CHOIX DU PUBLIC
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Quelqu'un finit toujours par me dire
T'es pas rendue trop grande
pour ça ?
Comme s'il y avait un âge limite pour
jouer
niaiser
ne rien faire
moi mon allure est plus régulière que je ne le suis.
Préférer écrire la topographie toute pittoresque du
troisième rang. Dire exactement, décrire la grange
flashbacks
à perpétuité
la mémoire est une corde
de bois d'allumage
la prison d'origine
l'armure d'écorce
je me pars une collection
de barreaux
sciés
I
Le peintre suit le pinceau abstrait de la neige
ses leçons de regard
la lente floraison
allons dehors
soyons droits
mettons fin à la parole
tu sombres
dans un lent rêve
au goût métallique
ton dos t’abandonne
tes vertèbres
une à une
s’envolent
à leur place
des biscuits chinois
c'est le new guy
il vient des vagues de blé
il n'a pas hésité
à traverser le pays
arriver au début
du chemin d'eau
pour que sa femme
rentre au port
les nervures de sa voix
pendent au bout du fil
le bûcheur n'a pas eu la job
qui sauverait
ses lauriers de pourvoyeur
il n'a pas su dresser
son tronc grêle
au-dessus de la mêlée
ma peau ne m'appartient -
je n'écrirai pas
dans son gras je vieillirai
d'un jour je respecterai
les consignes je
m'achèterai de la crème à mains pour pouvoir dire à ma
j'ai mangé tous mes légumes
toutes mes émotions
j'ai rangé ma chambre
brûlé les draps
oui
j'ai bien été sage cette année
j'ai maintenant droit d'aller au carnaval
Et c'est l'automne :
saison du cloaque et des ramassis,
débarrassé de ce projecteur nazi
qu'est le soleil des autres,
je me suis pourtant défendu de collaborer,
Seul, je regarde la troupe qui s'approche couteaux
entre les dents. Elle marche, dérisoire
comme le boeuf à la cape dans des rêves qui
s'essoufflent sur le sable aux sabots. On poignarde,
dernier fils de ma traduction
interminable maintenant tu pars
ta douleur tu la baignes tu la dresses
petit tu ne peux plus faire le mort
Du passé
né de
fait de
l'air
qui va rare qui souffle ça qui arrache ça
qui se gave d'hôpital.
Mes poumons étroits
ou est-ce un fantôme à chaque doigt
ou est-ce ma tête digne
Dans un dictionnaire, il est écrit que
«l'amour est un mouvement,
une affection, de la tendresse».
Je m'efforce de comprendre comment ça peut
disparaître
et je tourne en boucle dans ma tête
J'espère qu'il y aura tout le temps
une craque dans la porte
un petit jour
entre les lignes de notre histoire
Mais là j'avoue
j'aimerais troquer mon coeur
pour la simplicité d'un bon bol
Dans un monde parallèle vous ne m’avez pas trahie
Les moments ont continué de se traduire
Chaque page et ses correspondances
Dans ce monde il est resté des lits
De mon côté Les antipodes n’ont pas exercé leur force
Les limaces vivent en troupeau
Dans une traînée de vie
Le geste lâche et plat
Elles mangent le quotidien
D’un état de peu à peu
Sans début ni faim
Leurs cours sans jardins
Nos os puent l'humidité
des dizaines de petits vers blancs
circulent dans nos foies
des vers très vigoureux
qui n'hésiteraient pas à grimper
le long des jambes du promeneur
Cancer.
C'est le pire mot de tout le vocabulaire.
Un mot qu'on apprend sans le vouloir.
On se réveille un jour
mes parents cassent parfois des verres
ils sont tous les deux d'humeur fragile
moi je ne casse pas grand-chose
comme la vaisselle
qui prend les marques du temps
ma gorge se fissure parfois
Comme je déchire
Le dernier poème que j’ai écrit
À propos de toi
je sais
que je n’en écrirai plus
sur ce banal sujet
Je suis revenu des grands jardins
des chemins de sel
aux horizons transparents
Ici-bas j’ai hurlé
dressé le songe sous des carapaces d’or
Le cristal a gémi dans ma poitrine
Mais à qui servent ces écharpes de chimères?
en reculant les eaux laissent leurs poissons
dans les arbres frémissants
et le bleu de leur sang
dans nos yeux
Vaguelettes le huard, la chaufferette qui r’semble à un toaster
comme un début d’fin d’lac par une vitre trop épaisse
l’impression d’un temps qui passe comme un pédalo
quand j’veux ramer tu-seul pour ervoir les quenouilles
Les eaux de nuit parlent en rêvant, buveuses d’étoiles, luisantes d’oracles
L’eau nocturne entre par les portes
sans frapper ni les ouvrir
sans demander la permission
Je me souviens du futur, je me souviens du drame entier de
la boue, du désordre, de la boîte de nourriture sur le pas de
ma porte.
Je me souviens des arbres d'une autre vie, du manuscrit plein
Je t'écris du plexus solaire, exactement -
puis de la gorge, comme s'il était presque midi.
Ma tête d'aujourd'hui - grands pins noirs,
Personne n'écoute le match
Cage d'oiseau - La fille maigre
À quelques années de distance,
le coeur de la jeune fille
et les os du jeune homme.
Dieux exilés dans un parc d'effroi
Je suis souvent seul à l'avant
Dans le siège indésiré des indésirables
Ma solitude est confortable
Je scanne des paysages
Mon regard est une vigie
l'horizonest un alphabetque la main n'a pas encore touchéde sa solitudese condense un silencecapable de recoudre les voix nocturneségarées entre les languesle corpspage transparentes'illumine au contact
Tu verras l'effilochement le cassement
au clair de lune
un pont relie
les pays des voyageurs
je fais partie d'un cortège
long de plusieurs exils
lasse de ne pouvoir renaître
je prends le chemin à rebours
Ses hanches ondulaient au rythme des tambours. La déesse noire est morte avant qu'on puisse l'oublier. Pressées par la foule sur la grande avenue, ma grand-mère et moi attendons son cortège.
nous regardons la danseuse
la parole précise n’a pas de langue
Ouvre les tiroirs les plus secrets de ta mémoire
tu baignes dans la langue de ton enfance.
une voix douce et familière
chantonne cette berceuse sépharade
« En la casa hay una reja
ce n'était pas ma terre que je visitais
même pas celle de mon père.
et pourtant -
c'était la première fois que je voyais
un regard de reconnaissance chez les autres
Je me réveille un dimanche et ça sent la levure chaude, alors elle doit être en train de faire du pain.
Passe-partout
Tu te demandais
Nerveuse
Ce que j’allais faire à ma graduation
Pour cacher les cicatrices
Sans te rassurer toi-même
Avec l’existence
Des robes à manches longues
cette journée est beaucoup trop universelle pour moi
cette histoire me rend modeste
je ne peux pas sortir du lit dans ces conditions
je ne peux pas ouvrir les yeux dans ces conditions
J’ai voulu avaler le soleil, absorber les coups désirés, tenir la mer dans mon regard sans jamais faire le deuil des rives. C’est un appétit qui me dépasse – un amour si grand pour le vivant que le chagrin devient inconsolable.
sous la douche
tenir dans l’eau
tenir le vide
au cœur de quoi la détresse
la voix s’égrène
tout bas
remue quelque désordre lointain
ta détresse de quoi
Tu me tapotes sur la tête en me disant que je devrais être plus sage
Tu me dis que je devrais me taire et t’écouter
Comme de grands seigneurs vous avez choisi la haine.
Celle qui déferle sur les parias qui vous menacent :
les envieux, les mesquins croupissant n’importe où.
Le fleuve n’est pas la mer, pourtant je choisis le chemin du port. Au bout de ces pas, peut-être deviendrai-je aussi porteño que toi.
tu seras seule
d'un bout à l'autre
DEPUIS QUE JE SUIS de silence.
Je plonge dans les mots
J’apparais aujourd’hui dans mon nez puis dans ma langue, souffle retardé, souffle clair. Ma vie propre et nette, astiquée au possible. Mes chiens habillés pour l’hiver. Quand je parle de mon corps, j’arrête de ressentir.