Le rouge de mes joues
N’est pas artificiel
Aujourd’hui
Présage du tsunami de mes yeux
Car on m’a appris que c’est tout ce que je peux faire
Ça ne se fait pas
S’indigner
Mes larmes ont la couleur du sang
Le mien
Je suppose
Et celui de toutes les autres
J’ai perdu le combat sur mon propre corps
Mais
Je ne suis pas morte
Pourtant
C’est comme si j’avais une bombe
Qui venait d’exploser
Dans le creux de mon ventre
Les parcelles de moi se sont éparpillées un peu partout
Et je n’ai pas le droit de les collecter
Je n’ai plus le droit
De décider pour moi
Mon cœur s’est fracturé en même temps que le monde
Je crains de ne plus pouvoir être moi-même
De devenir une marionnette contre mon gré
D’artistes fous
J’ai peur de mourir étouffée
De mes paroles trop longtemps coincées dans ma gorge
Qu’elles se transforment en boa
S’enroulant autour de mon corps
Corps étranger glissant sur moi
Avant de se resserrer
Autour de mon cou
Tout brûle
Autour de moi
Les flammes m’engouffrent
L’esprit en feu
Je me consume
Jusqu’à la dernière goutte
D’essence
De mon âme
On dirait bien que les pompiers
Ne peuvent rien pour moi
Je suis destinée
À brûler
Au sein
De ces idées incendiaires
Qui crachent de leur lait
Inflammable
Y a-t-il moyen d’éteindre
Ce qui semble inextinguible?