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Des vers qui n’ont pas de mètre régulier.
il se passe trop de choses tranquilles
dans ma tasse
pour que je puisse toutes les remarquer
le lait dans mon thé présente son numéro d’hypnose
En fait,
je voudrais habiter sur une ligne
entre mon père et ma mère,
une maison mince avec juste ma chambre
et des provisions,
surtout des biscuits,
même pas cachés en dessous de mon lit,
pour Miriam
sur les rives de l’Outaouais
bercées par le lait chaud au miel lorsque malades
nous avons grandi
loin des rabrouages inutiles
vais-je arriver en retard ?
est-ce que ça vaut
la peine
de courir d’après toi ?
je perds mon temps
tu crois ?
merde !
on s’en fout
au fond
À Manolo Pesantes
Seulement pour déranger, seulement pour ça,
pratiquer une douche au compte-gouttes,
fatiguer la fatigue, désespérer les pleurs…
La nature a créé partout sur la terre
un équilibre que personne ne doit rompre
sans en subir les conséquences.
Le vent hurle comme un énorme loup
Qui bave à l’idée de manger autant de rêves.
Les branches du chêne grattent le mur
Comme les pattes du loup enragé.
On peut entendre ses reniflements
Un coup de vent
La maison tremble
La femme se demande
Si elle aurait dû partir
Les enfants tournent dans leur sommeil
Préoccupés autrement dans leurs rêves
une couche dorée sous un lit
de nuages gris
la lourdeur se divise en étages
saute un peu plus haut
déchire les montagnes
m’aveugle
le soleil
descendre la vitre
Je suis passée
Plus vite qu’un vendredi soir
Pour éviter l’averse
Dans les relents d’hier
Je n’avais pas fait de plan
Dans ma tête tempête
De neige et de rage
Je cherche l’équilibre
le quart de ton
sa place
si petite soit-elle
entre les notes
une fissure à la Cohen
pour faire passer la lumière
nous inspirons l’air
frais dans nos êtres
suffoqués et parlons
de longs mots
anishnaabemowin
que je trace
le long de ta peau
nos cicatrices étirées
jusqu’aux bords
dans leurs
yeux
le même
regard
incendiaire.
leurs pupilles
brûlent
et fument
comme
les dernières
le fleuve approche
j’aimerais briller solitaire,
pleurer sur le ventre de la païenne
jusqu’à m’en écouler le bleu calme de l’iris
C’est loin
Je l’entends souvent
T’en fais de la route
Ça te prend combien de temps
Je comprends
Quand tu pars de l’autre province
Quand tu pars de la capitale
le temps est terne
et je suis comme le temps
en continuum avec l’espace et je me fais
tatouer une hirondelle dans le front
pour chaque tour du monde que je fais
sur notre beau vieux divan brun
il faut le dire ta dernière lettre elle se pesait en
TONNES
Elle écrasait tout dans son grand rectangle noir imprimé :
Et puis quoi d’autre sinon un milliard de routes de nuit éclairées par le cul d’une luciole priée espérée attendue ?
Moi, on ne m’a jamais appris à faire silence
J’attends
pour ouvrir la fenêtre
retrouver c’est quoi
la grâce du vide
je me répète souvent
je pense que je vais mieux
tandis que les cicatrices
de nos feuilles d’automne
sillonnent la neige frugale
je rêve l’hiver
je rêve l’hiver de toi
que c’est dur de narrer le futur
dans la fragilité du présent
Mon sexe est une blessure liquide
une armée de solitudes se dresse en moi
je suis d’albâtre et d’agave
des eaux charrient
des misères océanes
plus vieilles que moi
Comment vas-tu lorsque
tu es au loin.
Comment vont tes mains
et tes lèvres.
Comment va ton souffle.
Comment vont tes gestes paisibles.
Comment vont tes pas vifs.
Comment va ton corps très droit.
nous aimerions vous faire du bien
vous offrir à nos frais
une journée de rêve
voyage payé par le poème tout compris
des ortolans de l’eau turquoise
cocotiers ventilateurs
sais-tu, ombre, que je t’aime d’avoir troublé mon chemin
la nuit à peine terminée les vannes refermées
pour un long temps ils dormaient côte à côte
Je suis ici.
Devant ça.
Et je commence,
Les nés fatigués me comprendront.
Henri Michaux, Face aux verrous
Il y a des agencements anatomiques
qui prédisposent à la lenteur
Je me nommerai Mississippi
Assiniboine
Azueï
Oaxaca
j’aurai un nom de reine
ma fleur d’origine
Je suis
j’existe
la chemise que tu as laissée
sous une autre lumière
s’approche très près de la menace
on la dirait légère
une si légère menace
autour de l’été
d’un côté comme de l’autre
Nous qui n’avons rien
il nous faut regarder les feuilles qui tombent
dans l’air immobile
il nous faut regarder aussi
les feuilles que le vent éparpille
nous qui ne connaissons rien
dans l’immobilité de l’après-midi
bêtes et hommes endormis aux fougères
le grésillement de l’air emprisonne
nos paroles
cette langue nouvelle s’agrippe aux parois
Không có gì bằng cơm vời cá.
Không có gì bằng má vời con.
- Proverbe vietnamien
Ne sais-tu pas? L’amour d’une mère
Tu es l’indice la faute
rends-toi dans la neige
depuis la fuite des nerfs
les veines se séparent pendant le sommeil
les enfants changent de corps en nageant
je recule jusqu’aux rites de passage
Ça suffit
Aucun geste
Je paie mes factures
Silence
Je réponds
Que je parle des yeux
Il y a tout à comprendre
Immédiatement je jeûne
Pour quelques minutes
Dans le jardin attendent encore
quelques planches abandonnées
Maman ouvre la porte
appuie sa joue contre les pierres
ridées
Devant
la baptiste dévorée de lumière
les ténèbres étaient ici hier
les terres tranchantes ô joie éteinte
quelques arbres poussaient
non vers le ciel, mais autour du cou
ainsi s’étaient-ils adaptés
aux métamorphoses de notre nature
des fois j’ai fait le tour
j’ai fait le tour de l’appartement
le tour du loyer
le tour de ma job à 14 $ de l’heure
des fois j’ai fait le tour de l’amour
des fois je pleure pour rien
Ce fut comme si soudain
il avait mis son cœur
à l’envers
comme si
dans le verger de ses bras
le fruit de son cœur
soudain était tombé
Les enfants racontent
leurs cauchemars
pendant que les femmes
dansent
avec les hommes
sous un abri
de pacotille
tout peut changer
en une minute
de frayeur
Elle a une main dans la main du désir
Nous ramons en haute mer
Les eaux suffoquées cassées
Masses pendues aux os tendres
Où je meurs au dialogue des corps
Je n’accède pas à la folie
qui descend sur moi
telles les langues de feu.
Les images fabuleuses
se recomposent.
Ma mère la folie s’exerce
Pendant que les hommes
signent des grandes paix
qui s’inscrivent en lettres d’or
dans l’histoire,
Les femmes signent
des milliers de petites paix
à chaque minute dans leur famille,
On a quitté la région
soulevé la soute repéré des layons
séparé les plus vieux des plus fins
loin on a pris à droite et plus rien
ouvert la forêt ajouté des essences
Une femme de verre aux tombeaux étonnés
semant sapins et sources sur la matière bleue
d’un pays sans nom
creusant l’étroit passage qui abritera
ses songes de cendre
ses visages :
Jean-Talon tentaculaire
mille détours pour se rendre d’une ligne à
l’autre de l’orange à la bleue
je n’ai pas souvent affaire sur la bleue une chance
Christine y habite maintenant ne pas oublier
nous quitterons
derrière l’horizon
au-delà du reflet
chaque matin il pleut des coups de poing
sur le paysage ratatiné
des enfants jouent dans les flaques d’eau
sont passibles de voies de fait graves
et puis t’aimes pas les mots tu les connais pas souvent tu
sais pas ce qu’ils veulent dire y’a tout un genre de mots
que tu veux pas entendre ou dire les mots à trois syllabes
Ton vœu, offre-le
et je ferai avec toi le chemin.
Nul nom, nul visage
ne répond à cette invitation.
Le chemin s’enfonce dans l’improbable,
Ils n’ont pas su regarder ils ont laissé
Vieillir le temps
Le dernier miracle se balance
À la poutre du garage
C’est toujours la même voix
Perdue la même voix de couteaux qui appelle
La première journée de l’amour est
inconcevablement abrupte ; entièrement faite
de choses arrachées -
- soudain et haut ;
et du jour qui s’élance
en travers de son axe.