Voir tous les thèmes et registres
Il pleut, il pleut, bergère,
Presse tes blancs moutons ;
Allons sous ma chaumière,
Flambeau de l’Univers, charmant Père du Jour,
Globe d’or et de feu, Centre de la Lumière ;
Admirable Portrait de la Cause première ;
Le bateau sentait le thé
Quand nous traversions la mer,
À deux, à trois, pour aller
J’ai lu que les poètes, en Chine, sont très doux.
Et qu’il y en a un qui est mort de la lune ;
Et les Chinois ne disent pas qu’il était fou
Qui donc passe à cheval dans la nuit et le vent ?
C’est le père avec son enfant.
De son bras, crispé de tendresse,
Voici l’âge des fous charmants.
Tu as leur âge. Es-tu fou ?
Voici l’âge du tohu-bohu.
Soleil, je t’adore comme les sauvages,
à plat ventre sur le rivage.
Soleil, tu vernis tes chromos,
Foie de tortue verte truffé
Langouste à la mexicaine
Faisan de la Floride
Je t’attendais ainsi qu’on attend les navires
Dans les années de sécheresse quand le blé
Ne monte pas plus haut qu’une oreille dans l’herbe
barque funéraire
sans rame
avec le mort étendu sur une table basse
Par Saint-Titiphore du branle-bas
et la taverne du coin
par la draffe d’air et celles qu’on boit
Les crottés les Ti-Cul
les tarlas les Ti-Casse
ceux qui prennent une patate
La mer quand elle a fait son lit sous la lune et les étoiles
et qu’elle veut sombrer tout à fait dans le sommeil ou dans
l’extase
Les oiseaux apparaissent,
S’allume une flamme
Et c’est la femme ;
Pierre contre pierre
épouse contre époux
nous nous sommes prêté force
Il met ses lunettes de soleil
Un hijab pour son âme
Pour stopper son cri de détresse
Le coq égosillé chancelle comme un pitre.
Par grands coups de clarté, le soleil cogne aux vitres
Et, dans un remuement de feuillage et d’oiseaux,
J’ai pris un coup de lune
à force de veiller la naissance de l’aube
Les criquets scient le calme
Je continue ma lente marche de poète
à travers les forêts de ta nuit
province d’ombre peuplée d’aphones
Il va neiger dans quelques jours. Je me souviens
de l’an dernier. Je me souviens de mes tristesses
au coin du feu. Si l’on m’avait demandé : qu'est-ce?
Avant que tout éclate en morceaux
j’aimerais écrire dans ta main
un tout petit poème
cuir rouge
peau verte
soupe aux pois jaunes du Québec
Signes des hommes, voici pour vous mes nuits.
Langue, sois-moi toutes les langues !
Cinquante langues, monde d’une voix !
Pour dormir ou ne pas dormir jour et nuit
Je pose ma tête sur les genoux de Jany.
L’ombre la lumière le jour la nuit
Ma femme à la chevelure de feu de bois
Aux pensées d’éclairs de chaleur
À la taille de sablier
Mon avion en flammes mon château inondé de vin du Rhin
mon ghetto d’iris noir mon oreille de…
Lentement, sourdement, des vêpres sonnent
Dans la grand’paix de cette vague ville ;
Des arbres gris sur la place frissonnent,
Puis, ce sont les heures à la danse,
— Les hommes ont beau s’aller en peine
Les heures sont allées à la danse ;
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : « Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton cœur plein d’effroi
Je veux te raconter, ô molle enchanteresse !
Les diverses beautés qui parent ta jeunesse ;
Je veux te peindre ta beauté,
Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu’en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.
C’est un drôle d’enfant
C’est un oiseau
Il n’est plus là
Je t’écris pour te dire que je t’aime
que mon cœur qui voyage tous les jours
— le cœur parti dans la dernière neige
J’avais un grand arbre vert
Où nichait mon enfance ailée,
Un arbre grand troué de lumière
Au bout du quai
déjà
ce n’est plus la terre
le temps tombe
familles giboulées passereaux
Je suis le Ténébreux, — le Veuf, — l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, — et mon luth constellé
Les rêves échoués desséchés font au ras de la gueule des
rivières
de formidables tas d’ossements muets
nous ne partirons pas
cette banquise neurasthénique porte l’espoir
des morts qui ne sont pas nés
Vague est le pont qui passe à demain de naguère
Et du milieu de l’âge on est des deux côtés
Le mur ne fait pas l’ombre et n’est pas la lumière
Il existe pourtant des pommes et des oranges
Cézanne tenant d’une seule main
toute l’amplitude féconde de la terre
Je t’ai dit :
— Écoute le silence sous les colères flamboyantes
La voix de l’Afrique planant au-dessus de la rage des canons longs
Il n’y a jamais de porte entre moi et l’ombre,
jamais de séparation entre tant de pas ;
je marche sans cesse
L’homme est en haut de son siège, porté
magnifiquement au-dessus des choses ;
la ligne qu’il trace avec ses épaules
Voyage
dans la parole
Où trouver, moi,
rencontré le lilas rencontré la nana
salut lilas salut nana
mangé le lilas mangé la nana
L’enfant qui jouait le voilà maigre et courbé
L’enfant qui pleurait le voilà les yeux brûlés
L’enfant qui dansait une ronde le voilà qui court après le tramway
Le soleil luit
Le monde est complet
Est-ce déjà l’heure
Ma tendre peur
Est-ce l’heure l’heure
Il manquait quelque chose
dans le miroir
peut-être les tentures bleues