrit meurt d’inexactitude. »
« l’Outaouais », c’est un poème pour ma petite sœur. Je voulais lui parler de mon rapport amour-haine à Gatineau, cette ville qui nous a vu grandir et qu’on a chacune tôt fait de fuir. Ironiquement, au moment où le poème paraît dans l’anthologie des Voix de la poésie, je viens de rentrer habiter à Gatineau. Et pourtant, je me demande encore souvent, comme dans ce poème : combien d’espace faut-il pour rêver d’ailleurs ?
Je n’arrive pas à choisir entre « Maintenant nous sommes assis » de Marie Uguay et « je n’arrive pas à faire… » d’Erika Soucy. Je vais donc dès maintenant travailler à mémoriser les deux. Uguay cisèle l’ordinaire, Soucy le mythifie cruellement. Chacune m’éblouit davantage avec chaque nouvelle lecture de leurs recueils.