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je repense à mon pantalon noir préféréoublié dans la cabine d’une piscine d’Islandefragment laissé derrière penduà son crochet – doublure froide veillantl’espace, tolérant les insectes nocturnes
eliza j'aime tes longs cheveux noirs
ton bracelet au poignet droit
celui que jamais tu n'enlèves
le cadeau de ta mère
qui vient de sa mère à elle
ce bracelet
des gouttes de pluie sur mes joues
j’ai levé mon visage vers le ciel
porteur de promesses
un petit oiseau vêtu de soleil
a défié les nuages
Le matin se lève
dessine un trait
sur la mer
Dans les herbes
un renard d'or
sous la lumière
Trésor
J'émiette mes traces
Tu t’appuies contre la porte devant moi,
Grand, non rasé, bras ballants,
Un sac de voyage trop ample à tes pieds.
Je fixe la planche à repasser, incapable
j’éteins les sources d’images, j’éteins les chutes, j’éteins les arbres, j’éteins les crayons sur la table, j’éteins l’eau dans l’évier et la lumière par la fenêtre / j’allume la chaleur autour des corps, j’allume les petits poumons invisibles…
la parole précise n’a pas de langue
ce n'était pas ma terre que je visitais
même pas celle de mon père.
et pourtant -
c'était la première fois que je voyais
un regard de reconnaissance chez les autres
Jubiler à l’idée de prendre l’avion pour la première fois
Aller visiter la famille du Texas
Au pays du meilleur basket sur terre
Et atterrir en pleine canicule insoutenable
C’est loin
Je l’entends souvent
T’en fais de la route
Ça te prend combien de temps
Je comprends
Quand tu pars de l’autre province
Quand tu pars de la capitale
le temps est terne
et je suis comme le temps
en continuum avec l’espace et je me fais
tatouer une hirondelle dans le front
pour chaque tour du monde que je fais
sur notre beau vieux divan brun
il faut le dire ta dernière lettre elle se pesait en
TONNES
Elle écrasait tout dans son grand rectangle noir imprimé :
Je me nommerai Mississippi
Assiniboine
Azueï
Oaxaca
j’aurai un nom de reine
ma fleur d’origine
Je suis
j’existe
la chemise que tu as laissée
sous une autre lumière
s’approche très près de la menace
on la dirait légère
une si légère menace
autour de l’été
d’un côté comme de l’autre
On a quitté la région
soulevé la soute repéré des layons
séparé les plus vieux des plus fins
loin on a pris à droite et plus rien
ouvert la forêt ajouté des essences
Jean-Talon tentaculaire
mille détours pour se rendre d’une ligne à
l’autre de l’orange à la bleue
je n’ai pas souvent affaire sur la bleue une chance
Christine y habite maintenant ne pas oublier
et puis t’aimes pas les mots tu les connais pas souvent tu
sais pas ce qu’ils veulent dire y’a tout un genre de mots
que tu veux pas entendre ou dire les mots à trois syllabes
Ils sont gorgés d’eau, tous et chacun,
comme des salades, et plutôt
ravagés,
marqués par le cours des choses,
sales.
Dieu sait que je les aurai voulus autres —
m : salut
l : salut
m : c’est ta bête
l : je sais
m : ça va?
l : ça va
l : toi?
m : ça va
Il y a des jours où je revois Sudbury
dans l’asphalte craqué des rues de Saint-Boniface.
La mémoire s’écoule comme la noirceur de la ville où j’ai grandi
Avant que le vent ne défeuille la vallée
je remonte tous les jours dans mon arbre
car l'odyssée tire à sa fin
à bord de mon vaisseau rouge
du haut de mon vieux pin
j'ai repéré la Croix du Sud
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
là dans la torpeur de la cour nous aurions arrosé le riz de senteurs de haricots ou de champignons noirs de membres de gallinacées et d’effluves de citronnelle
Ça crie de tous les côtés
rickshaw roupie didi hello
dans une rue sans adresse
Prête-moi ton grand bruit, ta grande allure si douce,
Ton glissement nocturne à travers l’Europe illuminée,
Ô train de luxe ! et l’angoissante musique
du voyage dont je reviens je ne ramène ni souvenirs ni photographies
juste une évidence
j’ai revécu la création de l’univers et l’évolution de toutes les espèces
Petite halte dans la nuit
Où le sommeil s’en va sans bruit
De mes paupières relevées.
Je pressens cette terre sans arbres
et pure de ne dresser aucun obstacle,
et les visages eux-mêmes vidés de tout destin,
Toi mon aube déliée des brumes
Ramper avec le serpent
se glisser parmi les lignes
rugir avec la panthère
Le bateau sentait le thé
Quand nous traversions la mer,
À deux, à trois, pour aller
La mer quand elle a fait son lit sous la lune et les étoiles
et qu’elle veut sombrer tout à fait dans le sommeil ou dans
l’extase
Voyage
dans la parole
Où trouver, moi,
J’ai donc parcouru le chemin du monde
qui, de l’argile à l’or, va
d’une mer à l’autre, relie l’entière Terre.
Debout ! le soleil caresse nos draps.
Que ne suis-je né près de Mytilène !
Allons respirer l’odeur des cédrats
Comme un qui s’est perdu dans la forêt profonde
Loin de chemin, d’orée et d’adresse, et de gens :
Comme un qui en la mer grosse d’horribles …
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos, de Moguer, routiers et capitaines
Je suis un pâle enfant du vieux Paris, et j’ai
Le regret des rêveurs qui n’ont pas voyagé.
Au pays bleu mon âme en vain se réfugie,
Ah ! la belle pleine Lune,
Grosse comme une fortune !
La retraite sonne au loin,
Tra la, tra la, la la, la laire !
Qui ne connaît pas ce motif ?
À nos mamans il a su plaire,