Seule sur Terre

j’étais ciel
et je rêvais bleu
du rouge dans les yeux
ce feu semble heureux

dans cette aurore polaire
le violet régnait sur ce ciel
à mes pieds
le reflet orange des flammes

à côté de mon feu
un beau sapin vert
une lueur d’espoir

il restera jusqu’à Noël
sur son tronc brun
avec moi, dans mes bras

là, l’aurore vire au rose
elle ne s'éteindra que demain
au magnifique lever du soleil
quand ses rayons jaunes nous atteindront
la neige blanche va fondre

peut-être ma sœur reviendra
elle devrait, un jour ou l’autre
au malheureux cas qu’elle ne vienne pas
quand sera le temps de fêter Noël
mon âme fêtera seule

ma peau noire comme les corbeaux
mon manteau aussi gris que la roche
je pourrais partir d’ici, mais je ne peux pas

pour le moment, j’aimerais partir
tandis que mon esprit restera ici
à attendre ma chère sœur
qui ne viendra pas
pas cette année

on verra à la prochaine aurore
si l’aurore passera du violet au rose
si mon prochain feu restera orange
s'il est possible qu’elle revienne

je me pose une question
est-il possible
pour une personne comme moi
une personne sans maison
seule dans la forêt de toutes ces couleurs
est-il possible
de vivre en paix

sans être menacée par des renards roux
sans être menacée des loups au pelage gris
des animaux aux yeux bleus
est-il possible d’aller à la cité du ciel
cet endroit où toute ma folie s’arrêtera

est-ce que cet endroit existe
est-il une légende
de la fiction
moi je ne le saurai jamais
malheureusement
je vivrai jusqu’à la fin de la Terre

la fin de notre planète bleue
une planète où je suis
la dernière personne
la seule personne ici

tout le monde est parti
et je resterai
seule
seule sur Terre

à jamais seule

 

 

Ce poème est le gagnant du mois de novembre 2022 du prix C'est tout un poème ! et s'inspire de l'exercice de création proposé par Rodney Saint-Éloi, « Des associations nature-couleurs ».

Voici ce que notre éditrice Annie Lafleur en a pensé : « Poème céleste qui évoque la solitude existentielle du Petit Prince et l'amour sororal le plus pur. Célébration de la nature boréale avec une pointe d'éco-anxiété : ici, la solitude est plus grande que nature. »

Emmanuel Kwadzo

Emmanuel Kwadzo

Année: 2e secondaire / 8e année
Collège Jesus-Marie de Sillery
Québec, QC

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