CHOIX DU PUBLIC
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Mon insomnie a vu naître les clartés grises.
Le vent contre ma vitre, où cette aurore luit,
Souffle les flèches d’eau d’un orage qui fuit.
Et je ne sais plus le temps qu’il fait
ni de quelle saison nous tirons ces jours,
je crois qu’il fait de grands escaliers de bois
la vie avait jeté des paillettes
dans ses yeux
elle confondait dès lors le soui-manga et l’aigle
Maintenant j’avance sur un terrain miné,
l’espace m’a tout enlevé et je reprends
là où chaque pierre pourrait exploser
Je pressens cette terre sans arbres
et pure de ne dresser aucun obstacle,
et les visages eux-mêmes vidés de tout destin,
j’en veux
encore, toujours plus, insatiable
je veux les remuer à la pelle
Je t’attends, ma mignonne au profil de camée.
Quand nous serons ensemble et…
L’…
C’est la guerre
c’est très excitant
Laisse-le
Il vient
Laisse-lui
J’habite un espace où le froid triomphe de l’herbe, où la grisaille règne en lourdeur
…
Comme ruisseaux mes amis vont
le temps s’en va comme rivière
Un jour j…
Toi mon aube déliée des brumes
Puisque voici Ma Dame Lune
Par les lucarnes des maisons,
Voici pour nous bonne fortune,
j’ai succombé à toutes les visions
séduite, surface, série et sérieuse
en toute mobilité et paysages
Reste la nuit
cette boule bleue que tu portais au coin des lèvres
nuit-fumée nuit des lilas-rafales et des seins-pendentifs
Certitude de solitude.
Que je niaiserais.
Totalement seul ce soir.
Le matin se lève toujours trop tôt
car le cœur ne vibre
que la nuit, dans le noir
Dieu tout au bout de soi-même, quand éclate l’écorce et que les laves coulent de source.
Dieu des ruptures de glace et des bas-fonds généreux.
faut-tu qu’on corde tous les souvenirs
comme le bois à Beaumont
ça fait quèques semaines que je pense à ça
Je voudrais pour aimer avoir un cœur nouveau
Qui n’eût jamais connu les heures de détresse,
Un cœur qui n’eût battu qu’au spectacle du beau
Sylvia et Ann boivent des martinis dans le bar
d’un hôtel à Boston. Leurs robes aux motifs soyeux
s’enroulent autour de leurs doigts ; elles se demandent
Le bateau sentait le thé
Quand nous traversions la mer,
À deux, à trois, pour aller
barque funéraire
sans rame
avec le mort étendu sur une table basse
Par Saint-Titiphore du branle-bas
et la taverne du coin
par la draffe d’air et celles qu’on boit
Les crottés les Ti-Cul
les tarlas les Ti-Casse
ceux qui prennent une patate
J’avais un fantôme dans le cœur
Sans cesse je murmurais son nom
Une prière pour nous exorciser
Pierre contre pierre
épouse contre époux
nous nous sommes prêté force
un dimanche
la parole amoureuse est un dimanche
sans aucun souci de soi-même
Il met ses lunettes de soleil
Un hijab pour son âme
Pour stopper son cri de détresse
Le coq égosillé chancelle comme un pitre.
Par grands coups de clarté, le soleil cogne aux vitres
Et, dans un remuement de feuillage et d’oiseaux,
les chevals sont des animals doux et calmes
quand ils vont contents de se bien chevaucher
un petit cheval vient pour l’autre galopade
J’ai pris un coup de lune
à force de veiller la naissance de l’aube
Les criquets scient le calme
Je continue ma lente marche de poète
à travers les forêts de ta nuit
province d’ombre peuplée d’aphones
Je crois bien
sur la route, sur la mer
sur mes pieds
Avant que tout éclate en morceaux
j’aimerais écrire dans ta main
un tout petit poème
cuir rouge
peau verte
soupe aux pois jaunes du Québec
C’est un drôle d’enfant
C’est un oiseau
Il n’est plus là
Je t’écris pour te dire que je t’aime
que mon cœur qui voyage tous les jours
— le cœur parti dans la dernière neige
J’avais un grand arbre vert
Où nichait mon enfance ailée,
Un arbre grand troué de lumière
Le Nord m’interpelle.
Ce départ nous mène
vers d’autres directions
Au bout du quai
déjà
ce n’est plus la terre
le temps tombe
familles giboulées passereaux
nous ne partirons pas
cette banquise neurasthénique porte l’espoir
des morts qui ne sont pas nés
Vague est le pont qui passe à demain de naguère
Et du milieu de l’âge on est des deux côtés
Le mur ne fait pas l’ombre et n’est pas la lumière
Il existe pourtant des pommes et des oranges
Cézanne tenant d’une seule main
toute l’amplitude féconde de la terre
Il n’y a jamais de porte entre moi et l’ombre,
jamais de séparation entre tant de pas ;
je marche sans cesse
Voyage
dans la parole
Où trouver, moi,
rencontré le lilas rencontré la nana
salut lilas salut nana
mangé le lilas mangé la nana