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Dans respirer m’a dit Goethe il y a deux grâces
l’air qu’on s’incorpore et celui qu’on lâche
la peine que j’ai moi c’est à rendre l’âme
Il l’emparouille et l’endosque contre terre ;
Il le rague et le roupète jusqu’à son drâle ;
Il le pratèle et le libucque et lui barufle les ouillais ;
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Un oiseau chante ne sais où
C’est je crois ton âme qui veille
Parmi tous les soldats d’un sou
Si je mourais là-bas sur le front de l’armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt
Si vous voulez que j’aime encore,
Rendez-moi l’âge des amours ;
Au crépuscule de mes jours
Je vis, mais c’est hors de moi-même,
Je vis, mais c’est sans vivre en moi ;
Je vis dans l’objet de ma foi
Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D’une aile inquiète et folle vole sur la mer.
Avec une jeune veuve,
Tendre encor, j’en ai la preuve,
Parlant breton et français :
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot soudain devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse, et j’étais ton féal ;
Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s’allume,
Leurs culs en rond,
Hôpital ! hôpital au bord du canal !
Hôpital au mois de Juillet !
On y fait du feu dans la salle !
Je voudrais pour aimer avoir un cœur nouveau
Qui n’eût jamais connu les heures de détresse,
Un cœur qui n’eût battu qu’au spectacle du beau
Mon âme en est triste à la fin ;
Elle est triste enfin d’être lasse,
Elle est lasse enfin d’être en vain,
Connaissant votre humeur je veux bien ma Sylvie,
Que passant votre temps
Avec tous les amants dont vous êtes servie,
Le soleil est ma chair, le soleil est mon cœur,
Le cœur du ciel, mon cœur saignant qui vous fait vivre,
Le soleil, vase d’or, où fume la liqueur
Un pauvre petit grillon
Caché dans l’herbe fleurie
Regardait un papillon
Il pleut, il pleut, bergère,
Presse tes blancs moutons ;
Allons sous ma chaumière,
Flambeau de l’Univers, charmant Père du Jour,
Globe d’or et de feu, Centre de la Lumière ;
Admirable Portrait de la Cause première ;
Le bateau sentait le thé
Quand nous traversions la mer,
À deux, à trois, pour aller
J’ai lu que les poètes, en Chine, sont très doux.
Et qu’il y en a un qui est mort de la lune ;
Et les Chinois ne disent pas qu’il était fou
Qui donc passe à cheval dans la nuit et le vent ?
C’est le père avec son enfant.
De son bras, crispé de tendresse,
Voici l’âge des fous charmants.
Tu as leur âge. Es-tu fou ?
Voici l’âge du tohu-bohu.
Soleil, je t’adore comme les sauvages,
à plat ventre sur le rivage.
Soleil, tu vernis tes chromos,
Foie de tortue verte truffé
Langouste à la mexicaine
Faisan de la Floride
Je t’attendais ainsi qu’on attend les navires
Dans les années de sécheresse quand le blé
Ne monte pas plus haut qu’une oreille dans l’herbe
barque funéraire
sans rame
avec le mort étendu sur une table basse
Par Saint-Titiphore du branle-bas
et la taverne du coin
par la draffe d’air et celles qu’on boit
Les crottés les Ti-Cul
les tarlas les Ti-Casse
ceux qui prennent une patate
La mer quand elle a fait son lit sous la lune et les étoiles
et qu’elle veut sombrer tout à fait dans le sommeil ou dans
l’extase
Les oiseaux apparaissent,
S’allume une flamme
Et c’est la femme ;
Pierre contre pierre
épouse contre époux
nous nous sommes prêté force
Oh Rimbaud mon punk de gloire
Comme l’Elvis du rictus et du pelvis
Le bel Elvis des jambes de sorcellerie
Il met ses lunettes de soleil
Un hijab pour son âme
Pour stopper son cri de détresse
Le coq égosillé chancelle comme un pitre.
Par grands coups de clarté, le soleil cogne aux vitres
Et, dans un remuement de feuillage et d’oiseaux,
J’ai pris un coup de lune
à force de veiller la naissance de l’aube
Les criquets scient le calme
Je continue ma lente marche de poète
à travers les forêts de ta nuit
province d’ombre peuplée d’aphones
Il va neiger dans quelques jours. Je me souviens
de l’an dernier. Je me souviens de mes tristesses
au coin du feu. Si l’on m’avait demandé : qu'est-ce?
Je repasse ta lettre, à l’ombre du ciel bleu du parasol.
À mes pieds, la mer molle se froisse rythmique à l’arène
Le chant s’essore. La mer jusqu’à la passe est pareille à tes yeux de sable et d’algues
Avant que tout éclate en morceaux
j’aimerais écrire dans ta main
un tout petit poème
cuir rouge
peau verte
soupe aux pois jaunes du Québec
Signes des hommes, voici pour vous mes nuits.
Langue, sois-moi toutes les langues !
Cinquante langues, monde d’une voix !
Pour dormir ou ne pas dormir jour et nuit
Je pose ma tête sur les genoux de Jany.
L’ombre la lumière le jour la nuit
Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize...
Dans les montagnes de Cachemire
Vit le sultan de Salamandragore
Le jour il fait tuer un tas de monde
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
démarrer à l’acide
passer de l’autre côté des barrières grises
traverser et suivre les pistes du désert de sel
heureusement par miracle par souci de tranquillité par appétit du
malheur par esprit de camaraderie par lâcheté par folie du sacrifice
par résignation par un coup de tête heureusement par mille coups
À l’heure où la lumière enfouit son visage
dans notre cou, on crie les nouvelles du soir,
on nous écorche. L’air est doux. Gens de passage
Nous habitons une maison légère haut dans les airs,
le vent et la lumière la cloisonnent en se croisant,
parfois tout est si clair que nous en oublions les ans,